Le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amine Tahraoui, a affirmé que le Maroc ambitionne de faire passer le ratio de 17,4 professionnels de santé pour 10 000 habitants, enregistré en 2022, à 45 pour 10 000 d'ici 2030. Cette transition s'accompagne de mesures incitatives visant à attirer des médecins étrangers afin de combler les déficits du système national de santé. Dans sa réponse à une question écrite du président du groupe Haraki à la Chambre des représentants, Driss Sentissi, concernant l'état d'avancement de la loi sur la fonction sanitaire, le ministre a souligné que le renforcement des ressources humaines constitue une priorité stratégique pour son département. Tahraoui a attribué les difficultés du secteur à la pénurie de professionnels médicaux et paramédicaux, en raison de plusieurs facteurs : faible attractivité du secteur public, rude concurrence internationale pour le recrutement des personnels de santé, répartition inégale des ressources humaines sur le territoire national, et réticence à exercer dans les zones rurales ou enclavées, en particulier chez les médecins généralistes. Pour y remédier, le ministère a engagé plusieurs mesures structurantes, notamment le renforcement de la formation et du perfectionnement professionnel, ainsi que l'investissement dans les infrastructures de santé, pour un budget dépassant les 3 milliards de dirhams. L'objectif est de répondre aux normes de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de contribuer à l'atteinte des Objectifs de développement durable. Le ministre a précisé qu'en 2024, le nombre de places pédagogiques dans les facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire a augmenté de 88 % par rapport à 2019. Ce chiffre devrait atteindre 7 543 places à partir de 2027, conformément à la convention-cadre établie. S'agissant des formations paramédicales, les augmentations sont notables : +206 % pour les licences (soit 8 360 places en 2024) et +353 % pour les masters entre 2020 et 2024 (680 places en 2024). À terme, 11 900 places seront ouvertes à partir de 2029. Par ailleurs, le ministère prévoit la création de 16 équipes de recherche et de 4 laboratoires au sein des instituts supérieurs des professions infirmières et des techniques de santé, en coordination avec les partenaires institutionnels et sociaux. Le nombre de postes pour les concours de résidanat sera également revu à la hausse sur cinq ans, avec une augmentation annuelle de 100 postes pour les résidences contractuelles et de 50 pour les non-contractuelles destinées aux médecins spécialistes. Le ministre a également mis en avant l'effort de renforcement de l'offre de soins à travers une hausse progressive du nombre de postes budgétaires dédiés aux recrutements : de 4 000 en 2019 à 6 500 prévus en 2025. Il a rappelé la délégation de compétences aux directions régionales pour l'organisation de concours de recrutement décentralisés depuis fin 2020, une mesure qui permet une gestion plus souple des besoins spécifiques de chaque territoire. En parallèle, le ministère a instauré des mécanismes innovants pour mieux gérer les spécialités critiques. Le programme médical régional vise à assurer une répartition équitable des compétences médicales en fonction des spécificités de chaque région et à favoriser une meilleure mobilité des professionnels, en particulier dans les zones éloignées souffrant d'un manque de stabilité du personnel médical. Ainsi, Tahraoui a rappelé l'entrée en vigueur de la loi n° 33.21, autorisant les médecins étrangers à exercer au Maroc. Cette législation, assortie de mesures incitatives, vise à attirer des compétences étrangères pour combler les déficits, notamment dans les spécialités médicales en tension. À ce jour, 580 médecins étrangers exercent au sein du système de santé marocain.