La politique de l'Espagne vis à vis du Maroc devrait mieux se dessiner suite aux événements migratoires enregistrés dans l'enclave de Sebta. Alors que Madrid avait ignoré les appels de Rabat à expliquer les raisons de l'accueil du séparatiste Brahim Ghali et en a minimisé les conséquences, les représentants du gouvernement espagnol ont montré une soudaine énergie et vive attention pour Sebta. Si le Maroc attend que l'Espagne s'affranchisse de son double jeu et son double langage et qu'elle adopte une position claire, plus honnête dans l'affaire du Sahara, un vieux conflit qui se doit d'être résolu, l'Espagne elle, continue de jouer sur les deux tableaux en entretenant secrètement des relations avec l'Algérie, en soutenant le mouvement séparatiste du polisario notamment en lui fournissant des données satellitaires et, en tentant de maintenir ses intérêts avec le Maroc. Cette attitude déloyale et indigne d'un pays qui se présente comme un ami et un partenaire, devait un jour ou l'autre provoquer une réaction du Maroc qui, jusqu'ici s'est armé de patience et a mis beaucoup trop d'eau dans son vin. Et ce fut fait! Depuis les événements liés à la crise migratoire au niveau de Sebta, l'enclave occupée, enregistrés lundi, la presse espagnole est unanime à dire que cette crise aurait pu être évitée si la diplomatie espagnole était plus honnête dans sa démarche et avait respecté le Maroc. En effet, les médias espagnols ont accusé le gouvernement de Pedro Sanchez d'avoir accumulé les bourdes diplomatiques avec son voisin et allié, le Maroc, et ce, à plusieurs reprises, et ne se sont pas étonnés que ces actions aient eu des conséquences. Pour certains médias, ce dernier épisode de migration vers l'autre côté de la frontière, est le résultat de l'incompétence » du département des Affaires Etrangères qui a minimisé l'impact sur les relations avec le Royaume du Maroc suite à l'accueil du chef des séparatistes sahraouis en Espagne. Le Maroc avait fait deux communiqués officiels pour protester et exiger des réponses honnêtes et logiques justifiant l'entrée de Brahim Ghali -recherché par la justice espagnole- avec un passeport diplomatique algérien, un faux nom algérien. « Les responsables espagnols ont multiplié les déclarations tentant de justifier cet acte grave et contraire à l'esprit de partenariat et de bon voisinage », a indiqué le ministère marocain des Affaires Etrangères en parlant de l'affaire de l'accueil du chef des milices du polisario que les responsables espagnols ont justifié en invoquant des raisons strictement humanitaires. Dans son communiqué datant de début mai, Rabat a rappelé que le fait de ne pas aviser le Maroc et d'organiser cette opération dans l'illégalité est un « acte prémédité, d'un choix volontaire et d'une décision souveraine de l'Espagne ». Et d'avertir que le Maroc en prend « pleinement acte », et qu'il « en tirera toutes les conséquences ». Pour certaines voix en Espagne, dont celle de l'opposition, l'incompétence n'est pas seulement liée aux Affaires Etrangères en Espagne, mais c'est tout le gouvernement qui est visé par des accusations de mauvaise communication et de prise de décisions non stratégiques pour le pays. En effet, la presse espagnole vient de révéler que le ministre espagnol de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, s'était vivement opposé à l'accueil de Brahim Ghali en Espagne et avait alerté son gouvernement des conséquences qu'une telle décision aurait dans les relations avec l'allié marocain. Pourtant, la cheffe de la diplomatie, Arancha Gonzales Laya, a quand-même sauté le pas, appuyée par le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez, sacrifiant au passage les précieuses relations avec Rabat. Alors qu'elle avait joué la carte de la stabilité des relations avec le Maroc au début, aujourd'hui c'est la fuite en avant que la ministre adopte. Si la crise migratoire à Sebta est plus ou moins résolue, la crise diplomatique entre Rabat et Madrid elle, devrait s'inscrire dans le temps. L'Espagne, qui a créé une cellule de crise au ministère de l'Intérieur pour coordonner sa réponse et ses prochaines démarches, ne s'en sortira pas indemne de cette affaire tant qu'il y aura toujours un Brahim Ghali protégé par Madrid et sa justice, et tant qu'elle n'aura pas éclairci sa position sur son ancienne colonie et tant qu'il y aura des frontières avec le Maroc.