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Le Dahlia noir de Brian de Palma d'après James Ellroy
Publié dans La Gazette du Maroc le 20 - 11 - 2006

Une partition filandreuse, académisme vieillot, personnages mal dégrossis tenus par des acteurs flottant dans leurs costumes et gros problèmes narratifs. Même les grandes séquences maniéristes brouillonnent, par manque de motivation, par une absence totale de sens. Chacun sait que l'auteur de Carrie, des Incorruptibles et de L'Impasse a toujours travaillé sur l'idée de salissure et de putréfaction en «déflorant» les images idéales des autres. Ici son oeil semble gagné par cette gangrène, ce qui rend le film immensément triste et paradoxalement élégant.
James Ellroy et Brian DePalma. Le type de rencontres qui doivent faire du bien ou du mal. Il y a le romancier fasciné par les faux-semblants du cinéma. Et le réalisateur dont la filmographie («Pulsions», «Blow Out», «L'impasse», «les Incorruptibles»...) témoigne d'une fascination obsessionnelle pour le crime et la manipulation. Entre les deux, un livre culte, «Le Dahlia noir». Un monument de noirceur inspiré d'un fait divers réel et qui entretient des liens secrets avec la biographie de l'auteur. En gros, c'est cela l'arrière petite histoire du film.
De quel De Palma parle-t-on ?
Le Dahlia noir est une longue errance bornée. Une dérive langoureuse entre grosses fatigues, résurgences improbables et éclats de film noir d'une envoûtante beauté, qui trouvent un impact pictural bouleversant. Mais, par sa structure morcelée, le film est semblable au corps charcuté d'Elizabeth Short : un objet cliniquement mort, réveillé par le fantasme qu'il suscite en mille échos cauchemardesques ressassés à l'infini. Mythe de la résurgence impossible que chaque cinéaste en bout de course voudrait en vain toucher du doigt mais que seul Brian De Palma, par sa pugnacité d'autiste, parvient in extremis à atteindre. L'atmosphère se veut malsaine, poisseuse : des meurtres horribles, des trahisons à n'en plus finir, et des personnages complètement névrosés. Avec, de temps à autre, un zest d'humour. Mais un humour très noir, à l'image de cette scène mémorable de dîner chez les riches Linscott, où Bucky se trouve confronté aux parents déjantés de sa petite amie. Un père qui raconte en souriant que Balto, le chien empaillé dans l'entrée, a en fait été tué et gardé en souvenir du jour où son maître a gagné son premier million de dollars. Une fille qui fait des dessins pornographiques à table, et une mère complètement hystérique. Portrait acide d'une riche famille décadente sur fond de conflit de classes -Bucky se voit vertement reprocher son origine modeste par la très marrante marâtre. C'est très drôle, jouissif même. Peut-être aussi parce que c'est un des rares moments où de Palma prend un peu ses distances avec l'intimidant support littéraire.
La première partie du «Dahlia noir» version De Palma pastiche l'esthétique du film noir des années 40. Situations archétypales, flics douteux, femmes fatales... Le cinéaste signe une reconstitution soigneuse, glaciale, presque morbide. Du bon travail, rigoureusement mis en scène, séduisant pour l'oeil... mais aussi frustrant, car un tantinet désincarné et, ce faisant, aux antipodes de l'intensité malsaine du livre d'Ellroy. Curieusement, le film bascule à mi-parcours. A mesure que les flics se perdent dans les méandres de l'enquête, De Palma traverse les apparences et se rapproche ainsi de son modèle littéraire. Il met en scène les simulacres de ses personnages et fixe leur démence. Triture l'imagerie hollywoodienne et montre ses soubassements putrides. Au final, l'adaptation du «Dahlia noir» renvoie avant tout à... De Palma, cinéaste qui a toujours hésité entre formalisme esthétisant et exploration dérangeante des fantasmes et névroses. Le charme de ce film inégal réside dans son ambiguïté peut-être inconsciente, dans cette hésitation entre expertise des gouffres et hommage suranné au cinéma classique.
L'ombre du pavé du maître
Qu'attendre du nouveau De Palma ? Depuis Snake Eyes, l'ex maître du thriller n'a cessé de décevoir, avec des ratages tels que l'affreux Mission to Mars et l'oubliable Femme Fatale, film dans lequel il frisait l'autoparodie. Sauf que là, le réalisateur tient un scénario, un vrai. Le Dahlia Noir, chef d'œuvre de l'écrivain James Ellroy (également auteur LA Confidential, porté à l'écran avec bonheur par Curtis Hanson) est sans doute le polar le plus marquant des vingt dernières années. Du solide, donc, et l'occasion pour De Palma de tenter de retrouver le brio de ses débuts, du temps d'Obsession ou de l'Impasse.
Mais le Dahlia Noir va forcément décevoir, à commencer par les inconditionnels du roman. Le thriller d'Ellroy est complexe, virtuose, foisonnant. Un livre difficile à transformer en film. De Palma s'en sort à moitié. Obligé d'élaguer l'intrigue très compliquée de ce pavé de plus de 600 pages, il en retient ce qui l'intéresse. D'où l'impression frustrante d'avoir une version «light» du roman, trop simpliste, dont les personnages, réduits à des archétypes, peinent à exister pleinement. Mais d'un autre côté, on retrouve avec plaisir les obsessions hitchcockienne de De Palma, puisées par le réalisateur dans le roman. Faux semblants, jeux de doubles et voyeurisme. Avec toujours ce maniérisme un peu tape-à-l'œil à base de travellings, plans séquences et ralentis à gogo. De ce côté-là, les amateurs de la «De Palma touch» seront servis, Le Dahlia Noir regorge de ces moments de bravoure dont le réalisateur s'est fait une spécialité.
Le reste du film est trop illustratif, trop léché et superficiel pour être dérangeant, malgré d'excellentes prestations de la part des acteurs. Scarlett Johansson confirme ainsi, tout comme Aaron Eckard, son indéniable talent de camélon; Hilary Swank (qui casse ici avec bonheur son image de gentille fille de la campagne) et Josh Hartnett (très bon) la montée en puissance de la jeune génération à Hollywood. Peut-être ici un peu trop glamours pour être totalement crédibles, néanmoins. Pas un grand film. Ni un grand de Palma. Mais un polar efficace traversé de quelques scènes brillantes. Manque la noirceur, le côté malsain dont le roman d'Ellroy était imprégné. Décevant de la part de l'auteur de Carrie, qui nous sert sur un plateau d'argent un Dahlia sans arôme, un poil trop sucré.
Réalisé par Brian De Palma
Avec Josh Hartnett, Aaron Eckhart, Scarlett Johansson, Hilary Swank, Mia Kirshner, Mike Starr, Fiona Shaw, Rachel Miner, Victor McGuire, Troy Evans, James Otis, ...
Actuellement en salles au Maroc


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