Les Nations Unies ont qualifié d'"alarmante" la situation des droits de l'homme en République centrafricaine (RCA), précisant, dans un rapport publié mercredi, qu'au cours de l'année écoulée plusieurs groupes armés ont tenté "avec violence" de perturber les élections suscitant la réaction des forces de défense et de sécurité pour reprendre le contrôle de certains territoires. "Toutes les parties au conflit continuent de commettre des atrocités, alors que la situation sécuritaire se détériore, en particulier dans les provinces", a déploré le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA), Mankeur Ndiaye. M. Ndiaye a affirmé qu'"une solution politique à cette crise, ainsi que le plein respect en tout temps du droit international des droits de l'homme et du droit international humanitaire par toutes les parties au conflit constituent le seul moyen viable d'assurer une paix et un développement durables en République centrafricaine". Le rapport onusien porte sur la période allant de juillet 2020 à juin 2021 dans le contexte des élections présidentielles, tenues en décembre 2020, ainsi que celui des élections législatives, qui se sont déroulées en décembre 2020 et en mars et mai 2021. Durant cette période, la division des droits de l'homme (DDH) de la MINUSCA a enregistré 526 cas de violations et d'abus des droits de l'homme et du droit international humanitaire à travers le pays. Ces violations ont fait au moins 1.221 victimes, dont 144 personnes civiles ou hors de combat, qui ont été tuées par les parties au conflit. Le rapport indique par ailleurs que les attaques et les menaces d'attaques ont poussé des milliers de civils à fuir leur domicile. Une coalition de groupes armés, connue sous le nom de CPC (Coalition des Patriotes pour le Changement) est responsable de plus de la moitié des incidents recensés (54 %) dans le rapport. La CPC a tué et enlevé des civils, lancé des attaques contre des Casques bleus de l'ONU, pillé des locaux d'organisations humanitaires, menaçant leur personnel, et incendié des bureaux de vote. Les Casques bleus de la MINUSCA ont été attaqués à une vingtaine de reprises par des groupes armés et des FACA. Durant cette période, sept Casques bleus ont perdu la vie lors d'attaques perpétrées par des groupes armés. De telles attaques, qui visent à entraver le mandat de protection des civils de la MINUSCA, sont susceptibles de constituer des crimes de guerre, prévient l'ONU. Le gouvernement centrafricain a récemment adopté, selon la même source, plusieurs mesures pour promouvoir et protéger les droits de l'homme, dont la mise en place d'une commission d'enquête spéciale chargée d'enquêter sur les violations du droit international des droits de l'homme et du droit international humanitaire en lien avec les élections. Selon le rapport, cette démarche "représente un pas positif dans la lutte contre l'impunité".
* Le Conseil de sécurité condamne "dans les termes les plus forts" l'attaque contre la MINUSCA