* L'OMT classe le Royaume parmi les destinations émergentes qui vont bénéficier de la relance prévue. * Le pays a pu maintenir ses positions et poursuivre son programme de croissance grâce à une bonne pratique de la relation qualité/prix et aussi à la promotion de produits liés au balnéaire et au culturel. L'Organisation mondiale du tourisme (OMT), basée à Madrid, prévoit une reprise du secteur en 2010. Après deux exercices pratiquement difficiles dus aux effets de la crise mondiale, l'OMT estime que la relance de l'économie mondiale doit booster la demande des marchés émetteurs, aidés en cela par des opérations de promotion des principales destinations. En effet, l'Organisation prévoit une croissance à l'échelle internationale entre 3 et 4% en 2010, contre une régression de 4,3% en 2009. L'OMT juge que les destinations émergentes devraient le plus profiter de cette récupération. Le Maroc figure en bonne place dans la liste mais à côté, bien sûr, de plusieurs destinations concurrentes comme la Tunisie, l'Egypte, la Turquie ou la Jordanie. L'Organisation a, dans sa rapport annuel publié dernièrement, mis en exergue la politique adoptée par certains pays dont notamment l'Egypte et le Maroc qui ont utilisé une bonne pratique de la relation qualité/prix et aussi par la promotion de produits liés au balnéaire et au culturel. Il faut dire que le Royaume a maintenu son rythme de croissance au niveau des arrivées touristiques qui ont grimpé de 6% au terme de l'année 2009, pour atteindre plus de 8,34 millions de visiteurs. Mais cette réalisation cache d'autres contre-performances, notamment les recettes voyages qui ont reculé de 5% et n'ont pas dépassé les 53 Mds de DH. Le taux d'occupation des hôtels est passé de 45% à 41% alors que le volume des nuitées est resté quasi stagnant à moins de 1%. Conscient des défis auxquels il est confronté, Yassir Znagui, le nouveau ministre du Tourisme, a souligné lors du 2ème Congrès des arts et métiers du tourisme tenu dernièrement à Marrakech, que «l'année 2010 sera une année cruciale car marquée par une série de défis conjoncturels et structurels auxquels il faudra faire face de front». Pour Znagui, « le Maroc n'a pas le choix, il doit continuer sur son chemin d'innovation et d'anticipation avec le maintien de l'agressivité commerciale pour faire rayonner le Maroc en tant que destination touristique, de renforcer la force de frappe commerciale pour inciter à la programmation de la destination, d'accélérer la dynamique d'investissement et d'uvrer en vue de maintenir et de densifier les dessertes aériennes ». Pour consolider ses positions, le Royaume devrait accélérer sa feuille de route telle que tracée par la Vision 2010. Malgré une conjoncture défavorable, le Maroc a enregistré près de 11 Mds de DH d'investissements touristiques dont près de 40% à Marrakech. Ces projets devraient permettre la création de 8.800 emplois directs et autant de postes indirects. Chez les professionnels du secteur, l'heure est à la mobilisation et à la prudence. « Malgré quelques signes de reprise, la conjoncture reste très fragile, les principaux marchés émetteurs sont encore dans une situation difficile. Il s'agit bien entendu de la France et de l'Espagne pour ne citer que ces deux pays qui représentent une bonne partie en terme d'arrivées», souligne un opérateur à Marrakech. Il a précisé par ailleurs que «le Maroc a pu faire une percée et consolider son positionnement, surtout par rapport aux destinations méditerranéennes, grâce à une offre produit diversifiée, bien adaptée et très compétitive ». En effet, les statistiques du mois de décembre 2009 révèlent une réelle reprise qui se manifeste à l'échelle de toutes les destinations touristiques du Royaume, contrairement à des pays concurrents comme la Tunisie ou la Croatie qui marquent un recul respectivement de 4% et 6%. La quasi-totalité des destinations touristiques du Maroc ont affiché des résultats positifs au cours du mois de décembre. En effet, Marrakech, qui s'accapare 38% des nuitées totales, a enregistré une progression de +26%, dépassant ainsi son pic historique de +6% réalisé en 2006. Casablanca et Fès ont également connu le même rythme de croissance que la ville ocre (+21% et +28% respectivement), et finalement Rabat et Meknès ont affiché des hausses de +3% et +10% respectivement. Cependant, le deuxième pôle touristique, Agadir (22% des nuitées totales du mois de décembre), a affiché une légère baisse de -2%. Par ailleurs, tous les principaux marchés ont contribué à cette reprise, en particulier l'Espagne (+36%), les pays arabes (+29%), la France (+4%), l'Italie (+11%) et la Belgique (+6%). Quant au marché allemand, il a enregistré une baisse de -5%. Les mêmes statistiques concernant le tourisme révèlent par ailleurs que contrairement à la conjoncture internationale, certains marchés émetteurs continuent de manifester un dynamisme hors pair. A fin décembre 2009, ce sont 921.990 Espagnols qui ont visité le Royaume, soit une progression de 13%. Les touristes provenant des pays arabes ont atteint une croissance de 6%. Quant aux résidents, ils représentent une croissance de 10% au niveau des nuitées. Pour ce qui est des produits, Marrakech et Agadir devraient toujours constituer les destinations phares. « Ces deux produits sont mondialement connus. Leur notoriété est incontestable, mais il faut dire qu'ils commencent à faire face à une rude concurrence. L'amélioration de la qualité des produits, ajoutée à une politique commerciale intelligente, devrait maintenir ces destinations en tête surtout qu'elles assurent un dépaysement total aux touristes européens, tout cela dans un cadre de confort soutenu», a expliqué un voyagiste français. Mais il a précisé que «d'autres circuits sont de plus en plus prisés, notamment Fès, Meknes et les oasis sahariennes».