L'augmentation des frais d'inscription Campus France par l'institut Français à l'encontre des étudiants extra-européens, a suscité une vague de colère chez les Marocains, nombreux à vouloir poursuivre leurs études dans l'Hexagone. Des universités françaises ont même « compati » et décidé de les exonérer des frais supplémentaires. Manifestations, indignation sur les réseaux sociaux et baisse du nombre de candidatures pour l'année scolaire 2019-2020, la Directrice Générale de l'Institut français du Maroc (IFM), Clélia Chevrier Kolačko se confie à Hespress Fr et fait le point. Les Marocains sont classés parmi les premiers étudiants étrangers en France, hors Union Européenne, avec 38.000 candidats. En novembre dernier, le gouvernement français a annoncé, via un communiqué de presse, l'augmentation des frais de scolarité pour les étudiants extra-européens, passant de 170 euros à 2770 euros en licence, et de 243 et 380 euros en master et doctorat à 3770 euros. Une décision qui n'a pas été du goût des nombreux marocains souhaitant poursuivre leurs études en France. Dans ce sens, Clélia Chevrier Kolačko, Directrice générale de l'Institut Français du Maroc (IFM) s'est exprimée sur le sujet et a déclaré à Hespress FR que la décision de son gouvernement d'augmenter les droits d'inscription pour les nouveaux étudiants extra-européens, s'inscrit dans « le cadre d'une nouvelle stratégie basée sur l'amélioration des conditions d'accueil des étudiants internationaux et de la politique des visas, mais aussi pour offrir davantage des bourses, notamment aux étudiants du Maghreb et de l'Afrique francophone« . La question qui se pose en revanche est, est ce que la loi pour l'augmentation des droits d'inscriptions pour les étudiants extra-européens (dont les Marocains) a bien été adoptée ou pas ? Clélia Chevrier Kolačko a précisé « qu'un décret de loi sera » prochainement « adopté ». Des Universités françaises exonèrent les étudiants extra-européens des frais supplémentaires Après la polémique suscitée suite à cette décision « soudaine » du gouvernement français, plusieurs universités françaises ont « compati » avec les centaines d'étudiants étrangers désirant poursuivre leur cursus universitaire en France en les exonérant des frais supplémentaires. L'université Lyon 2 a même publié un communiqué dans ce sens, soulignant que la décision d'augmenter les frais de scolarité pour les étudiants extra-européens n'est « ni pertinente ni juste, car elle concerne des étudiants parmi les plus fragiles et bat en brèche le principe d'égalité de traitement entre usagers du service public de l'enseignement supérieur et de la recherche ». Interrogée sur l'initiative de ces universités, la Directrice Générale de l'IFM a confié à Hespress Fr que « La ministre de l'Enseignement supérieur, Mme Vidal, a rappelé aux universités lors d'une question au Sénat le 16 janvier qu'elles sont des établissements publics, opérateurs de l'Etat [qui] portent les politiques publiques décidées par l'Etat ». Autrement dit, ces établissements seraient dans l'obligation de mettre à exécution cette décision. Une baisse des candidatures des étudiants Marocains ? Cette « augmentation accablante » a suscité nombre de réactions indignées sur les réseaux sociaux. Mais pas que! La PEEP, Association des Parents d'élèves de l'enseignement public français au Maroc, s'est mobilisée le 16 Janvier à Casablanca pour dénoncer cette mesure prise par le gouvernement de Paris, en précisant que « le plus grand nombre d'étudiants extra-européens en France vient du Maghreb et plus précisément du Maroc ». Invitée à commenter la « baisse remarquable » des inscriptions à la procédure Campus France pour la rentrée scolaire 2019-2020, Clélia Chevrier Kolačko a estimé que « c'est normal », relevant que le gouvernement français s'attend bien sûr à « une baisse du nombre de candidats ». « Les réformes génèrent toujours des périodes de rééquilibrage. Seules les inscriptions en 1ère année de licence sont actuellement enregistrées, et les chiffres sont encore provisoires. Ces inscriptions ne constituent en outre qu'une partie du flux de candidats marocains vers la France. Les chiffres les plus pertinents pour analyser l'impact de la réforme seront obtenus en fin de processus, sur le nombre d'étudiants effectivement sélectionnés par les universités et ayant rejoint leur faculté à la rentrée universitaire», explique Clélia Chevrier Kolačko. Notons également que M'jid El Guerrab, député de la 9e circonscription des Français de l'Etranger, a décidé de porter l'affaire devant l'Assemblée Nationale et alerter le gouvernement. Selon lui, « la multiplication par quinze des frais d'inscription à l'université pour les étudiants étrangers hors Union européenne a d'ores-et-déjà eu des effets catastrophiques et ce, ne serait-ce que pour le dépôt des dossiers ». Soutenu par de nombreux autres parlementaires, M'jid El Guerrab a déclaré via un communiqué qu'il « continuera à se battre pour que le gouvernement prenne conscience que cette mesure, appliquée de manière uniforme, n'est pas dans l'intérêt de la France et de son influence dans le monde ».