Face à la menace de recourir au gel d'avoirs de membres du régime algérien, agitée par l'exécutif français, l'Algérie a répondu par la voix de son agence officielle pour « contre-attaquer » en poussant à la mise en place de cette mesure. « L'Algérie, son peuple, son Gouvernement et toutes ses institutions confondues leur disent chiche. Passez à l'acte ! », a répondu l'agence officielle algérienne à l'information publiée initialement par le magazine français L'Express citant une source gouvernementale. L'agence de presse algérienne a préféré faire fi du contenu de la mesure française qui devrait cibler des membres influents au sein du pouvoir algérien pour se concentrer sur d'autres personnes. Dans sa dépêche, elle indique que c'est l'Algérie qui a sollicité l'entraide judiciaire française sur les biens mal acquis par des Algériens en France. Sauf que les personnes visées par le régime algérien, faisaient partie de celles avec qui elle a des comptes à régler et ne concerne pas tout le monde, et encore moins les membres proches du cercle au pouvoir. Ainsi, l'APS affirme que les demandes algériennes n'ont jamais connu de suites (tout comme les demandes d'extradition visant ses opposants ayant le statut de réfugiés en France). Elle souligne que 51 missions rogatoires sont restées sans réponse. L'Algérie « a sollicité l'extradition d'individus convaincus de vols, de dilapidations et de détournements de fonds publics, ainsi que de corruption, sans obtenir satisfaction », a ajouté l'APS, en faisant référence notamment à l'ancien ministre des mines, Abdeslam Bouchouareb. Mais il n'y a pas que lui, les autorités algériennes émettent des demandes d'extradition à toute personne qu'elle voit comme une menace. Ces demandes concernent d'anciens ministres, des journalistes comme Abdou Semmar, des youtubeurs comme Amir Boukhors (alias Amir DZ) et des militants de la cause Kabyle à l'instar Aksel Bellabbaci ou Ferhat Mehenni. Tous sont frappés par de lourdes peines de prisons prononcées par coutumace, ou font l'objet de poursuite pour des faits graves, notamment pour menace contre la « sécurité de l'Etat ». La justice algérienne ne prononce toutefois aucune peine contre ceux qui dilapident les deniers publics et sont en fonction. Et ce sont eux justement qui sont visés par les autorités françaises, et pas les « ennemis communs », mais bien des personnes privilégiées et protégées en Algérie. « Par de tels manquements, les autorités françaises concernées se désignent elles-mêmes comme complices de toutes ces pratiques et comportements hors la loi. S'il s'agit de nettoyer les écuries d'Augias que la France commence par celles-ci. Elle y gagnerait en crédibilité et en sérieux. Car, pour l'heure, c'est ce dont elle a le plus besoin », tacle l'agence algérienne. Dans son commentaire, elle critique le gouvernement français accusé d'« amateurisme » dans sa gestion de sa relation bilatérale, estimant que les termes utilisés par la presse et le gouvernement français, seraient fantasmés. « Les auteurs véritables de ces menaces, qui ne peuvent provoquer de la part de l'Algérie que du mépris et de l'indifférence, devraient savoir à quoi s'en tenir en l'espèce », menace l'agence, en ajoutant qu' »ils ne s'adressent pas à l'Algérie réelle, mais à une Algérie fantasmée. Cette Algérie qu'ils n'arrivent à décrire que par des vocables tels que « régime », « pouvoir », « dignitaires » ou « nomenklatura » ». Dénonçant le « manque de sérieux », elle souligne qu'« encore une fois, tout cela porte la marque distinctive de responsables français qui n'ont que l'Algérie pour viatique politique ». Pour rappel, la mesure ne devrait être agitée ou appliquée qu'en cas de nouvelle escalade entre la France et l'Algérie selon le magazine français. Les personnes concernées par le gel d'avoir occupent de hauts postes administratifs, sécuritaires et politiques actuellement en Algérie. « On estime que 801 membres de la nomenklatura algérienne ont des intérêts financiers en France et viennent régulièrement dans l'Hexagone. Et ce sans compter les militaires », a indiqué la source consultée par le média français. Les sanctions, qui n'ont pas été annoncées de façon officielle, devraient se faire « sur le modèle des oligarques russes » en interdisant l'accès au patrimoine des personnes visées en France. Cela devrait comprendre les comptes bancaires, l'accès aux propriétés, ou tout autres biens, pour une durée initiale de six mois, renouvelable.