Mais à défaut de prendre l'avion, ils pourront toujours se taper la route. Ce sera quatre jours en voiture avec, en prime, la découverte du Maroc profond. Et ils ne risquent pas de s'ennuyer. C'est un moyen de locomotion largement emprunté aujourd'hui par les Subsahariens pour faire Casa-Dakar... ou l'inverse. D'ailleurs, cette route a profondément changé le visage de l'immigration au Maroc. Mais ça, c'est un autre débat. A l'aéroport, l'investisseur marocain aura donc son premier contact avec la population locale. Et se fera une opinion sur la légendaire «teranga sénégalaise». En d'autres termes, l'hospitalité sénégalaise, qu'il pourra aisément comparer à celle marocaine tant louée. C'est une caractéristique qui semble être commune aux deux peuples. Mais cette notion d'hospitalité, il faut quand même la manipuler avec beaucoup de précaution. Un investisseur désabusé aura bien du mal à dire que les Sénégalais ou les Marocains sont hospitaliers. Je me rappelle, à ce titre, qu'au lendemain de l'élection de l'ex-président sénégalais Abdoulaye Wade et de sa visite officielle au Maroc, les opérateurs marocains ont débarqué en force au Sénégal. Bénéficiant prioritairement de plusieurs marchés, dans beaucoup de secteurs. Au point que, oubliant la particularité des relations entre les deux pays, certaines voix ont commencé à s'élever pour dénoncer toutes les «faveurs» dont bénéficiaient ces opérateurs, alimentant un sentiment de xénophobie. Aujourd'hui, on observe le même phénomène au Maroc, mais sous une autre couture. Comme je le disais plus haut, la route Dakar-Casa a favorisé une autre forme d'immigration : le Maroc n'est plus une terre de transit vers le soi-disant Eldorado européen; c'est devenu un pays d'accueil pour de nombreux Subsahariens qui s'établissent dans le Royaume dans l'espoir d'une vie meilleure. Et comme le disait si bien Jean-Jacques Rousseau, «c'est l'affluence des hôtes qui détruit l'hospitalité». Fatalement, l'arrivée massive de Subsahariens a créé ce même sentiment de xénophobie au sein d'une frange de la population marocaine. Le terme hospitalité est donc, à bien des égards, sujet à caution. Au sortir de l'aéroport, rien à dire : toutes les «commodités» sont à portée. Tout en se faisant courtiser par les chauffeurs de taxis, il se verra proposer par des marchands ambulants des recharges téléphoniques, le change (il lui faudra bien du Franc CFA), des cigarettes... Mais avant de s'engouffrer dans le jaune-noir (couleur du taxi), il devra discuter le prix de la course. Mieux vaut être bon négociateur car, de l'autre côté, ils sont beaux parleurs. Il devra d'ailleurs s'habituer à marchander : les compteurs ont disparu des taxis depuis belle lurette et, au Sénégal, comme d'ailleurs au Maroc, tout se négocie. Il mettra un quart d'heure à joindre le centre ville, la circulation étant dégagée puisque les vols de la RAM à destination du Sénégal sont de nuit. Il faut dire aussi que l'aéroport n'est pas excentré comme l'est celui de Casablanca : dans des quartiers comme Mermoz, Ouakam, Yoff... regarder l'atterrissage des avions est un spectacle pour les enfants. Par David william