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Data Centers au Maroc : comment ça marche ?
Publié dans Les ECO le 18 - 07 - 2025

À la tête de Maroc Data Center depuis 2023, Abderrahmane Mounir, vétéran des télécoms passé par Cisco, Orange Maroc et Batelco Bahrain, déploie une stratégie ambitieuse : celle de faire du data center marocain une infrastructure critique pour soutenir l'essor du cloud, de la cybersécurité et de l'intelligence artificielle. Entre défis du marché, impératifs de souveraineté et opportunités continentales, décryptage d'un secteur en pleine mue.
Les data centers, c'est sa grande passion. Né à Salé et formé à Rabat où il fait ses classes préparatoires au lycée Moulay Youssef avant d'intégrer l'Institut national des postes et télécommunications en 1993, Abderrahmane Mounir débute sa carrière dans la Silicon Valley, chez Cisco, au cœur de l'Internet naissant.
Après une décennie dans la tech californienne, il décide de revenir au Maroc en 2006 pour ouvrir et diriger les bureaux de Cisco à Casablanca. Il poursuit ensuite sa trajectoire chez Meditel (aujourd'hui Orange Maroc) où il prend en charge le marché entreprise et international.
Sa carrière prend par la suite un tournant régional lorsqu'il rejoint Batelco, l'opérateur historique de Bahreïn, où il supervise la construction de plusieurs data centers et accompagne l'arrivée d'un acteur majeur du cloud, AWS (Amazon Web Services). Cette expérience conforte sa conviction : pour les marchés émergents, le data center est une infrastructure stratégique.
Un besoin global, une réponse locale
Créé en 2016-2017 par des pionniers marocains de l'IT, Maroc Data Center part d'un constat simple. Les entreprises et les administrations ne veulent plus acquérir de l'infrastructure IT, mais consommer de la puissance informatique, du stockage, de la cybersécurité et de la connectivité comme un service, dans un environnement sécurisé et hautement disponible.
Installé dans la zone industrielle de Témara, le site est conçu comme une véritable forteresse numérique. Tout est pensé pour garantir la sécurité physique et logique : contrôles d'accès rigoureux par tourniquets, surveillance humaine et vidéo, détection et extinction automatique d'incendies, redondance électrique pour assurer la continuité, même en cas de coupure totale du réseau électrique. À cela s'ajoutent les certifications de l'Uptime Institute, qui garantissent un taux de disponibilité très élevé. Un data center certifié «Tier 3» n'enregistre en théorie pas plus de 1,6 heue de panne par an soit un taux de disponibilité de 99,982%, tandis qu'un «Tier 4» peut descendre à seulement 26 minutes.
Sur son site de Témara, Maroc Data Center dispose déjà d'une salle blanche de 300 m2 et d'une centaine de baies, fournissant une infrastructure cloud de type «IaaS» (Infrastructure as a Service) et «PaaS» (Plateforme as a Service) qui comprend puissance de calcul, stockage, réseau télécom et cybersécurité et d'autres services.
Un marché marocain à fort potentiel mais...
Le marché national des data centers en est encore à ses débuts. À ce jour, on recense entre sept et huit opérateurs, qu'il s'agisse de structures privées, d'opérateurs télécoms ou de projets publics. Pour Mounir, la question n'est pas tant de rivaliser avec la concurrence que de faire émerger un marché encore embryonnaire. Pour lui, «le principal challenge n'est pas la concurrence, mais la création de la demande».
Aujourd'hui, la capacité installée au Maroc ne dépasserait pas les 20 MW, un chiffre dérisoire en comparaison avec les 300 MW de l'Afrique hors Afrique du Sud, les 500 MW de l'ensemble du continent et les 1.400 MW pour la seule ville de Paris. Ce contraste montre à quel point le Maroc accuse un retard structurel, mais aussi combien le potentiel de croissance reste immense.
Pour se renforcer, Maroc Data Center mise sur une politique de partenariats ciblés. L'entreprise a signé un accord avec un acteur de la cybersécurité pour héberger des plateformes critiques. Elle accueille dans son site de Témara, depuis 2024, le leader européen OVH Cloud, qui y a installé ses infrastructures pour adresser le marché marocain.
Cette logique de mutualisation, avec des plateformes partagées, permet à Maroc Data Center d'attirer progressivement des géants du cloud comme Amazon, Google, Oracle, Microsoft, Alibaba et Tencent, tout en garantissant l'hébergement local et la souveraineté des données. Pour Mounir, chaque nouvel acteur qui s'installe contribue à crédibiliser le marché et à élargir l'offre (voir encadré).
Dans une activité où la confiance est clé, Maroc Data Center mise sur un atout différenciant : la proximité. Avec un effectif 100% marocain, l'équipe compte 35 ingénieurs capables de gérer des migrations de données complexes et d'assurer la continuité de service. Son implantation dans la région de Rabat, à proximité immédiate des institutions publiques, rassure notamment les administrations qui préfèrent éviter de délocaliser l'hébergement de leurs données sensibles. À cela s'ajoute un rôle de conseil. Au-delà du simple hébergement, Maroc Data Center accompagne ses clients sur la cybersécurité, l'architecture réseau ou encore les bonnes pratiques de maintenance et exploitation.
Grands événements : catalyseur de croissance
La perspective de la Coupe du monde 2030 pourrait accélérer la transformation numérique du pays. À titre d'exemple, une telle compétition implique la généralisation des paiements digitaux, le développement de solutions fintech et une utilisation massive de plateformes cloud pour gérer les flux de données.
Ces besoins obligent les acteurs à anticiper les pics de consommation. Maroc Data Center se dit prêt à suivre le rythme, avec une capacité d'extension modulable en six à douze mois. Des terrains sont déjà réservés à Témara et Casablanca, et des études ont été menées en amont avec l'ONEE et les opérateurs télécoms pour garantir une expansion fluide. Le groupe derrière Maroc Data Center détient déjà un site stratégique au Kenya, qui profite de sa position de hub pour l'Afrique de l'Est grâce à ses câbles sous-marins. Mais pour Mounir, la priorité reste de consolider le socle local.
Selon lui, «on ne peut pas être un acteur régional crédible si l'on n'est pas d'abord solide chez soi». La stratégie est claire : bâtir une base robuste au Maroc, puis s'ouvrir progressivement vers l'Afrique de l'Ouest et du Centre, des marchés à forte demande et en quête d'infrastructures modernes.
L'avenir est à l'intelligence artificielle
L'intelligence artificielle (IA) est au cœur des préoccupations. Pour Mounir, trois facteurs alimentent sa croissance. Il s'agit de la masse exponentielle de données générées, des progrès fulgurants des réseaux de neurones (deep learning) et de la puissance de calcul des GPU.
Or, le Maroc accuse un sérieux retard : le pays dispose de très peu de GPU pour entraîner des modèles d'IA, une pénurie qui pousse entreprises et chercheurs à se tourner vers des clouds étrangers. Mais l'export de données sensibles reste un sujet sensible, d'où l'urgence, selon Mounir, de développer une «GPU factory» locale pour offrir aux entreprises et aux administrations la puissance de calcul dont elles ont besoin sans sacrifier leur souveraineté.
Pour le patron de Maroc Data Center, l'ambition va bien au-delà de l'hébergement. Il s'agit de faire du numérique un moteur de croissance comparable à celui de l'externalisation de la relation client, qui a hissé le Maroc parmi les leaders du BPO.
Cette fois, le but est de bâtir un modèle de «cloud factory» et de «software factory» en formant des talents, en encourageant le développement de solutions logicielles exportables et en créant un écosystème qui attire et retient les jeunes ingénieurs. L'objectif est clair : faire du cloud et du software une composante à part entière du PIB marocain. En attendant, à Témara, Mounir et son équipe avancent avec méthode et pragmatisme en évitant les investissements spéculatifs, en dimensionnant l'offre en fonction de la demande réelle et en maintenant une capacité d'adaptation rapide. Un catalyseur discret mais essentiel de la transformation numérique du pays.
L'importance stratégique des partenariats
Dans le secteur des data centers au Maroc, les partenariats occupent une place stratégique. Abderrahmane Mounir souligne que la réussite dans ce domaine ne dépend pas uniquement de la qualité des infrastructures physiques, aussi sécurisées et sophistiquées soient-elles, mais surtout de la richesse de l'écosystème technologique et des collaborations établies.
La gestion d'un data center implique plusieurs dimensions complexes : la sécurité physique, la continuité de l'alimentation électrique, la maintenance opérationnelle, la connectivité réseau et la fourniture des services informatiques. Il est donc impossible pour un seul opérateur de maîtriser parfaitement l'ensemble de ces aspects sans s'appuyer sur un réseau de partenaires spécialisés.
Maroc Data Center, par exemple, travaille en étroite collaboration avec divers acteurs du marché.
Parmi eux, on compte des fournisseurs de services cloud tels qu'OVH Cloud, qui a choisi de s'installer dans les locaux de Maroc Data Center afin d'offrir ses services directement au marché marocain. Cette alliance permet à Maroc Data Center de fournir l'infrastructure physique nécessaire tandis qu'OVH apporte son expertise et ses solutions cloud, enrichissant ainsi l'offre globale.
Par ailleurs, des partenariats avec des entreprises spécialisées dans la cybersécurité permettent d'héberger localement des plateformes de sécurité nécessitant une haute disponibilité et une fiabilité absolue, ce qui est primordial pour répondre aux attentes des clients. L'arrivée d'acteurs internationaux majeurs, en partenariat avec des opérateurs locaux, contribue à renforcer l'attractivité du Maroc sur la scène digitale régionale et internationale.
Ce modèle gagnant-gagnant stimule l'investissement, crée des emplois qualifiés et permet de diversifier l'offre numérique à destination des entreprises, des administrations et des startups. Ces partenariats soutiennent une vision plus large qui inclut une extension progressive de l'activité au niveau continental, en s'appuyant sur les réseaux et infrastructures existants en Afrique.
Hicham Bennani, Mariem Ouazzani et Sanae Raqui / Les Inspirations ECO


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