Selon un long dossier publié par le quotidien espagnol El Mundo, le Maroc est désormais perçu comme bien plus qu'un simple outsider continental. Pour le journal madrilène, le Royaume a construit, au fil des années, un véritable modèle sportif alliant compétitivité internationale et structuration institutionnelle, faisant des Lions de l'Atlas un sérieux candidat à la domination du football africain dans les années à venir. La performance historique du Maroc lors de la Coupe du monde 2022 au Qatar, conclue par une demi-finale inédite, est décrite comme un tournant majeur. Mais pour El Mundo, cet exploit n'est pas une fin en soi : il s'inscrit dans une ambition plus large, désormais clairement orientée vers la conquête de la Coupe d'Afrique des Nations, un trophée qui échappe au Maroc depuis 1976. Dans cette optique, le journal relaie une déclaration sans détour de Walid Regragui : « Il n'est pas normal que le Maroc n'ait remporté qu'une seule CAN. Notre mission est de changer cette réalité». Une phrase qui résume l'état d'esprit d'une sélection hôte de la CAN 2025 et plus que jamais attendue au tournant. Toujours selon El Mundo, la réussite actuelle du football marocain repose sur une stratégie pensée depuis près de vingt ans. Celle-ci s'appuie notamment sur l'intégration progressive de joueurs issus de la diaspora européenne, convaincus de rejoindre un projet sportif crédible et ambitieux. Aujourd'hui, une grande partie de l'effectif est née ou formée à l'étranger, notamment en France, en Espagne, aux Pays-Bas, en Belgique ou au Canada. Des cadres comme Achraf Hakimi, Yassine Bounou, Brahim Díaz ou Nayef Aguerd incarnent ce mélange entre formation européenne et identité marocaine. La seule exception notable reste Lamine Yamal, qui a choisi la sélection espagnole. Le quotidien espagnol insiste également sur la transformation psychologique opérée sous Regragui. Le sélectionneur aurait identifié comme principal frein historique du Maroc un complexe d'infériorité face aux grandes nations. Un blocage mental qui a été brisé au Qatar, où les Lions de l'Atlas ont éliminé l'Espagne et le Portugal avant de tomber face à la France. Sur le plan structurel, le Maroc a engagé plus de 1,8 milliard d'euros dans ses infrastructures sportives. Centres de formation, terrains homologués FIFA, rénovation de neuf grands stades : tout est pensé dans la perspective de la Coupe du monde 2030, organisée conjointement avec l'Espagne et le Portugal. El Mundo met notamment en avant le futur stade Hassan II de Casablanca, qui pourra accueillir jusqu'à 115 000 spectateurs et que le Maroc souhaite proposer pour la finale du Mondial. Les résultats des équipes de jeunes confirment cette montée en puissance. Le Maroc a remporté la CAN U23, disputé la finale de la CAN U17 et surtout décroché un titre mondial U20 au Chili, en battant des nations comme l'Espagne, le Brésil, la France ou l'Argentine. Pour le média espagnol, ces performances traduisent la solidité d'un vivier désormais capable d'alimenter durablement l'équipe A. Reste, selon El Mundo, une étape décisive à franchir : transformer cette supériorité structurelle et générationnelle en un titre africain. La CAN 2025 représente ainsi un moment clé, non seulement pour enrichir le palmarès, mais aussi pour affirmer le Maroc comme une véritable puissance du football mondial à l'approche de 2030.