Meurtre de trois collègues. C'était un dimanche ordinaire au commissariat de Mechraa Belksiri, une petite ville de 30 000 habitants située dans la région de Gharb-Chrarda-Beni Hssen sur la rivière de Sebou. Rien ne laissait présager qu'un drame allait se produire en cette matinée ensoleillée, et pourtant la petite ville a été secouée par une fusillade qui a éclaté dans le commissariat de la ville faisant trois morts. Un incident tragique qui a bouleversé tout le Maroc et au cours duquel un policier a délibérément ouvert le feu tuant trois de ses collègues. Un triple meurtre, dont les mobiles restent encore inconnus et qui soulève de nombreuses questions, même si les médias, s'étant emparés de l'affaire, semblent avoir une idée sur les causes et les circonstances. En effet, certains ont affirmé que le brigadier (H.B) qui a abattu « quatre » de ses collègues avec son arme de service, et non pas trois, se serait suicidé portant ainsi le bilan de cette tragédie à cinq morts. Une information totalement fausse, puisque les communiqués officiels sont sans équivoques : il s'agissait d'un policier qui a tué trois de ses collègues, dimanche 10 mars dernier, avec son arme de service. Selon la même source, le meurtrier présumé aurait été arrêté par les services de sécurité et une enquête a été ouverte, alors que son motif était pour l'heure inconnu, même si l'hypothèse du coup de folie passagère semble être privilégiée par le ministère de l'Intérieur qui a noté que l'homme se trouvait dans un « état hystérique » et que la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a dépêché sur place une commission de la centrale comprenant un psychiatre. Une version qui ne convainc pas les médias qui contestent cette hypothèse. Ils affirment ainsi que ledit brigadier aurait multiplié les demandes auprès de sa hiérarchie pour regagner la ville de Tétouan, d'où il est originaire et qu'il avait été muté à Mechraa Belksiri, suite à une sanction disciplinaire. Il aurait subi la pression de son supérieur immédiat qui ne cesse de lui ordonner de porter l'uniforme de police. Il aurait même pris quatre otages dans le bureau du commissaire et aurait exigé la présence des hauts responsables de la DGSN en échange de leur libération. Mais les négociations n'ont rien donné. Il passe alors à l'acte, en tuant trois de ses collègues. D'autres estiment que l'affaire relevait plus du règlement de compte entre collègues parce qu'ils lui auraient interdit d'exercer sa permanence au barrage de police à l'entrée de la ville. Le meurtrier présumé, âgé d'une cinquantaine d'années, marié et père de cinq enfants, qui cumulait les crédits et souffraient d'une importante crise financière, n'aurait pas supporté cette pression continue. Enfin, d'autres sources indiquent que le coupable présumé aurait émis de graves accusations à l'endroit de ses collègues et ses supérieurs, tentant ainsi de justifier son acte. Faisant face à cette situation et pour mettre fin aux rumeurs et différentes versions relayées par les médias, le procureur général du Roi près la Cour d'appel de Kénitra a fait une mise au point, en publiant un communiqué qui affirme que l'enquête était toujours en cours. « Le procureur du Roi près la Cour d'appel de Kénitra a tenu à préciser que pour lever toute confusion, l'enquête était toujours en cours pour déterminer les circonstances, les tenants et les aboutissants ainsi que les responsabilités dans cette l'affaire. Il a également indiqué qu'il sera saisi de l'affaire dès l'achèvement de l'enquête pour prendre la décision qui convient à la lumière des conclusions de cette enquête », souligne-t-on dans le communiqué. Notons que le supérieur hiérarchique de H.B a été présenté aux enquêteurs pour complèment d'enquête. A signaler par ailleurs, que le directeur général de la Sûreté nationale, Bouchaib Rmail, s'est déplacé le jour même du drame à Machraâ Belksiri pour soutenir les familles des trois policiers tués. Des meurtres, mais aussi des suicides Le triple meurtre qui a secoué Mechraa Belksiri dernièrement n'est pas la seule tragédie à avoir touché les rangs de la police ces derniers temps. En effet, une série de suicides a été signalée. En 2012, au moins quatre policiers se sont suicidés au Maroc, dont trois dans la seule ville de Casablanca. Récemment, à Settat, un policier s'est ainsi donné la mort à l'aide de son arme de service dans les locaux de la Direction de la surveillance du territoire (DST), dont il assurait la garde. L'homme, âgé de 47 ans, se serait tiré une balle dans la tête, laissant à côté de lui une enveloppe contenant un message dans lequel il explique avoir eu des démêlés avec la justice. Un autre policier de Larache s'est donné la mort dans un commissariat, en se tirant une balle dans la tête avec son arme de service. L'homme âgé de 40 ans se serait suicidé en raison de problèmes conjugaux ; il était en instance de divorce en raison de sa stérilité. Aussi, un agent de la préfecture de police de Casablanca-Anfa a mis fin à ses jours avec son arme de service aussi à son domicile à Hay Hassani. Selon les investigations de la police, il serait passé à l'acte ultime pour des raisons sentimentales. Un autre policier de Casablanca, marié et père de trois enfants, s'était lui aussi suicidé à l'aide de son arme de service à son domicile, quelques mois plus tard. Par - Hafsa Sakhi, LE MATIN www.lematin.ma