L'accessibilité aux services bancaires, ainsi que le développement de l'infrastructure des marchés financiers au Maroc a connu une évolution positive pour l'année 2018, selon les données du rapport annuel sur les systèmes et moyens de paiement de Bank Al-Maghrib (BAM). L'infrastructure des marchés financiers du royaume est gérée à 3 niveaux, notamment le switch, le switch mobile et le système interbancaire marocain de télécompensation. Les deux piliers qui encadrent la réalisation des différentes transactions au Maroc, notamment le règlement et la livraison sont la Bourse de Casablanca, qui s'occupe de la compensation des valeurs mobilières, et Maroclear, qui intervient au niveau de la dématérialisation des titres, ainsi que la gestion du système de règlement et la livraison pour le dénouement des transactions, en plus de l'administration de l'ensemble des événements liés à la vie d'un titre. Virements : montagne russe pour les opérations Les virements interbancaires et à la clientèle ont connu une situation marquée par une baisse pour le premier, alors que le deuxième a affiché une hausse, tout en restant à un niveau positif dans l'ensemble à fin 2018. Dans les détails, les virements interbancaires ont été frappés par une baisse de 35 % dans l'ensemble, à noter que le nombre des échanges avec le système a représenté un taux de 37 % pour ladite période. Cette situation s'explique par un repli des opérations de change avec la Banque Centrale, et ce, depuis l'adoption du nouveau régime de change. Dans ce sens, il est à noter que les ordres de paiement se sont établis à 62.255 à fin 2018, contre 95.860 ordres à fin 2017. À la lumière de ces chiffres, la valeur globale des virements interbancaires s'est établie à 2,89 milliards de dirhams (MMDH), contre 3,12 MMDH une année auparavant, ce qui est égal à un retrait de 7 % à ce niveau. De l'autre côté, les virements clientèle ont affiché une progression de 13 %, totalisant 104.403 ordres de paiement à fin 2018 contre 91.921 ordres en 2017. En montant, la valeur globale des virements clientèle s'est établie à 1,39 MMDH en 2018 contre 1,41 MMDH, ce qui se maintient à un niveau correct. Au niveau du système des règlements bruts du Maroc (SRBM), le nombre d'ordres de paiements a affiché une progression notable sur la période allant de 2006 (année de lancement) à 2018. Le nombre d'ordres est ainsi passé de 7563 en 2006 à 15.774 en 2018. En montant, les ordres de paiements ont totalisé 396 MMDH de façon mensuelle à fin 2018, contre 205 MMDH lors du lancement du SRBM, cela représente une évolution de 93 % en volume et de 109 % en valeur sur une période de 12 ans. Concernant le taux de rejet des opérations SRBM, pour indisponibilité ou insuffisance de provisions sur les comptes centraux de règlement des participants, celui s'est maintenu à un niveau faible à fin 2018, selon les données de BAM. Celui-ci s'est établi à une moyenne mensuelle de 0,01 % en nombre et de 0,02 % en valeur, pour un taux moyen de disponibilité annuelle de 99,9 %. La situation fiduciaire sous le signe du « vert » La circulation fiduciaire du royaume a totalisé un montant de 249 MMDH à fin 2018, affichant une progression de 7 % en valeur et de 4 % en nombre. Cette période a connu une émission de 1,7 MM de billets et 2,8 MM de pièces. Cela dit, le niveau de la circulation fiduciaire a affiché une activité « record » durant la période estivale, s'établissant à 255 MMDH à fin août 2018. Dans les détails, le nombre de billets en circulation a progressé de 7 %, ce qui équivaut à un montant de 245 MMDH. Dans ce sens, les billets de 200 DH se trouvent en pole position billets en circulation, avec une part de 51 %, suivi par ceux de 100 DH (37 %), de 20 DH (7 %) et ceux de 50 DH (4 %). D'ailleurs, il est à noter que les billets de 200 DH ont été les plus falsifiés durant cette période, avec un taux de 63 %, suivi par ceux de 100 DH (20 %), 50 Dh (11 %) et 20 DH (6 %). Pour ce qui est de la structure des pièces en circulation durant cette période, les ronds de 1 DH ont affiché une part de 28 %, suivi par ceux de 10 centimes (19 %), 20 centimes (16 %), 0,50 DH (12 %), 5 DH (7 %), 10 DH (4 %) et 2 DH (2 %). La circulation des pièces métalliques a progressé de 3 % à fin 2018, totalisant un montant de 3,4 milliards de dirhams durant cette période. Le paiement par carte a la côte Concernant les modes de paiement, l'utilisation des cartes bancaires pour les transactions sur GAB et en ligne a totalisé un nombre de 69,7 millions d'opérations à fin 2018, équivalant à 28,7 MMDH. Ainsi, une hausse de 26,6 % en nombre a été enregistrée à ce niveau, et de 19 % en valeur. Toutefois, il est à noter que les opérations effectuées par carte sur TPE ont représenté une part de 84 % pour ladite période, alors que celles effectuées sur GAB ont affiché une part de 4,2 % seulement. Il est à noter que le paiement en ligne a progressé pour sa part de 25 % en nombre et de 23 % en valeur. L'inclusion financière retardée par plusieurs freins L'inclusion financière des différentes catégories socioéconomiques du royaume est un réel challenge pour le système bancaire. Les principaux freins relevés par BAM, pour les particuliers, concernent un faible niveau de revenu, des offres inadaptées aux besoins des tranches défavorisées, une forte présence des services financiers informels, ainsi que des barrières culturelles, notamment pour ce qui est de certains cercles où la femme est marginalisée par l'homme. Du côté du milieu professionnel, cela concerne un niveau d'activité « faible » pour les TPE, les microentreprises ainsi que les autoentrepreneurs. Le rapport de BAM indique, selon les résultats d'un sondage effectué auprès des différentes catégories citées, le faible volume d'activité est le principal frein à la bancarisation (45 % des sondés), suivi par le manque de besoin (41 % des sondés) et le manque de confiance dans les banques (13 % des sondés). De plus, la Banque Centrale indique que l'enquête a également fait ressortir que seuls les produits bancaires les plus basiques ont une pénétration significative, notamment les cartes bancaires (44 %) et les chèques (28 %). Par ailleurs, 60 % des entreprises rencontrent des problèmes de trésorerie. Pour faire face à ce problème, les entreprises recourent à l'entourage (53 %) ou aux règlements différés auprès des fournisseurs (29 %). Le coût des crédits est le principal critère de décision pour le choix d'une offre de financement (58 %), suivi de la souplesse accordée en cas de difficulté de paiement (34 %) et du montant de la traite (31 %).