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Les nouvelles règles du jeu d'une profession au bord du gouffre
Publié dans La Gazette du Maroc le 04 - 11 - 2002

Ce qui changera pour le marché de la réassurance mondiale
Confrontées au poids financier des mises effectuées pour la couverture des sinistres qu'elles ont réassurés et des moins-values importantes qu'elles ont engrangées sur leurs portefeuilles de placement, les plus grandes compagnies mondiales de réassurances et d'assurances, réunies la semaine dernière à Baden Baden, ontdéclaré, a l'unisson, la nécessité de revoir leurs grilles de tarifs pour les couvertures de 2003. Elles préparent une hausse des prix pour faire face à de nouveaux risques, qui, estiment-elles, doivent être quantifiés à leur juste prix. Les augmentations seront variables en fonction de la nature des affaires, des régions ou des pays. Une chose est sûre : les entreprises et les particuliers de par le monde verront, l'an prochain, leurs primes taxées lourdement. Ce qui n'est pas, paraît-il, le cas pour le Maroc. Du moins pour le moment. Explications.
Les réassureurs mondiaux jettent les bases d'une nouvelle manière de pratiquer leur métier. La démarche s'impose. L'heure est à la prudence. Les risques inhérents aux affaires assurées ont changé de nature, les réassureurs sont contraints de réfléchir à de nouvelles méthodes de quantification pour les rémunérer ainsi à leur juste prix. La profession est plus que jamais sur le qui-vive puisqu'il y va de sa pérennité même. “C'est en gagnant de l'argent que l'on continuera d'exister”, répétaient-ils à l'envi lors de leur dernier rendez-vous traditionnel, la semaine dernière à Baden Baden, avec leurs clients : compagnies et courtiers d'assurances de différents pays. “La prise en compte du coût des risques dans la nouvelle tarification des couvertures pour 2003 était au cœur de toutes les discussions”, note Mohamed Chraïbi, directeur général adjoint de la Société centrale de réassurances qui
était de la partie. S'agit-il d'un changement fondamental dans l'exercice de leurs activités et, au-delà dans les règles du jeu en vigueur au sein du marché mondial de la réassurance ? Les particuliers et les entreprises doivent-ils s'attendre pour 2003 à des hausses des prix de leurs assurances ? Il est trop tôt pour en juger car le débat interne, au sein même de la profession au niveau mondial, n'est pas clos.
Un premier constat. Les mastodontes de la réassurance sont tous d'accord sur la nécessité d'augmenter davantage les tarifs des couvertures pour 2003. L'augmentation se fera toutefois au cas par cas, suivant la qualité de chaque affaire, chaque région ou chaque pays. Les risques politique et climatique constitueront l'une des bases du calcul de la nouvelle grille des tarifs. De même que les risques spécifiques à certaines branches, comme l'aviation ou l'automobile, doivent être désormais évalués correctement et appréciés à leur juste valeur de risque. La couleur avait été annoncée fin 2001 par les faiseurs du marché mondial de la réassurance. Celui-ci avait déjà connu une augmentation substantielle des primes des couvertures pour l'année en cours. Et pour cause, les difficultés de rentabilité qu'ils ne cessent de rencontrer, conséquence directe des mises importantes effectuées pour la couverture des sinistres survenus suite à la multiplication des catastrophes naturelles et des attentats terroristes de par le monde. Aussi, les moins-values engrangées sur les portefeuilles de placement, occasionnées par l'enlisement ininterrompu des marchés financiers mondiaux, ont été telles que la plupart des compagnies ont procédé à plusieurs reprises à des augmentations de capital. Les investisseurs, eux, ont fui le secteur comme on fui la peste. En effet, le secteur s'est retrouvé de plus en plus déficitaire sur ses métiers de base. Aujourd'hui, il est à moitié à genoux. Pour se relever, les majors joueront essentiellement sur les prix des couvertures. Pendant longtemps, les prix pratiqués répondaient beaucoup plus à la logique de l'offre et de la demande sur le marché, les assureurs se souciaient peu des prix techniques de leurs engagements. Des prix d'équilibre qui devaient, en principe, leur permettre de couvrir l'ensemble des coûts
de production -sinistres, frais généraux et rémunération du capital- et de dégager un profit économique. Les réassureurs tiraient les prix vers le bas parce qu'il y avait les revenus financiers des placements sur les marchés qui leur permettaient d'éponger les déficits. Certaines compagnies mondiales de réassurances, comme Gerling Ruck, rattrapées par le poids financier des sinistres qu'ils ont couverts, ont cessé d'accepter toute affaire en réassurance. Financièrement mal au point, le sixième réassureur mondial, très actif par ailleurs au Maroc, a arrêté, lui, de réassurer les affaires de la branche vie. Le géant allemand a été le plus grand absent de cette réunion annuelle de Baden Baden. De l'avis de plusieurs analystes et observateurs internationaux, il le sera peut-être pour plusieurs années encore…
Retour à la prudence. Les méthodes d'évaluation des risques vont se durcir pour certaines branches. Quantification des risques associés aux affaires apportées à la réassurance et limitation des garanties accordées mais aussi refonte des conditions des traités liant les réassureurs à leurs clients, pour plus de transparence, sont les mots d'ordre qui vont rythmer les négociations avec les assureurs pour les couvertures de 2003.Les sinistres nés des activités automobile, aviation et catastrophes naturelles sont la préoccupation majeure des cols blancs de la réassurance. Contacté par la Gazette du Maroc, le management de Swiss Re, numéro un mondial de la réassurance, explique que “les assureurs doivent de nouveau se concentrer sur l'essentiel lors
de la souscription des risques catastrophiques (environ 10% de dommages/responsabilités civiles et accidents). Durant la prochaine période de renouvellement, il faudra axer les négociations non seulement sur l'adaptation des primes aux risques, mais aussi sur une amélioration de la transparence, sur des responsabilités limitées et sur des conditions de traités plus strictes”. Si, il y a moins de deux années encore, le prix des couvertures était en partie conditionné par la concurrence exacerbée que se livraient les géants de la réassurance sur le marché, celui qui sera appliqué pour 2003 sera celui de l'équilibre. Et uniquement le prix de l'équilibre. L'offre est là si la demande respecte pour autant le niveau d'équilibre : le prix technique. Il fut un temps où les revenus financiers des placements sur les marchés venaient remplir les trous d'air causés par les rabais accordés. Les revenus compensaient le différentiel entre le prix technique et les tarifs pratiqués. Mais c'est une époque à jamais révolue.
Le marché marocain. Pour Saâd Kettani, président-directeur général de Wafa Assurances, “l'augmentation des primes de réassurances au niveau mondial pour les couvertures de 2003 était attendue par toute la profession marocaine. Elle se traduira certainement, au niveau du marché national de l'assurance, par des augmentations de prix”. Et d'ajouter “qu'en tout cas, il est encore trop tôt pour avoir une fourchette des hausses. Il faudra attendre peut-être la fin de l'année en cours pour être fixé”. Un avis que ne partage pas M. Saber, directeur général d'Axa Assurances Maroc, qui, lui, écarte en ce moment toute éventualité d'augmentation des prix des assurances sur le marché pour 2003. Il estime qu' “aucune compagnie d'assurances de la place ne voudra relever dans l'immédiat ses primes”. Le coût de l'augmentation de la réassurance sera, au grand bonheur de leurs clients, pris en charge par les compagnies elles-mêmes. Une éventualité que soutient Ahmed Zinoun, administrateur directeur général de la Société centrale de réassurances. Selon ce dernier, qui avoue que les négociations des couvertures pour 2003 seront très serrées du fait de la taille du marché national, “la profession saura profiter des meilleures offres en faisant jouer pleinement… la concurrence”.
Trois questions à Ahmed Zinoun, administrateur directeur général de la SCR.
Une augmentation des tarifs de l'assurance en vue
“Des compagnies d'assurances nationales, à mon avis, essayeront d'augmenter leurs primes pour 2003. Surtout pour les branches déficitaires ou sous-tarifées du fait des primes pratiquées (…). Elles essayeront peut-être dans un premier temps d'étaler les hausses des prix qu'elles opéreront sur plusieurs années afin de sauvegarder leurs portefeuilles”.
La Gazette du Maroc : En tant qu'acteur majeur de la réassurance au niveau national, présent lors du dernier rendez-vous traditionnel des réassureurs et des assureurs à Baden Baden, quelle interprétation faites-vous des premières conclusions qui en découlent ?
Ahmed Zinoun : Comme vous le savez, le monde a changé après les attentats du 11 septembre. Et ceci pour beaucoup de secteurs et de professions. Le secteur de la réassurance en est un. La multiplication des catastrophes naturelles et des attentats terroristes de par le monde au cours des deux dernières années ainsi que les résultats réalisés dont les pertes enregistrées ont faussé tous les calculs des grandes compagnies mondiales de réassurance, qui se sont retrouvées en charge de la couverture de sinistres dont les risques associés ont été dès le départ très mal quantifiés. S'ajoute à cela la dégringolade des marchés financiers qui leur a fait subir des pertes importantes. Donc, l'environnement financier des réassureurs a changé. Il est tout à fait logique et normal que les règles d'exercice de leurs métiers soient réadaptées en fonction de ces nouveaux changements. Ils vont, pour ainsi dire compenser les pertes enregistrées et satisfaire aux exigences des actionnaires, jouer sur les prix. Pour ce faire, ils devront revenir à des prix techniques. La réévaluation des risques catastrophiques dans la base de calcul du prix des couvertures pour 2003 est en partie à l'origine de ces augmentations. Les réassureurs ne cherchent pas dans l'immédiat à dégager des profits économiques. Tout ce qu'ils cherchent c'est d'une part, l'équilibre entre les primes et les coûts de production et d'autre part, le niveau de rémunération du capital exigée par leurs actionnaires. Ceci dit, les niveaux des augmentations seront négociés de gré à gré, suivant la nature des portefeuilles et les risques qu'ils recèlent. Lors des rencontres des responsables de la SCR avec les réassureurs mondiaux à Baden Baden, nous avons pu nous faire une idée sur leurs nouvelles exigences et des niveaux de hausse des prix qui seront appliqués. Il s'agit, entre autres, essentiellement de la transparence dans le traitement et la présentation des affaires apportées à la réassurance.
Pour un pays comme le Maroc, quels seront les niveaux des hausses de prix appliqués aux compagnies d'assurances ? Et le cas échéant, les entreprises et les particuliers doivent-ils s'attendre à des augmentations de leurs primes ?
Il est encore trop tôt pour répondre avec exactitude à votre question. Il faut attendre les statistiques de l'année en cours pour être fixé. Le marché marocain de l'assurance a poursuivi sa consolidation et son renforcement. Les réassureurs estiment qu'il faudrait que les compagnies marocaines renforcent encore plus leur transparence. En termes simples, apporter plus de clarifications et de précisions aux risques des affaires qu'ils apporteront à la réassurance sera un argument en plus en leur faveur pour bénéficier de conditions appropriées. L'expérience a montré que, parfois, les profils des portefeuilles ne sont pas réels. Et ce pour toutes les compagnies d'assurances mondiales. Ils cachent beaucoup de risques. Si les affaires apportées à la réassurance par les assureurs marocains ne sont pas suffisamment bien détaillées et claires pour un réassureur, il y aura un risque de leur faire appliquer des tarifs excessifs.
Par ailleurs, des compagnies d'assurances nationales, à mon avis, essayeront peut-être d'augmenter leurs primes pour 2003. Surtout pour les branches déficitaires ou sous-tarifées du fait des primes pratiquées. D'autant plus qu'aujourd'hui, elles n'ont plus, paraît-il, la possibilité de compenser les déficits sur les prix techniques par l'excédent financier des placements. Elles essayeront peut-être dans un premier temps d'étaler les hausses des prix qu'elles opéreront sur plusieurs années afin de sauvegarder leurs portefeuilles (risque d'exclusion). Parce que même si elles décident d'augmenter le prix en une fois, elles n'arriveront peut-être pas à des prix d'équilibre pour certaines branches.
Quel rôle jouera la SCR dans les négociations marathoniennes qui s'annoncent, pour justement obtenir auprès des réassureurs mondiaux les meilleurs prix des couvertures de 2003 ?
La SCR est investie avant tout d'une mission nationale, celle de sécuriser le marché et d'essayer de garder le maximum de l'épargne nationale localement. Comme cela a été le cas pour les couvertures de 2002, nous avons essayé, en ce qui nous concerne et pour les compagnies marocaines, d'obtenir les meilleures tarifications. Nous avons joué la carte de la transparence et mis en avant les bons arguments. Tout en faisant bien sûr très attention à la sécurité de nos engagements. C'est-à-dire, à la qualité de signature de nos réassureurs et à leurs capacités financières.
Ce qui est sûr maintenant pour 2003, c'est qu'il y aura des augmentations de prix des renouvellements des traités avec les assureurs. Le Maroc, au même titre que les autres pays, sera sollicité à participer aux pertes engrangées au niveau mondial. C'est dans le cadre de la mutualité. Et, comme vous le savez, le marché a une mémoire. Les relations d'affaires dans l'assurance s'étalent sur des dizaines d'années et les réassureurs en prennent compte dans les négociations.


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