La législation sur le travail temporaire commence déjà à être pointée du doigt. Les plus concernés par les textes juridiques parmi les acteurs du marché de lintérim estiment que le statut du collaborateur intérimaire a été sérieusement altéré par le nouveau code du travail. Lactuelle loi applicable au travail temporaire avait un souci primordial : éviter les abus des entreprises qui gardent un collaborateur intérimaire jusquà 5, voire 10 ans avec un statut temporaire. La restriction de la durée, qui est de 6 mois maintenant, visait par conséquent à amener les employeurs à recruter de façon «définitive» un intérimaire qui aurait rempli convenablement ses missions à lissue des 6 mois. Pourtant, même si la nouvelle loi donne limpression que des entreprises adoptant le système du travail temporaire vont être plus transparentes, le nouveau cadre légal a oublié dinstaurer les outils de contrôle idoines. Car, certaines entreprises ne se donnent même pas la peine de déclarer un intérimaire à un organisme dallocations sociales. Il se trouve, donc, que lactuelle législation a fini par produire un effet contraire. La majeure partie des employeurs prétend quelle est plus hésitante à faire appel à lintérim à cause de la durée très restrictive. Il existerait aussi une certaine crainte des nouvelles procédures. Il faut avouer que 10 mois après son entrée en vigueur, lapplication et lassimilation des nouvelles règles se trouvent encore en phase préliminaire. Une durée limitative Les acteurs sociaux attendent justement de voir comment les tribunaux vont réagir devant les nouvelles données juridiques et pouvoir «calibrer» leur comportement par la suite. De lavis des agences demploi privées, 6 mois serait une durée très limitative et pour les collaborateurs et pour les employeurs. Cest pourquoi leurs propositions se situent à ce niveau dans lamendement des articles qui régissent la matière. Elles concernent essentiellement la durée du travail, le travail de nuit, le repos hebdomadaire et les jours féries, lhygiène et la sécurité, ainsi que le travail des femmes, des enfants et des jeunes. Lentreprise utilisatrice dintérimaires doit aussi fournir tous les équipements de protection individuelle aptes à préserver la sécurité et la santé des salariés dans laccomplissement des tâches que ces derniers exécutent. Hormis ce cas dhygiène et de sécurité du travail temporaire, les amendements proposés par les bureaux privés du travail intègrent lobligation de fournir au collaborateur intérimaire les certificats de travail ou de salaire nécessaires pour ses démarches administratives. Ce volet comprend aussi tous les documents relatifs au contrat de mission, fiche de paie, salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), affiliation et déclaration nominative à la CNSS, couverture des accidents du travail et celle de responsabilité civile, règlement des congés payés légaux et jours fériés, sans oublier une visite médicale pour toute mission dune durée supérieure à 6 mois. La carence de la nouvelle législation a aussi touché la protection sociale du collaborateur intérimaire. Des propositions ont été faites pour une éventuelle création dun fonds de confort social (FCS) qui permettra au collaborateur intérimaire de capitaliser à chaque mission quil effectuera, à hauteur de 1% pour lui et 2% pris en charge par lentreprise utilisatrice. La discussion autour de lactuelle législation pourrait se réduire à un faux débat dans la mesure où son caractère obligatoire reste à démontrer. Ceci est dautant vrai que les demandes dune réforme juridique dun code à peine promulgué, auquel manquent les 19 décrets dapplications promis, risquent de se perpétuer.