À l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, Reporters sans frontières (RSF) a récemment dévoilé son classement mondial pour l'année 2025. Le Maroc y réalise une progression notable, gagnant neuf places pour se positionner au 120e rang sur 180 pays, contre la 129e place en 2024. Une avancée significative qui place le Royaume devant plusieurs pays arabes, dont l'Algérie (126e), dans un contexte régional marqué par des défis croissants pour les médias. Selon l'ONG, cette amélioration s'inscrit dans un environnement toujours fragile pour les journalistes au Maghreb, où la viabilité économique des médias reste largement compromise par les pressions politiques et financières. Si le Maroc progresse, il demeure toutefois dans le dernier tiers du classement, à l'instar de la Libye (137e, +6), où les atteintes à l'indépendance éditoriale restent récurrentes. Le rapport de RSF dresse un tableau préoccupant de la liberté de la presse dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). La Tunisie enregistre le recul le plus marqué avec une chute de 11 places (129e) et un effondrement dans l'indice économique (-30 positions), conséquence directe de la crise politique persistante qui affecte lourdement la presse indépendante. En Algérie, malgré un climat répressif constant envers les professionnels des médias, une légère amélioration est notée. Le pays gagne quelques places grâce à la libération du journaliste Ihsane El Kadi, bénéficiaire d'une grâce présidentielle après 22 mois d'incarcération. Toutefois, RSF souligne que "la répression judiciaire demeure un instrument courant pour museler les voix dissidentes". Le rapport 2025 fait état d'une situation dramatique en Palestine (163e), qualifiée de l'un des territoires les plus dangereux au monde pour les journalistes. RSF pointe les « violations systématiques » commises par l'armée israélienne, notamment à Gaza, où les bombardements ont visé des infrastructures médiatiques et causé la mort de plusieurs reporters. En Cisjordanie, de nombreux journalistes palestiniens sont incarcérés dans les prisons israéliennes, contribuant à la chute de 11 places d'Israël dans le classement (112e). Le recul de la Jordanie (147e) s'explique par le recours à des lois liberticides contre les journalistes couvrant les répercussions du conflit à Gaza. Le pays se rapproche désormais dangereusement du Yémen (154e), où la presse indépendante a été pratiquement éradiquée sous l'effet des ingérences étrangères et des divisions internes. L'Égypte (170e) se maintient dans les dernières positions du classement mondial, victime de politiques répressives persistantes visant à faire taire les critiques sur la crise économique. À l'inverse, le Liban (132e) affiche une timide progression, stimulée par des espoirs de renouvellement politique, bien que les conditions de travail des journalistes y demeurent précaires. Malgré leurs indicateurs économiques positifs, les monarchies du Golfe continuent d'afficher des scores médiocres en matière de liberté de la presse. L'Arabie saoudite (162e), le Koweït (128e), Oman (134e) et les Émirats arabes unis (164e) figurent tous en bas de tableau. RSF déplore l'absence de garanties institutionnelles en faveur de la liberté des médias, dans des systèmes juridiques fortement restrictifs. Le progrès du Maroc dans l'édition 2025 du classement de RSF constitue un signal positif, mais reste à nuancer. Si la situation semble s'être stabilisée, les menaces sur l'indépendance des rédactions, les difficultés économiques des médias et les pressions institutionnelles demeurent des enjeux majeurs.