Le richissime homme d'affaires Lahcen Jakhoukh, Marocain basé au Gabon, a finalement remis son chèque au gouvernement pour le rachat de Drapor. Tout est bien qui finit bien, pourrait-on tenter de dire du côté du ministère des Finances et de la Privatisation. Fathallah Oualalou a empoché au nom du gouvernement, le chèque de Satram, société qui a repris Drapor. Le montant s'élève à de 327,6 millions de dirhams. Les rumeurs, faisant état de difficultés pour boucler le financement de son acquisition, qui persistaient ces dernières semaines, ont été dissipées. Elles avaient été alimentées par le report de la cérémonie de remise du chèque prévue initialement le 2 mai 2007 et surtout l'absence d'une communication officielle. Absent lors de la conférence de presse annonçant la reprise de la société étatique de dragage Drapor, chose inhabituelle, Lahcen Jakhoukh, co-propriétaire de Satram, a répondu présent à la cérémonie de remise du chèque. Ce dernier avait osé miser 17 % de plus que le prix minimum initialement retenu pour la cession de Drapor, laissant sur le carreau par la même occasion ses concurrents. Totalement méconnu du monde des affaires marocain, du moins du cercle des décideurs largement médiatisés, Lahcen Jakhoukh, originaire de Ouarzazate, s'était installé au Gabon en 1973 et a réussi à bâtir un véritable empire. En compétition avec 12 autres opérateurs nationaux et internationaux (France, Belgique et Inde), comme Dredging International, Lafarge Ciments, Holmarcom, Delta Holding, Compagnie Offshore, SCRA, Gammon India, le Groupe Libaud, l'entreprise de Lahcen Jakhoukh était sortie du lot. Plusieurs pays d'Afrique noire convoitaient par l'entreprise, principalement en Guinée équatoriale et au Cameroun. Aujourd'hui, l'entreprise emploie près de 1.500 personnes et étend son champ d'activités au Maroc. Elle promet la continuité dans les activités. Au programme, ne figure en effet aucun licenciement. Du moins dans la version officiellement avancée. Le directeur général de Drapor, Mohamed Bachiri, continue pour sa part à assumer la même fonction au sein de l'entreprise. Mais c'est surtout par rapport aux prévisions de production, que le repreneur devrait se démarquer. D'1,5 millions de m3 de sable en 2007, la production devrait atteindre 5 voire 6 millions de m3 en 2015. Et rien ne devrait, selon les responsables, empêcher d'atteindre les objectifs du business-plan. Aujourd'hui, si la vente de Drapor représente la première opération de privatisation de l'année, celle de Comanav a suivi, et depuis, Oualalou a encaissé le chèque pour le compte de l'Etat. Rappelons que ce dernier table sur des recettes de 4,5 milliards de dirhams cette année. En 2006, elles se sont élevées à 4,658 milliards de dirhams.