Après l'inscription du Caftan au nom du Maroc auprès de l'UNESCO, l'Algérie a fait une sortie médiatique pour se « féliciter » d'avoir reçu une reconnaissance que le caftan faisait partie de son patrimoine culturel. Décryptage de ce que cela veut dire. Après une âpre bataille au niveau de l'UNESCO pour faire reconnaitre le Caftan marocain, le Maroc a réussi à l'inscrire au titre du patrimoine immatériel lors de la 20e session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel qui s'est tenue cette semaine en Inde. Le Maroc a réussi à faire l'inscription en dépit du fait que l'Algérie fait actuellement partie des membres du comité. Cette inscription est due non seulement à la solidité du dossier marocain qui repose sur des données historiques et en remplissant tous les critères de l'UNESCO, mais surtout à un travail diplomatique qui a impliqué le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita. Tout au long du traitement de ce dossier, l'Algérie a tenté d'empêcher cette inscription au nom du Maroc. Divers moyens ont été utilisés, et certains ont été révélés lors de cette récente session du comité réuni à Delhi. Mais les détails de la manoeuvre algérienne viennent tout juste d'être expliqués par la diplomatie algérienne ce jeudi dans un communiqué. Le ministère des Affaires étrangères a salué « un nouveau succès diplomatique majeur pour l'Algérie, tant sur la scène culturelle internationale que dans le cadre de la diplomatie multilatérale ». La diplomatie algérienne a estimé que l'UNESCO aurait « clairement et explicitement » reconnu, « la prééminence de l'Algérie en matière de caftan traditionnel comme composante fondamentale de son riche patrimoine culturel ». Dans un stratégème machiavélique et indigne, l'Algérie a simplement triché pour ajouter le caftan à son dossier à l'UNESCO. En 2024, le pays avait soumis un dossier auprès de l'UNESCO pour reconnaitre l'habit traditionnel de l'Est algérien. Le dossier portait initialement l'intitulé suivant: « Le costume féminin de cérémonie dans le Grand Est de l'Algérie : savoir-faire associés à la confection et à la parure de la « Gandoura » et de la « Melehfa ». Et voici la description de ces tenues sur le site de l'UNESCO: » La Gandoura et la Melehfa sont des tenues traditionnelles portées par les femmes dans le Grand Est de l'Algérie à l'occasion de fêtes telles que les mariages, les cérémonies et les festivités nationales et religieuses ». La Gandoura y est décrite comme « une longue robe évasée en satin ou en velours, brodée de motifs floraux et animaliers à l'aide de techniques telles que le fil d'or et le perlage », tandis que la Melehfa est considérée comme « un vêtement large et drapé, soutenu sur les épaules par deux broches en argent et à la taille par une longue ceinture en laine teintée. L'excédent de tissu est replié sur la poitrine et vers l'arrière. Il est complété par un turban ou un foulard orné de pendentifs ou d'un diadème ». Le dossier ne contenait aucune mention au caftan et même la description n'y fait pas référence, à l'époque avait créé une réaction immédiate du Maroc qui a dénoncé l'utilisation d'images de caftans marocains, précisément le Caftan Nt'âa originaire de Fès, dans le dossier algérien qui devait concerner à la base la Gandoura et le Melehfa uniquement. Cet ajout insidieux, a permis cette année à l'Algérie de revendiquer d'inclure le mot caftan dans son intitulé. En effet, la délégation algérienne a demandé au Comité avec insistance dans une démonstration qui avait laissé tous les pays membres perplexes, que l'ordre du jour soit modifié. L'Algérie souhaite modifier l'intitulé de son dossier soumis en 2024 avant l'inscription du Caftan au nom du Maroc afin de lui en soutirer la propriété. Cependant le Comité a proposé de traiter cette demande plus tard, mais face à la réticence de l'Algérie, il a proposé un vote à bulletins secrets conduisant la délégation algérienne a suspendre la séance pour appeler « la capitale » et demander son avis. Voyant que le vote pourrait lui barrer la route face à cette modification d'intitulé, la délégation algérienne est revenue sur sa position en acceptant finalement la proposition du bureau du comité de l'UNESCO. Cela a conduit au changement du nom de dossier algérien, mais seulement après que le Caftan soit enregistré comme étant marocain. La manoeuvre algérienne a donc permis de changer l'intitulé initial en : « Habits de cérémonie féminin du Grand Est algérien : savoir-faire et techniques liés à la confection et à la décoration de la gandoura, du mlehfa, du caftan, du qat et du lahaf ». Le comité a également approuvé la modification du dossier intitulé « Rituels et savoir-faire artisanaux liés à la tradition de la robe de mariée de Tlemcen », inscrit sur la liste représentative depuis 2012, en y ajoutant la mention « la robe caftan ». Ce changement de nom opéré un an après son inscription originale, et après l'inscription du caftan marocain, est considéré par la diplomatie algérienne comme une « reconnaissance claire ». Le ministère algérien des Affaires étrangères admet par ailleurs avoir fait des manigances, en soulignant « l'aboutissement mérité des efforts constants et inlassables » déployés par l'État algérien.