Un célèbre islamologue algérien a été condamné, jeudi 22 février, à 3 ans de prison dans une rocambolesque affaire. Il lui est reproché d'avoir critiqué le mariage des jeunes filles mineures. Saïd Djabelkhir, 53 ans, un spécialiste de l'islam qui était de tous les plateaux de télévision en Algérie, s'est vu condamner à 3 ans de prison ferme assortis d'une amende de 50 000 dinars algériens (près de 3500 dirhams), pour avoir exprimé son opinion et avoir critiqué le mariage des mineurs, un sujet qui fait pourtant l'unanimité dans le monde entier. Jeudi, l'universitaire renommé, spécialiste en jurisprudence de la charia islamique, a été victime de l'obscurantisme et de la pensée unique en Algérie, après avoir été attaqué en justice par à un universitaire (spécialiste en sécurité électronique), 7 avocats et un collectif citoyen. Ce qu'ils lui reprochent, une « offense aux préceptes de l'islam et aux rites musulmans » après avoir critiqué les mariages précoces des jeunes filles. Selon ses détracteurs, il s'agit là d'une critique ouverte envers le prophète Mohamed. Le spécialiste de l'islam a en outre provoqué les fondamentalistes de l'islam en s'étant interposé à leur prédicat rendant « Haram » (interdit, ndlr) de célébrer la fête de Yennayer, le nouvel An Amazigh. Alors qu'il était confiant dans ce procès, et ses soutiens dont une large frange d'hommes politiques, ne pensaient pas à une condamnation absurde, l'islamologue algérien a fait les frais d'une justice qui n'est pas compétente pour juger des propos d'un spécialiste de l'islam et du soufisme. Le spécialiste a « été condamné à 3 ans ferme », a déclaré Me Moumen Chadi, son avocat qui s'est dit « choqué » affirmant qu'il n'y a aucune preuve pour le condamner et qu'il s'attendait à être libéré. « Je ne peux pas avoir de problèmes avec l'Islam parce qu'il s'agit d'une religion, mais avec les lectures traditionnelles de la religion », a déclaré l'islamologue, en estimant que les personnes ayant déposé la plainte contre lui n'auraient pas dû puisque le sujet ne les concerne pas. Ces personnes « ne sont pas spécialistes dans le domaine de la religion », a-t-il fait valoir. Suite à sa condamnation qui ne l'a pas placé sous mandat de dépôt, l'islamologue algérien a défendu le combat pour la liberté de conscience, un sujet non négociable, selon lui. Mais la nouvelle Constitution modifiée par le président Abdelmadjid Tebboune en 2020, a supprimé la notion de « liberté de conscience » dans ses textes. Cette affaire hors normes en Algérie est la première dans son genre. Jamais, un islamologue en exercice n'avait été condamné pour avoir fait une lecture de l'islam, d'avoir donné son avis, bien qu'il soit courant pour des citoyens ou des militants de tomber sous le coup de peines de prison pour les mêmes raisons.