Ce sont incontestablement les deux messages forts qui ont marqué, la semaine dernière, les travaux de la 9ème rencontre des chefs de gouvernement du Maroc et de France, axée sur le développement territorial durable en prélude au projet d'Union pour la Méditerranée, dans lequel le binôme Maroc-France est en passe de jouer un rôle constitutif et décisif. Jamais notre partenaire irremplaçable de l'Hexagone ne s'était autant mobilisé, aujourd'hui plus que par le passé, en mettant toutes ses forces dans la bataille visant à promouvoir le développement durable des territoires en consolidant une coopération d'Etat à Etat exemplaire en tous points, étendue à une coopération décentralisée déjà bien active entre régions et collectivités locales des deux rives. A ces deux dimensions institutionnelles bien ancrées désormais dans les traditions d'échanges entre les deux pays, il faut ajouter les promesses portées par un partenariat économique impulsé par le GIEFM (Groupement d'impulsion économique franco-marocain) regroupant les opérateurs ténors des deux côtés dont nombre du CAC 40. Ce groupement a relancé les perspectives d'investissements et d'expertise lors de la réunion tenue en marge du IXème séminaire intergouvernemental coprésidé par les deux Premiers ministres Abbas El Fassi et François Fillon à l'occasion de la visite de travail de ce dernier les jeudi 17 et vendredi 18 avril au Maroc. Visite caractérisée par une forte délégation ministérielle (6 ministres et secrétaires d'Etat) et des dizaines d'hommes d'affaires français qui ont fait le déplacement au Maroc pour des échanges et des accords sous le thème du «Partenariat pour le développement durable des territoires». On ajouterait pour un «partenariat sans arrogance» comme l'avait affirmé Sarkozy dans son discours au Parlement marocain en octobre 2007. Le TGV en vedette Une quarantaine de patrons dont la franco-marocaine en pleine ascension Fatine Layt de Partenea ex-associée de l'emblématique Jean-Marie Messier, Gérard Pelisson fondateur du groupe CCOR, Louis Gallois de EADS et Airbus et ancien cheminot (utile pour le projet TGV), Jean-René Fourtou de Vivendi et co-président du GIEFM, Philippe Delleur, VP Alstom qui a pris le marché du TGV Maroc pour 1,8 milliards de DH, et la fourniture de la première tranche du tramway Rabat-Salé (1,2 milliard de DH) et d'autres encore. Une quinzaine de conventions, accords, contrats, protocoles et lettre d'intention sectorielle, ont été signées au niveau des ministres et responsables des organismes impliqués comme l'AFD, toujours prompte à répondre présente sur les financements de l'effort de développement du Maroc. Sans compter que la générosité du partenaire hexagonal n'a pas, une fois de plus, démérité, en mettant la France à nouvelle contribution dans le cadre du chantier de Règne de l'INDH. Tout comme le renforcement de la coopération décentralisée a occupé une bonne place à l'ordre du jour des deux gouvernements, pour booster les programmes d'appui et d'aide au développement territorial, régions et collectivités locales confondues. «Tous les grands secteurs qui portent le développement du Maroc sont concernés», a insisté François Fillon en énumérant le Transport, l'Energie, la Formation des ressources humaines et la R &D, ainsi que le développement des potentiels locaux. Unanimité sur les compétences du GIEFM, réaffirmation du soutien à l'autonomie du Sahara marocain, et convergence totale sur le projet ambitieux d'Union pour la Méditerranée au Sommet constitutif, duquel le Souverain est personnellement invité le 13 juillet prochain à Paris en tant que pays fondateur. La liste des accords signés à l'issue de la réunion des chefs de gouvernement du Maroc et de France a été concrétisée par le protocole financier entériné au niveau des ministres des Finances des deux pays. Rappelons qu'à la veille de cette visite, le ministre marocain de l'Equipement et du Transport s'était réuni à Paris, le mardi 15 avril accompagné du Directeur général de l'ONCF Mohamed Rabie Khlie, avec la secrétaire d'Etat au Commerce extérieur Anne-Marie Idrac dans le cadre de la première session du Comité mixte de suivi en charge de veiller à la bonne exécution du projet de TGV. C'est à l'occasion de la visite du Président français Nicolas Sarkozy, en octobre dernier au Maroc, que le projet a été annoncé dans son premier tronçon, reliant Tanger à Casablanca mobilisant un investissement de 1,8 milliard d'euros dont la moitié sera financée par la France. Un don de 75 millions d'euros est accordé pour les études d'exécution du projet qui prend corps. Karim Gellab a également pris contact avec des responsables à l'Elysée pour évaluer les avancées de «ce projet hautement stratégique qui témoigne de l'engagement au plus haut niveau des deux Etats de le faire aboutir dans les meilleurs délais et d'en faire une des actions majeures et structurantes dans le secteur du transport au Maroc». Les autres accords intéressent les conventions pour la contribution française à l'INDH, d'extradition, d'entraide judiciaire en matière pénale, le protocole financier d'acquisition du matériel roulant du projet de tramway de Rabat-Salé, des prêts de l'AFD pour les centres de Formation professionnelle (22,5 millions d'euros), des investissements touristiques, la coopération avec les IRD (Instituts de recherche et de développement) et dans la Protection civile, un appui de 50 millions d'euros au renforcement du réseau de transport d'électricité, à l'assainissement dans la région du Souss, la CDG et son homologue française la CDC, des contrat commerciaux pour la fourniture de matériel roulant tramway Rabat (90 ME) entre Alstom et l'AAVB de Lemghari Essakl, ainsi qu'une convention d'appui au projet CAP 2009 de modernisation des Collectivités locales à hauteur de 1,5 million d'euros. Sans oublier l'accord pour l'assistance à la mise en place d'une Salle des Marchés entre le Trésor marocain et l'Agence France Trésor. Excellence des relations bilatérales Les deux Premiers ministres se sont félicités de «l'excellence des relations bilatérales» en mettant l'accent sur l'importance de cette IXème réunion de haut niveau, placée sous le thème du partenariat maroco-français pour un développement territorial durable, relevant avec satisfaction la quantité et la diversité des accords, conventions et contrats commerciaux signés à cette occasion dans les domaines judiciaire, des transports, de l'énergie, de la formation, du développement humain, de la gouvernance territoriale et de la protection civile. Au sujet du projet de l'Union pour la Méditerranée, le chef du gouvernement français a rappelé que le Maroc, avec lequel la France cultive une «relation intense, variée et profonde» pour citer encore Fillon, est non seulement disposé à renforcer son soutien au projet d'Union en s'en faisant l'avocat auprès de ses partenaires du Sud du bassin, mais il entend bien aller jusqu'au bout de ses engagements pour en constituer, en appui à l'initiateur français, le noyau dur des membres fondateurs. «La France veut continuer à dialoguer avec un Maroc ambitieux, un Maroc qui soutient sa croissance, qui réduit sa dette publique et qui maitrise son inflation», a souligné, d'autre part, M. Fillon, ajoutant que «c'est au service de ce Maroc que la France place les ressources de ses coopérations».