Les ressortissants marocains constituent le premier groupe de victimes étrangères des faits de haine recensés en Espagne en 2024, avec 8,8 % des cas, selon les données publiées dans le Rapport sur l'évolution des délits et incidents de haine en Espagne 2024, émanant du ministère espagnol de l'intérieur. Sur un total de 1 955 infractions et incidents motivés par la haine enregistrés par les forces de sécurité — en baisse de 13,8 % par rapport à 2023 —, les victimes de nationalité marocaine devancent celles originaires de Colombie (5,3 %) et d'autres pays latino-américains. Au sein de l'ensemble des personnes ciblées, les Espagnols demeurent majoritaires (60,1 %). Par catégories, les actes motivés par le racisme et la xénophobie restent les plus fréquents, totalisant 804 cas malgré un repli de 6 % en un an. Les violences liées à l'orientation sexuelle ou à l'identité de genre occupent la deuxième place (528 cas), suivies des atteintes fondées sur le sexe ou le genre (181 cas). Conformément aux recommandations de la FRA (Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne), les autorités espagnoles ont, pour la première fois, isolé la catégorie spécifique des actes islamophobes, au nombre de 13 en 2024. Certains phénomènes, bien que numériquement plus restreints, connaissent une progression alarmante : les actes antisémites ont crû de 60,9 %, et ceux dirigés contre les personnes précaires (aporophobie) de 33,3 %. À l'inverse, les infractions fondées sur l'idéologie ou sur l'antitsiganisme ont connu une nette diminution, respectivement de 58,2 % et 51,3 %. Du point de vue de la qualification pénale, les atteintes corporelles (385 cas) et les menaces (358) sont les plus nombreuses, suivies par les incitations à la discrimination (217), les traitements dégradants (107) et les injures (106). Rapportée à la population, la Communauté forale de Navarre présente le taux le plus élevé (14 incidents pour 100 000 habitants), devant le Pays basque (10,8). Les forces de sécurité — la police nationale, la garde civile et la force de police autonome de la Catalogne — ont élucidé 71,9 % des faits recensés, contre 67,9 % en 2023. Elles ont procédé à l'arrestation ou à l'enquête de 905 individus, dont 81,9 % sont de sexe masculin. Les personnes âgées de 26 à 40 ans représentent 28,1 % des mis en cause. Chez les victimes, le même groupe d'âge prédomine (34,7 %), suivi des 18-25 ans. Les mineurs de moins de 18 ans constituent 12,8 % des personnes visées, et les hommes représentent près de 60 % du total.