Dans un environnement multilatéral fragilisé par l'inertie budgétaire et la volatilité des versements, le Maroc fait figure d'exception. Le royaume a non seulement réglé intégralement sa contribution au budget ordinaire de l'Organisation des Nations unies pour l'année 2025 mais il l'a fait dans les délais les plus stricts, tout en effectuant un versement anticipé. Cette conduite exemplaire contraste avec la défaillance persistante de nombreux Etats membres, dont les retards mettent en péril la continuité des opérations onusiennes. À l'heure où l'ONU multiplie les emprunts pour maintenir ses activités à flot, la discipline financière du Maroc s'impose comme un repère de fiabilité et de constance au sein d'un paysage comptable fragmenté. Dans un paysage financier marqué par l'instabilité et les retards endémiques de paiement, le Maroc émerge comme l'un des très rares Etats membres à avoir respecté avec exactitude ses obligations envers l'Organisation des Nations unies (ONU). Fidèle à sa tradition de fiabilité comptable, le royaume a réglé la totalité de sa quote-part au budget ordinaire pour l'année 2025, et ce, dans les délais requis par le règlement financier, voire au-delà des attentes, selon un document de 34 pages obtenu par Barlamane.com. Un Etat membre à la ponctualité irréprochable Selon le contrôleur adjoint de l'ONU, Chandramouli Ramanathan, le Maroc fait partie des 49 pays figurant sur le Tableau d'honneur de 2025, ayant réglé «leur contribution au budget ordinaire dans les trente jours prescrits par le règlement financier 3.5.» Ce classement, indicateur d'une discipline budgétaire particulièrement exceptionnelle, témoigne d'une volonté explicite de soutenir les fondations administratives et opérationnelles de l'institution multilatérale. Rabat ne s'est pas limité à cette ponctualité remarquable. Il figure également parmi les douze Etats ayant procédé à un versement anticipé «avant même l'émission officielle des lettres d'évaluation», ce qui, selon le secrétariat, «contribue de manière déterminante à l'atténuation des tensions de trésorerie en début d'exercice». Une pratique d'autant plus précieuse qu'elle demeure marginale à l'échelle du système onusien. Une organisation confrontée à un assèchement préoccupant de ses liquidités Cette régularité marocaine tranche avec la situation générale exposée dans le rapport présenté le 9 mai devant la cinquième commission. L'ONU fait état d'une «collecte cumulative de 50,5 % des contributions évaluées à la date du 30 avril 2025, soit le pourcentage le plus bas observé au cours des sept dernières années». La même source note que «seulement 32,3 millions de dollars ont été recouvrés au titre des arriérés», chiffre considéré comme très en deçà des besoins structurels. La conséquence directe de ces lenteurs est le gonflement des sommes impayées, qui atteignent «2,4 milliards de dollars à la fin avril», contre «1,7 milliard à la même période en 2024». La disproportion est flagrante : «les cinq principaux débiteurs représentent à eux seuls l'écrasante majorité de ce déficit, les Etats-Unis figurant en tête avec un arriéré de 1,495 milliard de dollars.» Une politique de précaution budgétaire devenue impérative Face à cette imprévisibilité chronique, l'ONU a été contrainte d'instaurer des mécanismes stricts de préservation de trésorerie. Le contrôleur a rappelé que «la prévisibilité du calendrier et du montant des versements est cruciale pour gérer les flux de trésorerie de l'Organisation sans compromettre la continuité des activités». En 2024, l'institution avait dû emprunter à plusieurs reprises, atteignant un niveau d'endettement inédit : «le total des emprunts a culminé à 607 millions de dollars.» Le Maroc, par contraste, est mentionné dans plusieurs tableaux annexes comme un Etat «ayant acquitté intégralement ses contributions au budget ordinaire, aux opérations de maintien de la paix et aux tribunaux internationaux». Sa conduite budgétaire est décrite comme l'exact opposé des retards récurrents ayant obligé le Secrétariat à puiser dans les fonds de roulement et les comptes spéciaux. Un engagement qui conforte la stature diplomatique Dans les couloirs de la Cinquième Commission, la ponctualité du Maroc n'a pas été passée sous silence. Elle est perçue comme un geste de fidélité au multilatéralisme opérationnel, à une époque où l'Organisation peine à faire face à ses obligations essentielles. En effet, selon les services budgétaires, «la capacité à engager des dépenses de manière sûre et opportune dépend directement de la confiance que nous pouvons avoir dans les recettes attendues.» Le royaume, en honorant l'ensemble de ses engagements statutaires, participe à l'effort de stabilité d'un système budgétaire en tension permanente. Une attitude qui confère au Maroc une crédibilité soutenue dans les arènes internationales où la rigueur n'est plus une vertu secondaire mais une condition de survie institutionnelle.