Le Groupe Crédit Agricole du Maroc capitalise sur son expertise et ses outils en les mettant à la disposition de partenaires bancaires africains locaux afin qu'ils puissent soutenir et agréger des projets de petite taille pour les rendre matures. Eclairage de Tariq Sijlmassi, président du Directoire du Groupe Crédit Agricole du Maroc. Finances News Hebdo : Le Groupe Crédit Agricole du Maroc (GCAM) a signé dernièrement une convention avec Mirova; en quoi consiste cet accord ? Tariq Sijilmassi : Nous avons conclu un accord avec Mirova, filiale du Groupe Natixis, dédié à l'investissement responsable pour le financement des petits agriculteurs en Afrique subsahélienne. Mirova qui est partenaire de la Convention des Nations unies pour la lutte contre la désertification (CNULCD) a été chargée de structurer et gérer un fonds public-privé (Fonds LDN) destiné à soutenir et financer des projets de restauration et de gestion durable des terres permettant de contribuer à l'atteinte de la neutralité en termes de dégradation des terres à horizon 2030. Ce fonds est d'un montant cible de 300 millions de dollars. Le Groupe Crédit Agricole du Maroc est chargé, en vertu de cet accord de la distribution de ces montants soit directement au Maroc, soit à travers des partenaires locaux dans les pays subsahariens concernés. Mirova s'appuie donc sur l'expertise avérée du Groupe Crédit Agricole du Maroc en matière de financement du monde agricole et rural afin de faciliter l'accès au financement pour les projets qui contribuent à une meilleure adaptation de l'agriculture africaine aux changements climatiques et à la lutte contre la dégradation des terres. Le Groupe Crédit Agricole du Maroc capitalise ainsi sur son expertise et ses outils en les mettant à la disposition de partenaires bancaires africains locaux afin qu'ils puissent soutenir et agréger des projets de petite taille pour les rendre matures. Ce partenariat s'inscrit dans les orientations et objectifs de l'initiative Adaptation de l'agriculture africaine (Initiative AAA) lancée par le Maroc lors de la COP22 et qui vise à réduire la vulnérabilité de l'Afrique et de son agriculture aux changements climatiques. F.N.H. : Quel genre de conseils le groupe marocain peut-il fournir aux agriculteurs subsahariens ? T. S. : Le Groupe Crédit Agricole du Maroc a développé un modèle unique au monde et une expertise sans pareille dans le domaine de l'agriculture et du traitement des problématiques de durabilité liées au secteur. Grâce à une expérience cumulée pendant 50 ans, nous sommes à même de participer au développement de l'agriculture subsaharienne en accompagnant les institutions financières et bancaires locales qui œuvrent dans ce sens. Vous savez, les caractéristiques de l'agriculture subsaharienne sont quasi-identiques aux caractéristiques du secteur au Maroc pour lequel le Plan Maroc Vert a apporté des réponses efficaces en termes de financement et d'accompagnement technique. Dans le cadre de notre accompagnement du Plan Maroc Vert, nous avons construit un modèle, aujourd'hui reconnu à l'échelle internationale, qui permet de cibler de manière différenciée tous les types d'exploitants agricoles. Notre modèle est construit autour de 3 structures principales : La banque classique pour les agriculteurs bancables qui satisfont aux critères d'éligibilité bancaire ; Tamwil el Fellah, pour les agriculteurs ne remplissant pas les conditions nécessaires pour accéder au financement classique. Pour ceux-là, Tamwil el Fellah est venu apporter une nouvelle approche de mésocrédit qui a facilité, à travers des offres adaptées, l'inclusion financière de ces petits et moyens producteurs La Fondation Aardi pour le microcrédit dédiée aux petites exploitations dont l'essentiel des revenus est tiré des activités génératrices de revenus. Ces structures déclinent des offres produits adaptées, respectueuses des contraintes de chaque catégorie mais aussi des impératifs environnementaux et de durabilité. A côté de cela, nous apportons un appui technique aux agriculteurs et un soutien non financier à travers l'éducation financière, le renforcement sur les plans techniques et de gestion, l'adaptation au changement climatique, etc. Le Groupe Crédit Agricole du Maroc a toujours joué un rôle majeur dans la croissance économique en milieu rural et l'amélioration des conditions de vie des agriculteurs par la promotion d'activités génératrices de revenus adaptées aux caractéristiques écologiques et pédoclimatiques locales. C'est cette expertise que nous mettons à la disposition des partenaires africains et donc, in fine, au profit des agriculteurs subsahariens. Nous les conseillons quant au développement d'une ingénierie financière performante et à la conception et à la commercialisation de produits et services financiers adaptés. Nous échangeons nos best practices concernant les fonctions supports, en particulier l'analyse du risque agricole et sa gestion.... F.N.H. : Le GCAM est-il disposé à développer ce genre de partenariat dans d'autres contrées du monde ou pour d'autres activités agricoles ? T. S. : Notre modèle a été audité et identifié comme modèle innovant de financement de l'agriculture méritant d'être largement diffusé et partagé avec d'autres institutions de financement. C'est la conclusion d'institutions internationales de renom, telles que la FAO, la Banque mondiale et l'AFD qui le citent en exemple. Il est aujourd'hui parfaitement exportable et nous sommes ouverts à toute demande allant dans ce sens et prêts à le diffuser. D'ores et déjà, nous créons maintenant un réseau de banques partenaires africaines, toutes sensibles à cette thématique du développement agricole durable, réseau dont le Groupe Crédit Agricole du Maroc sera leader et qui se donne pour mission de décliner les orientations de l'initiative Adaptation de l'agriculture en Afrique, notamment dans son volet financier, et d'œuvrer de concert pour le développement et la promotion d'une agriculture africaine durable.