L'affaire des faux sinistres avait éclaté le 18 février dernier. Jusqu'à présent, la police judiciaire a procédé à l'arrestation et la présentation devant la justice de plus d'une trentaine de présumés escrocs en fonction de trois procédures. Plus de 14 autres avis de recherches sont encore lancés contre des personnes associées à cette affaire. La semaine dernière, 12 accusés ont été présentés devant la justice pour escroquerie, complicité, faux et usage de faux. L'inspection générale de la société Axa-Assurances Maroc a constaté par hasard certains éléments douteux dans des dossiers d'accidents de la circulation avec dégâts matériels et corporels dont les noms des victimes revenaient souvent. Le périmètre des lieux des accidents déclarés par les victimes ne dépassait pas les 5 kilomètres. L'affaire remonte au 18 février 2006 lorsque Hassan Fatihi, conseiller juridique de cette société d'assurance s'est présenté à la police judiciaire pour confirmer la plainte déposée au Parquet. Le 9 novembre courant, pour la troisième fois, la P.J. a présenté devant la justice 12 autres présumés escrocs et complices dans cette affaire. Il s'agit d'un troisième groupe composé de Abdelghani J. commerçant, M'Barek J. chauffeur, Mohamed C. marchand ambulant, Ahmed N. directeur de société, Saadia Z. et Mohamed A., employés dans une agence d'assurance, Allal Z., employé, Ahmed O. et Abdelâali C. experts-ingénieurs. Plus de 14 autres avis de recherche à l'échelle nationale ont été lancés contre des suspects dans cette affaire qui a conduit devant la justice plus d'une trentaine d'accusés qui constituaient en fait un réseau allant du motocycliste au directeur de l'agence de courtage en passant par l'expert, le tôlier et la secrétaire. Tout ce beau monde trouvait son compte dans les fausses déclarations d'accidents de la circulation... A rappeler que le 23 octobre dernier, la police des frontières de l'aéroport Mohammed V a livré un certain Bouchaib N. à la brigade judiciaire suite à un avis de recherche qui date de février dernier. Bouchaib revenait d'Italie d'où il a été refoulé. C'est le doute d'une part et l'acharnement des présumés escrocs, d'autre part, qui ont été à l'origine de l'éclatement de cette affaire durant la dernière semaine du mois de février dernier. Grâce à l'arbitrage du tribunal ou à l'arrangement à l'amiable, après présentation des factures et des certificats médicaux, les bénéficiaires d'indemnités, sur des dégâts corporels dûs à des accidents de la circulation, donnaient l'impression que le mauvais sort s'est jeté sur eux, parce qu'ils sont à chaque fois victimes d'un accident. Et cet acharnement a mis la puce à l'oreille des experts de la société d'assurance Axa-Maroc. Certificats de complaisance L'inspection générale de la société d'assurance a également relevé la présence de certificats médicaux émanant du même médecin. Le médecin en question exerce dans un hôpital public à Casablanca. Le représentant juridique de la société d'assurances en question a livré à la police des données précises sur l'affaire en s'appuyant sur le nombre d'accidents, en peu de temps. Les personnes intéressées sont presque les mêmes ou ont des liens de parenté. Au moins six frères font partie du lot, sans parler des beaux-frères et des cousins qui seront dévoilés par l'enquête de la police. Le bien fondé de ces données, selon l'enquête menée par la P.J. a conduit les enquêteurs à deux frères, Bouchaib et Abderrahmane exerçant respectivement à l'arrondissement urbain des Roches noires et d'El Fida. Aussitôt avertis, ils prendront la fuite et font actuellement l'objet d'avis de recherche. Quatre de leurs complices, Abdelmajid, Hicham, Ahmed et Rachid ont été arrêtés et ont avoué qu'effectivement, ils simulaient des accidents de circulation se basant sur des certificats médicaux de complaisance. Tout en délivrant les chèques des indemnités, la société d'assurance ne comprenait pas comment presque les mêmes personnes sont victimes d'accidents sur les mêmes lieux, à quelques dizaines de mètres près. Mais il restait un complice. Bouchaib N., né en 1970, marié et père d'un enfant. Il était fonctionnaire à la commune des Roches Noires. Lorsque l'affaire a éclaté au mois de février et qu'il a vu ses complices sous les verrous, il a pris la fuite. Comme nous l'annoncions dans nos précédentes éditions, refoulé d'Italie, Bouchaib s'est retrouvé entre les mains de la police judiciaire suite à un avis de recherche lancé contre lui depuis le déclenchement du scandale. Ainsi peut-on dire que Axa-Maroc n'assure pas que les usagers de la route. Elle assure aussi ses faussaires de l'ombre à Oukacha. Le lot comprend près de 60 accusés et complices qui n'auront pas à s'acquitter du montant de la prime d'assurance.