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Entretien avec Mehdi Lahlou, économiste : «Les statistiques publiées par le HCP sont politiques»
Publié dans Finances news le 15 - 11 - 2007

* Les données communiquées par le HCP sont purement statistiques et sont fondées sur des définitions qui méritent d’être revues aujourd’hui.
* La corrélation entre la croissance et l’emploi n’existe pas.
* Dans le contexte actuel, la PME, principale composante du tissu économique écartée des marchés internationaux, n’arrive pas à créer de l’emploi.
Finances News Hebdo : Le HCP vient d’annoncer que le taux de chômage entre les troisièmes trimestres 2006 et 2007 a baissé de 10,1% à 9,9%. Quel regard portez-vous sur ce taux ?
Mehdi Lahlou : Mon regard sur ces chiffres est que pratiquement depuis deux à trois années, le HCP annonce que la statistique du chômage s’est améliorée d’une façon globale. A noter qu’à un moment donné, surtout à fin 2005 et début de 2006, on a parlé d’un recul d’à peu près 7,5% et qui est de nouveau remonté à plus de 7%. Et puis encore une hausse de 9,5%, ensuite d’une petite baisse à 9,9%. Le problème est que sans entrer dans le détail des statistiques, il y a une amélioration globale dans certains secteurs et notamment les secteurs du bâtiment et travaux publics et du tourisme. C’est clair que dans ces deux secteurs, on sent qu’il y a une dynamique nouvelle et une évolution politique. Donc, ce sont deux secteurs qui ont pu créer de l ‘emploi. Mais de manière générale, l’agriculture reste à la marge de toute cette évolution. Donc, hormis ces deux secteurs et peut-être quelques nouvelles créations d’emplois dans certaines industries, et notamment celles concernant l’automobile, je ne suis pas sûr que l’amélioration de la situation de l’emploi soit telle qu’elle est décrite par le HCP.
F.N.H. : Justement, est-ce qu’il ne faut pas craindre que cette amélioration soit conjoncturelle dans la mesure où elle est boostée par deux secteurs ayant reçu un appui particulier de la part des pouvoirs publics et qu’une chute brutale de l’emploi soit inévitable à l’horizon ?
M. L. : Plus qu’une évolution conjoncturelle, je peux dire surtout que c’est très partiel. La création nette de 111.000 emplois en un an est relativement peu, malgré tout. Parce qu’en un an aussi, il y a une demande d’emplois largement supérieure. Donc, à la limite en retenant même cette donne, on peut dire que le nombre de chômeurs a augmenté. Donc comme je l’ai dit, il y a une embellie partielle dans deux secteurs qui sont le BTP et le tourisme. Des avancées certes, mais trop faibles dans le secteur de l’industrie. Pour le reste, la situation n’a pas pour autant changé, notamment dans le secteur qui va de pair avec le monde rural à savoir l’agriculture. En fait, mon point de vue personnel est que les données communiquées par le HCP sont purement statistiques et qu’elles sont fondées sur des définitions qui méritent d’être revues aujourd’hui. Ces définitions ne sont pas les bonnes et ne s’adaptent pas à la réalité marocaine.
F.N.H. : Est-ce que vous pouvez vous expliquer davantage ?
M. L. : Là, je retiens deux éléments qualitatifs importants pour l’analyse.
Le premier est qu’on ne peut pas dire actuellement, en 2007, au Maroc, que le taux de chômage en milieu rural serait d’à peine 3%. C’est impossible. C’est impossible pour maintes raisons. La première est l’importance de l’exode rural. La seconde est la prévalence de la pauvreté dans le milieu rural. Parce que là où il y a une élévation de l’activité, il y a une élévation du taux de l’emploi et donc une augmentation des ressources. Donc, dans une région où il y a une augmentation de l’emploi et des ressources, on ne peut pas imaginer qu’il y ait un exode rural. Et par ailleurs, comme il y a une forte pauvreté, on peut imaginer que les emplois dont on parle ne le sont pas véritablement. Ainsi, on ne peut considérer comme valable un taux de chômage de 3% dans le milieu rural.
Le second élément qui doit nous pousser justement à réviser notre raisonnement, en matière d’emploi d’une manière générale, et dans le milieu rural d’une façon particulière, est le fait de dire qu’il y a aujourd’hui au sein de la population active et qui travaille effectivement près de 29% de personnes qui sont considérées comme ayant un emploi mais ne disposant pas de ressources.
Il y a une disjonction entre l’emploi et la ressource parce qu’à la limite quelqu’un qui prétend qu’il travaille chez lui (notamment les femmes rurales) relève plutôt du travail domestique; mais le HCP considère que c’est de l’emploi formel et que cette population fait partie de la population active.
Deux réserves majeures qui font douter des statistiques de l’emploi publiées par le HCP. Il s’agit plutôt de statistiques politiques.
F.N.H. : On remarque aussi que le chômage des jeunes diplômés reste élevé. Est-ce que, d’après-vous, le réaménagement fiscal en faveur de l’IR adopté dans la Loi de Finances 2007 n’est pas suffisant et qu’il est désormais impératif de réfléchir à d’autres mesures ?
M. L. : Cela n’a pas d’influence. En fait, ce qui bloque les entrepreneurs et l’auto-emploi c’est principalement, et cela dure depuis de très longues années, la forme du marché. Cela veut dire que ce sont de très petites entreprises qui offrent leurs services pour le marché local. Or, le marché local étant ce qu’il est ne constitue pas une opportunité importante pour ces entrepreneurs.
Et par ailleurs, ces derniers ne sont pas orientés sur le marché international à défaut de moyens. Pis encore, la plupart des marchés publics sont réservés aux grandes entreprises; et donc la PME n’est pas bénéficiaire, alors que depuis plusieurs années ces jeunes promoteurs, en plus des études de faisabilité dont ils ont besoin, en plus des aides fiscales auxquelles ils aspirent et en plus des aides préalables à la constitution des entreprises qu’ils souhaitent, ont besoin aussi d’un marché pour eux. Et l’un des marchés est justement le service public qui reste l’apanage d’un segment bien déterminé.
F.N.H. : A quel niveau peut-on parler de corrélation croissance et emploi dans une économie comme la nôtre ?
M. L. : Aujourd’hui, on n’a pas cette corrélation. Les secteurs créateurs d’emplois sont pour la plupart des secteurs extravertis, notamment pour le tourisme. Pour celui du bâtiment, c’est un secteur avec de grosses dépenses et de gros investissements qui ont des effets directs sur l’emploi. Et pour une partie des industries telles que Renault, ce sont des investissements très capitalistiques et donc ils n’ont pas une interférence directe et importante sur l’emploi.
Avec un taux de croissance de 7% ou 8% et un taux d’investissement de 26% on aurait, à productivité égale, pensé que l’emploi aurait augmenté de 5 à 6% en moyenne. Alors que l’augmentation de l’emploi ne se fait pas dans ce rapport . Ce qui veut dire que malgré l’importance de la productivité des investissements nouveaux, la création de l’emploi est moindre. Ajoutons à cela l’Administration qui ne crée pas d’emplois.
F.N.H. : Le Budget 2008 prévoit la création de 16.000 emplois. Est-ce que cet objectif est réalisable dans un contexte que l’on ose dire morose ?
M. L. : Le Budget 2008 parle de 16.000 emplois, mais il faut comprendre qu’il ne s’agit pas d’emplois nets. Parce que le Budget ne parle pas du remplacement des gens qui partent à la retraite.
F.N.H. : Quels sont, d’après-vous, les défis à relever pour les années à venir ?
M. L. : Pour les années à venir, il y a trois défis qui sont intimement liés.
Il y a le défi de la compétitivité et celui de la concurrence sur le marché de l’Union européenne, mais aussi le marché turc ou celui américain.
C’est un défi majeur qui détermine la place du Maroc sur les marchés internationaux et un des déterminants majeurs du déséquilibre de la balance commerciale, le taux de couverture des importations par les exportations étant passé à moins de 50%.
Et puis les deux autres défis sont la lutte contre la pauvreté et celui qui lui est attaché, la lutte contre le chômage.


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