La lettre orale de Nasser Zefzafi, transmise par son père ce 29 décembre, depuis sa cellule de prison à Casablanca, a été mal comprise par de nombreux observateurs du Hirak. En appelant à une marche à Bruxelles le 16 février prochain, Nasser Zefzafi soutient que « la femme rifaine fait aujourd'hui l'objet d'insultes et de diffamations de son honneur de la part de certains de ses frères appartenant également au Rif ». Qui vise-t-il ? Contacté par Hespress, le père du leader du Hirak du Rif Ahmed Zefzafi souligne qu' »Al Hoceima répond à l'appel de Nasser même si elle vit actuellement sous une présence sécuritaire absolue » et évoque « une récession économique », ce qui serait derrière la non tenue de la marche annoncé dans la ville d'où est issue la majorité des détenus du Hirak local. « Al Hoceima est presque vidée de sa jeunesse, certains ont émigré vers les villes de l'intérieur, à Tanger ou en Europe, tandis que d'autres se sont malheureusement retrouvés dans le fond de la Méditerranée en tentant de rejoindre l'autre continent », signifie notre interlocuteur. Toutefois, le père de l'activiste condamné en première instance à 20 ans de prison ferme demande à être « dispensé de mentionner qui sont les rifains » que son fils accuse de « porter atteinte à l'honneur des femmes » de la région. Sous couvert de l'anonymat, une source proche du Hirak du Rif déclare à Hespress que « Nasser tente de soutenir la légitimité du Hirak à travers l'appel à la marche de Bruxelles, alors que certaines personnes de la diaspora se réclamant républicains l'accusent de démence, et essayent de transformer la lutte sociale et des droits de l'homme pour marquer leur présence et parler de séparatisme ». La même source a expliqué que ces mêmes personnes « ne cessent de condamner l'une des leaders du Hirak en état de liberté, Nawal Benaïssa, après son obtention le 30 novembre 2018 du prix des droits de l'Homme d'Amnesty international, ainsi que d'autres femmes activistes, accusées d'opportunisme alors qu'elles se sont chargés de défendre le dossier revendicatif du Hirak auprès de certains députés du parlement européen « . Le 15 février 2018, Nawal Benaissa a été condamnée à une peine de 10 mois de prison avec sursis et à une amende de 500 DH pour « participation à une manifestation non autorisée », « insulte à agents de la force publique » et » incitation à commettre des infractions pénales ». Selon l'ONG qui lui a rendu hommage, elle « a été arrêtée quatre fois entre juin et septembre 2017. Alors qu'elle était détenue, les autorités ont exigé qu'elle clôture sa page Facebook – qui comptait plus de 80 000 abonnés -, ce qu'elle a fait ».