Le développement de l'Oriental ne se fera pas sans un port capable de répondre à la forte sollicitation des zones industrielles en construction et des sites touristiques en cours de création. Il y aura dans les années à venir de plus en plus de passagers et de marchandises devant transiter par Nador. A cela, l'Office d'exploitation des ports est préparé grâce à d'importants investissements déjà consentis. Hassan Mzerma explique que tout est déjà prêt. LGM : La région de l'Oriental s'apprête à faire sa mue et à devenir un grand pôle agricole, industriel et touristique. Ce qui sollicitera beaucoup les infrastructures portuaires. Vous y êtes-vous préparés ? Hassan Mzerma : Avant de répondre à cette question, je dois rappeler que Nador est un port polyvalent ou s'exercent trois activités ; à savoir la pêche, le commerce et le transit des passagers. Il est vrai que la région avec les importants chantiers qui sont lancés connaîtra une croissance forte des activités commerciales et de transport de passagers. Et l'ODEP a bien anticipé les besoins à venir. Il faut dire que les chiffres parlent d'eux-mêmes. En effet, notre capacité de traitement de marchandises se situe aujourd'hui à 10 millions de tonnes alors que, le trafic annuel actuel n'est que de 2,5 millions, soit 25% seulement des possibilités offertes par nos installations. Cette croissance à laquelle vous faites allusion est donc la bienvenue, et nous sommes parfaitement en mesure d'y faire face. Quel rôle joue l'ODEP de Nador dans ces projets ? Le port est partie prenante de ces chantiers d'industrialisation de la région. En effet, il s'agit de la mise en place à Nador de deux zones franches. La première, destinée à la logistique, est située dans le domaine portuaire, la seconde, extra-portuaire, est purement industrielle. C'est l'ODEP qui a viabilisé lui-même la première zone d'une superficie de 37 ha. Les travaux, qui ont nécessité une enveloppe de 22 millions de dirhams sont terminés depuis le mois de juin dernier. L'enrichissement du tissu industriel de la région de Nador permettra sans conteste de doper le trafic portuaire, mais nous sommes bien préparés. Pour ce qui est du trafic routier, constitué des camions de transport international routier (TIR), je dois signaler qu'actuellement, le Port de Nador fait transiter quelque 6000 véhicules seulement, ce qui reste limité par rapport au port de Tanger qui, à lui seul, assure le transit de 140.000 et Casablanca qui représente plus de 20.000 camions, sachant que la capacité du port de Nador dépasse les 150.000 unités. On sait qu'avec Saïdia, une bonne partie des touristes choisiront de prendre la voie maritime. Etes-vous également dans la même configuration de surcapacité ? Concernant le trafic de passagers, force est de constater qu'avec ses 20 ha de superficie et ses installations modernes, le port de Nador dispose de la plus grande gare maritime de l'Afrique du Nord dont la capacité est de 6 millions de passagers. Je dois formuler là également la même remarque dans la mesure où, notre trafic actuel de passagers est d'environ 900.000, soit moins de 15% de nos capacités. Cela veut dire qu'avec la finalisation du projet de Saïdia et ses 500.000 touristes attendus, nous avons les moyens matériels de faire face à la demande même durant la haute saison. Le Nord envisage de devenir la Costa del Sol marocaine. Nador se prépare-t-il à recevoir des croisiéristes ? Aujourd'hui nous faisons tout pour attirer autant de trafic que possible. Je ne vous cacherai pas que nous avons un intérêt certains pour la niche des bateaux de croisière. Nous voulons suivre le pas de Casablanca, Agadir et Tanger. Dans ce sens, nous avons déjà contacté certains tours opérateurs croisiéristes que nous allons fidéliser. Les activités d'animation prévues avec le site de Saïdia et certains projets touristiques destinés à valoriser l'arrière pays de l'Oriental et du Nord ne pourront que susciter le développement de cette niche Cela veut-il dire que les investissements seront limités durant les années à venir ? Tout ce qui précède me pousse à dire que nous n'aurons besoin de faire que très peu d'investissements, surtout en ce qui concerne les infrastructures. Il reste que les équipements auront besoin d'être renforcés afin de pouvoir utiliser dans des conditions optimales cette infrastructure. D'ailleurs, l'ODEP a consacré à cet effet une enveloppe globale de plus de 100 millions de dirhams dans son plan de développement 2005-2009. On parle de la reconversion du port de Nador qui pourrait recevoir l'un des plus grands terminaux pétroliers d'Afrique. Qu'en est-il au juste ? Nous avons reçu la visite d'investisseurs étrangers à la recherche d'un site portuaire pour la réalisation d'une grande raffinerie. L'atout majeur du port de Nador demeure la disponibilité de terrains dans la zone portuaire et également dans la zone industrielle de Selouane située à 20 km du port. Avec la construction de Tanger Med et de la Rocade méditerranéenne, ne risque-t-on pas de voir les opérateurs économiques se tourner vers ce nouveau port ? Nous ne sommes pas du tout inquiétés par la construction du port de Tanger Méditerranée, au contraire cela peut être une opportunité pour le port de Nador. De plus, notre trafic est essentiellement un trafic basé sur la proximité, aussi bien en ce qui concerne les passagers que pour ce qui est des marchandises. Comment se présente l'avenir de Nador ? Vous savez, grâce aux projets qui sont en train de voir le jour, nous ne pouvons qu'être confiants. Avec la réalisation des grandes infrastructures routières, autoroutières et ferroviaires (rocade méditerranéenne, autoroute Fès – Oujda, voie ferrée Nador – Taourirt) et la réalisation de grands parcs touristiques et industriels, notre région est en train d'avancer vers le développement initiée par les pouvoirs publics à l'instar des autres régions du Royaume. Cap sur le confort et la productivité Au niveau des infrastructures, Nador est fin prêt. "Cela n'empêche que le port est actuellement en train de renforcer considérablement ses équipements ainsi que ses espaces d'accueil afin de répondre au mieux aux besoins de l'opération transit et des opérateurs économiques", explique Driss Lefdaoui, chef de la division infrastructure au port de Nador. Dans ce sens, l'ODEP projette de procéder à l'aération de la passerelle fixe à la gare maritime pour le confort des piétons. Quand on réalise que les flux les plus importants sont enregistrés en période estivale on réalise toute l'importance d'une telle action. De plus, des aires de repos de plusieurs centaines de m2 seront aménagées pour les piétons. Toujours dans ce même souci de rendre le transit agréable et de répondre aux flux importants, il est prévu l'extension de la passerelle fixe aux postes 3 et 4 de la gare maritime. De même, le re-profilage, c'est-à-dire le revêtement des terre-pleins s'inscrit dans cet objectif. L'ODEP Nador s'apprête également à acquérir des défenses de quai pour la sauvegarde des infrastructures portuaires. Concernant les marchandises, deux grues de 40 tonnes seront achetées prochainement pour améliorer la productivité ainsi que quatre chargeuses de 1,5 m3 et des élévateurs de 20 tonnes.