Le Monde, F. Arsalane (bis), A. Tawfik Le Monde. Voilà une référence, une autorité et un titre prestigieux. Mais, il n'est de véritable déception que de ce qu'on admire. Le Monde n'a jamais eu de cesse à nous “tenir à l'œil”. Jalousement, on dirait : “et si l'on ne devient pas amoureux avec tout ça, c'est qu'on a été mal élevé”. Les collègues, toujours prompts à nous servir, ne peuvent se le permettre. Avec toutes ces années au service de la déontologie ? Quand même. Et surtout, qu'ils nous aiment tant, nous chérissent à tel point qu'ils en deviennent aveugles. Ce n'est là, parbleu, qu'euphémisme. L'amour rend aveugle. Ou louche. Optiquement parlant. Et les héritiers de feu Hubert Beuve-Méry, que Dieu l'ait en Sa Sainte Miséricorde (pardonnez-nous cet atavisme un peu spirituel, chers collègues) entretiennent avec notre pays un amour double. Comme disait l'écrivain français lui aussi, François Mauriac, de l'Allemagne. Il l'aimait tellement qu'il était ravi qu'il y en ait deux. Les amis de Stephen Smith perpétuent la tradition avec un petit aiguillage vers le sud. Nous. Il y a le Maroc de l'exception. Celui auquel Le Monde a dédié un édito des plus élogieux. Le Maroc qui se surpasse, avance, rêve. Celui-là est connu. Il y a-amour oblige - un deuxième Maroc. Il est anonyme, mais ô combien fidèle à l'image que les poulains de Jean-Marie Colombani se font de notre exotisme “bananier”. Celui d'un pseudo “comité d'action des officiers libres” des forces armées qui a fait son apparition ici, au Maroc. “Dans un communiqué transmis cette semaine à la presse étrangère, lit-on dans l'édition du mercredi 18 octobre courant, ses signataires - de jeunes officiers anonymes opérant au Sahara occidental - selon Le Monde toujours, dénoncent le pouvoir des généraux”. Plus encore. “Menaçant de passer à l'acte, le groupe demande au Roi Mohmmed VI de prendre en considération leurs revendications”. Est-ce le hasard qui a fait que ce pseudo comité soit apparu au lendemain de “l'exception marocaine” ? Est-ce le même hasard qui fait que telle atteinte, aussi grave qu'infondée, soit l'œuvre de types “anonymes” ? Le Monde, autorité journalistique qu'il est, doit en savoir quelque chose. Mais, las. C'est la gratuité, rien que la gratuité qui est érigée ici en déontologie. Cette gratuité n'est en rien gratuite. Ni anonyme. En clair, Le Monde qui n'en est pas à son premier forfait à l'égard de ce pays, a délibérément choisi de lui nuire. Autant que le quotidien parisien a délibérément choisi d'être dupe. C'est une volonté de non-savoir. Qui n'en reste pas moins blessante pour notre pays. Malheureusement, la bêtise déontologique, “le bidonnage” annoncé dont est coupable Le Monde, n'est pas le seul mal qui nous vient d'ailleurs. Celle du Monde a “mérité” d'avoir une autre, pareille. Venue d'Alger, elle a été mise “sur la bouche”, comme on dit chez nous de Fathallah Arsalane. Le barbu le plus loquace, après Nadia bien évidemment, a choisi - libre qu'il est - le journal “Al Khabar” algérien du mercredi 16, pour nous faire voir des siennes. “Pourquoi voulez-vous, s'étonne le porte-parole de Al-Adl, que nous participions à des élections dans une société où le taux des analphabètes atteint les 61 % ?” On ne lie parti avec la démocratie, semble-t-il, que si les Marocains, tous les Marocains savent lire les mille et une nuits du politico-soufisme de la jamaâ. Ou encore et simplement : un bon analphabète est un analphabète sans voix. Sans démocratie. Et voici le meilleur :“ou bien penser comme nous, ou bien s'attendre à une explosion sociale”. Menace ? C'est plutôt un manque de vigueur de l'esprit qui donne à un politico-soufi l'allure d'un Cassandre. Et fait, de la superstition un mode de pensée. Comme celle de F. Arsalane, celle de Azzeddine Tawfik n'est pas celle de ce monde. Elle est le fruit de son zèle. Ce jurisconsulte autoproclamé du PJD, universitaire à Casablanca, nourrit l'absurde comme d'autres cultivent les choux. Ou l'illusion, c'est selon. S'adressant aux députés PJD, au cours d'une journée d'étude, l'imam-professeur en a fait des messagers divins : “c'est Dieu qui vous a élus”, a-t-il dit en substance. Et du coup, ce ne sont ni des députés comme les autres, ni des hommes faillibles et vulnérables comme le commun des mortels. Mais une quarantaine d'apôtres “tombés” du Ciel. Avec bien évidemment des Vierge Marie en tête de la liste nationale. Spirituel, tout ça ? A. Raïssouni, le guide du Mouvement, doit certainement en avoir une idée. Amen !