La société vient d'annoncer une émission obligataire de 2 Mds de dirhams, quatre ans, pratiquement jour pour jour, après celle de 2010 et qui avait porté sur un montant similaire. Ainsi, Addoha vient de trouver le moyen d'éviter le remboursement en un seul jet de 2 Mds de dirhams en août 2015. La société ne s'en cache pas d'ailleurs : cette dette servira surtout à soulager la trésorerie. Il convient de rappeler que le groupe Addoha avait déjà sollicité le marché obligataire pour un montant de 2 Mds de dirhams en juillet 2010. Cette dette remboursable in fine en août 2015 avait comme objectif de financer les principales activités du promoteur à l'époque : les segments de l'habitat social, du logement intermédiaire et du logement haut standing. Cette opération a été complétée en septembre 2013 par une émission de billets de trésorerie. D'un montant de 1 Md de dirhams, ces billets allaient à leur tour permettre le financement du coeur de métier du promoteur. Vers un rééchelonnement de la dette ? Depuis ces opérations, l'activité du promoteur s'est bien élargie, avec notamment le lancement de nouveaux projets en Afrique. L'annonce d'une levée de dette de 2 Mds de dirhams incite à penser que cela va de pair avec les nouvelles ambitions du groupe, mais la note d'information dit bien autre chose. «A travers l'emprunt obligataire dont l'émission est envisagée, la société Douja Promotion Groupe Addoha vise à opérer un reprofilage de l'encours de sa dette privée, à travers l'émission de nouvelles obligations réservées aux porteurs des obligations existantes et aux porteurs des billets de trésorerie existants susvisés, ainsi qu'à de nouveaux investisseurs qualifiés de droit marocain». Ce reprofilage signifie sans doute un rééchelonnement de la dette. Paradoxalement, jamais le business du groupe Addoha n'a été aussi énergivore, avec des chantiers sur tous les fronts. D'un côté, sur ses métiers historiques, en cherchant constamment à mettre en oeuvre les moyens nécessaires à la signature avec l'Etat de nouvelles conventions permettant une production additionnelle, rappelons-le, de 150.000 logements économiques à 250.000 DH, sur la période 2011-2015, conformément au plan stratégique du groupe. Ensuite, en accélérant la production sur le segment haut de gamme pour éviter toute perte de parts de marchés sur cette partie du marché génératrice de marges. Avec, en dernier point, la poursuite de la politique de diversification régionale entamée depuis quelques années à travers le développement de projets au niveau de nouvelles villes marocaines présentant un potentiel commercial et démographique attractif. A côté de ces chantiers historiques, l'activité en Afrique, également consommatrice en fonds propres et en trésorerie, commence à gagner du terrain. D'abord en Afrique francophone (Côte d'Ivoire, Guinée, Cameroun et Gabon) totalisant 23.740 logements. Ensuite dans d'autres marchés de la région que sont le Mali, le Ghana, et le Niger. Addoha rééchelonne sa dette au moment où ses perspectives de croissance s'améliorent. Sans doute que le management a dû faire des arbitrages difficiles pour répondre à ce paradoxe. Quoi qu'il en soit, le groupe s'engage, pour l'année en cours, à réaliser 9,9 Mds de dirhams de chiffre d'affaires et un résultat net part de groupe de 1,9 Md de dirhams. Les compromis de vente n'ayant pas encore donné lieu à des contrats définitifs correspondent à un chiffre d'affaires sécurisé de 14,8 Mds de dirhams à fin mars 2014 et portent sur 25.200 logements. Il est à signaler que les compromis de vente relatifs aux projets portés par Prestigia correspondent à eux seuls à 7,8 milliards de dirhams et concernent 3.208 unités, soit 52,7% du total chiffre d'affaires sécurisé. Détail de l'opération Cet emprunt obligataire a été décidé lors de la dernière assemblée générale du groupe, le 14 juillet dernier. Il porte sur un montant de 2 Mds de dirhams et sera émis en 4 tranches toutes remboursables de manière constante sur une durée de 8 ans. Trois grandes catégories d'investisseurs sont éligibles à cet emprunt. Il s'agit des détenteurs d'obligations anciennes désireux de les échanger contre ces nouvelles obligations. Ces derniers sont prioritaires et sont suivis par les détenteurs de billets de trésorerie émis en 2013, et enfin par les autres investisseurs qualifiés.