L'année politique 2021 a été riche en événements. Transhumance politique, Campagne électorale, débâcle du PJD, première victoire du RNI à des élections, retour sur ces douze derniers mois qui ont façonné le nouveau paysage politique du Maroc. Au début de l'année 2021, les partis politiques marocains commencent à se réorganiser. De nouveaux visages apparaissent pour s'ouvrir à une jeunesse jusque-là désintéressée de la politique. Comme d'habitude, la transhumance politique fait rage. Des figures du PJD ou autres quittent leur parti pour ceux de la colombe (RNI) et du tracteur (PAM). En tout cas, chacun cherchait à se ranger auprès du supposé gagnant. Du côté des programmes électoraux, pas de grandes surprises. Le Coronavirus est passé par là et le volet social fait consensus. Les partis promettent tous d'améliorer les conditions de vie des citoyens. Amélioration des services publics, augmentation des salaires des fonctionnaires de la Santé et de l'Éducation, réduction des disparités entre le monde rural et le monde urbain. Certains vont encore plus loin et misent sur le dossier du Hirak du Rif et de Jerrada. Cela dit, les partis politiques doivent s'adapter. Une Commission spéciale a vu le jour. Voulue par le Roi et dirigée par Chakib Benmoussa, elle est chargée d'élaborer un Nouveau Modèle de Développement (NMD). Non-respect des mesures covid et campagne 2,0 ratée Après un triste mois de Ramadan passé en semi-confinement, les partis politiques commencent à faire campagne. Les ténors des partis sillonnent les différentes régions du Royaume pour rassembler leurs sympathisants. Chacun essaie de redorer son blason. En août 2021, la campagne électorale est marquée par le non-respect des mesures restrictives imposées par le gouvernement pour limiter la propagation du virus. Des meetings sont ainsi organisés dans les grandes villes du Royaume en dépit des interdictions de rassemblements. Même les membres du gouvernement qui ont acté ces restrictions ont enfreint les mesures sous leur casquette partisane, poussant les internautes sur les réseaux sociaux à se demander si les mesures ne sont imposées qu'au simple citoyen, et non aux politiciens. Justement, les réseaux sociaux, ces derniers étaient primordiaux pour gagner les élections. Mais la majorité des partis politiques marocains ont raté leur transition numérique et ont échoué à attirer de nouveaux sympathisants sur les différentes plateformes du Net. Certains ont par contre essayé. En transformant leur mode de communication, le RNI ou encore le PJD, dans une moindre mesure, tirent leur épingle du jeu en monopolisant l'attention de la toile, à travers des publications sponsorisées et ciblées. Au final, le RNI était presque le seul à avoir remporté cette bataille digitale lors des élections de 2021. La débâcle du PJD À l'approche du scrutin, l'incertitude est à son comble, le RNI, le PAM ou même le PI ont leur chance de diriger le gouvernement. Certains observateurs donnent même le PJD vainqueur malgré les nombreux couacs qui ont ponctué ses deux mandats successifs. En ce mercredi 8 septembre, les bureaux de vote ferment en début de soirée et les premiers résultats commencent à tomber vers 21 h. Le suspense est haletant dans tous les QG des partis politiques. La nuit électorale est sans précédent. Au siège du PJD, l'ambiance est morose. Les espoirs tombent très vite. À partir de 23 h, les leaders du parti préfèrent quitter les locaux. Ils contestent la non-remise des PV à leurs représentants dans plusieurs circonscriptions électorales. Humilié, le parti de la lampe finit la soirée avec 13 sièges. Ce triste score ne lui a même pas permis de constituer un groupe parlementaire. Le chapitre PJD est donc « clos » selon les observateurs. Une sanction du peuple pour certains, une débâcle partisane selon d'autres. En tout cas, et au lendemain des élections, le secrétariat général du parti présente une démission collective. Le RNI est déclaré grand vainqueur du scrutin du 8 septembre 2021. Le trio RNI-PAM-PI pour les cinq prochaines années Deux jours après la tenue des élections générales, le 10 septembre, le Roi Mohammed VI charge Aziz Akhannouch, président des Indépendants, de former le nouveau gouvernement dont il sera le chef. Cette nomination intervient conformément aux dispositions constitutionnelles sur la base des résultats des élections législatives qui désignent le RNI vainqueur. Le parti de la colombe rafle 103 sièges, suivi par le PAM 87 sièges et l'Istiqlal 81 sièges. Le président du RNI ne perd pas de temps et démarre les tractations politiques quelques jours après sa nomination. Au siège de son parti à Rabat, Aziz Akhannouch reçoit les leaders des partis politiques un à un. Abdellatif Ouahbi (PAM), Nizar Baraka (PI), Driss Lachgar (USFP), Mohans Laenser (MP), Abdessamad Archane (MDS), ou encore Abdeslam El Aziz et Mustafa Chanoui (FGD). Certains ont par ailleurs décliné l'invitation du nouveau chef du gouvernement, à l'image de la secrétaire générale du PSU, Nabila Mounib, ou encore du secrétaire général sortant du PJD, Saad Eddine El Otmani. Fin des tractations, nomination du nouveau gouvernement Après des tractations qui ont duré deux semaines, et des négociations ardues dans les coulisses, l'image du nouvel Exécutif marocain commence à se dessiner. Le 22 septembre, le Chef du gouvernement désigné a finalement annoncé que la majorité gouvernementale sera composée du trio qui a dominé les élections, à savoir le RNI, le PAM et le PI. Des listes ont donc commencé à circuler, citant des noms par ci et par là, supposés ministrables. Le 7 octobre, le Roi Mohammed VI a mis fin au suspense en présidant la cérémonie de nomination des membres du gouvernement Akhannouch au Palais Royal de Fès. La nouvelle équipe gouvernementale, « libérale », fait la part belle à la gent féminine, aux jeunes et aux technocrates. De nouvelles personnalités émergentes, d'autres, plus connues, sont reconduites à leurs postes ou dans le gouvernement avec changement de portefeuille. Ainsi, Abdellatif Ouahbi est nommé ministre de la Justice, Nizar Baraka, ministre de l'Equipement et de l'Eau, Chakib Benmoussa : ministre de l'Education nationale, du Préscolaire et des Sports, Fatima Ezzahra El Mansouri, ministre de l'Aménagement du territoire national, de l'Urbanisme, de l'Habitat et de la Politique de la ville, Mohamed Sadiki, ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, Younes Sekkouri, ministre de l'Inclusion économique, de la Petite Entreprise, de l'Emploi et des Compétences, Ryad Mezzour, ministre de l'Industrie et du Commerce, Fatim-Zahra Ammor, ministre du Tourisme, de l'Artisanat et de l'Economie sociale et solidaire et d'autres, etc. Abdelouafi Laftit reste ministre de l'Intérieur, Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, et Ahmed Toufiq, ministre des Habous et des Affaires islamiques. Le 11 octobre, 4 jours après la nomination par le Roi du nouveau gouvernement, Aziz Akhannouch décline les 10 principaux engagements de son gouvernement devant les deux chambres. Il s'agit de la création d'un million d'emplois durant les 5 prochaines années, l'augmentation progressive du taux d'activité des femmes, l'activation du chantier de la protection sociale lancé par le Roi Mohammed VI et autres engagements. L'année 2021 est donc une année politique hors norme. Elle a démarré sur les chapeaux de roues, et fini sur un nouveau paysage qui laisse la porte ouverte à toutes les suppositions.