L'ancien président brésilien Jair Bolsonaro a été contraint vendredi de porter un bracelet électronique dans le cadre du procès sur une tentative présumée de coup d'Etat, qualifiant cette décision de « suprême humiliation » et fustigeant une nouvelle fois une « persécution politique ». Sur ordre de l'influent et controversé juge Alexandre de Moraes de la Cour suprême, la police fédérale a procédé dans la matinée à deux perquisitions à son domicile à Brasilia et dans des propriétés liées à son parti, le Parti libéral (PL). Conduit à la direction pénitentiaire du district fédéral, Jair Bolsonaro s'est vu imposer plusieurs mesures restrictives : port d'un bracelet électronique, interdiction de quitter la capitale, de communiquer avec d'autres prévenus ou diplomates, obligation de rester à son domicile entre 19h et 6h, et interdiction d'utiliser les réseaux sociaux. Dans une décision rendue publique, Alexandre de Moraes a estimé que M. Bolsonaro et son fils Eduardo ont fait une « confession flagrante » d'actes criminels visant à entraver la justice brésilienne, justifiant ainsi l'imposition de mesures conservatoires à l'encontre de Bolsonaro. Lire aussi : Brésil : accusé de tentative de coup d'Etat, Bolsonaro se dit prêt à « affronter le jugement » Déjà privé de passeport depuis février 2024, l'ancien chef de l'Etat (2019-2022) a dénoncé une mesure « infondée ». « C'est une humiliation. Il n'y a rien de concret contre moi. Ils me harcèlent en permanence », a-t-il déclaré à la presse. Interrogé sur un projet de décret qui aurait servi de base à un coup d'Etat, il a rétorqué : « Vous avez vu ce projet ? Nous l'avons demandé, il n'existe pas. Je n'ai pas le droit de penser ? Vous voulez criminaliser mes pensées ? » Dans un communiqué, sa défense a dit avoir reçu « avec surprise et indignation » l'imposition de mesures conservatoires jugées excessives, tout en soulignant que Jair Bolsonaro avait toujours respecté les décisions de justice. Son parti a également dénoncé une « opération disproportionnée ». Le parquet brésilien a requis cette semaine la condamnation de l'ancien président et de sept de ses proches, les accusant d'avoir ourdi un complot pour renverser l'ordre démocratique après sa défaite face à Luiz Inacio Lula da Silva en 2022. En cas de condamnation, Jair Bolsonaro risque jusqu'à 40 ans de prison pour appartenance à une organisation criminelle armée, tentative d'abolition violente de l'Etat de droit, tentative de coup d'Etat, dégradation de biens publics et détérioration de patrimoine classé. Déclaré inéligible jusqu'en 2030 pour avoir attaque sans preuves le système électoral, il affirme que l'ensemble de ces procédures vise à l'écarter durablement de la vie politique. « Ils veulent me sortir du jeu car je reste en tête des sondages », a-t-il affirmé.