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Le chemin de l'enfer
Publié dans La Gazette du Maroc le 28 - 04 - 2003


Medias
L'enjeu demeure, entre autres, que la sécurité et la raison d'Etat, l'ordre et la paix publics ne restent pas une conception abstraite confondant intérêts supérieurs de la nation
et intérêts personnels, intrigues des arcanes
et quête de l'impunité.
A la clôture de la journée d'études, on n'avait pas l'impression que les autorités de tutelle réfléchissent bien dans ce sens.
Un journaliste de 2M s'est vu récemment interpellé par le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement.Nabil Benabdellah, figure jeune et dynamique -en dépit d'un petit air suranné dû à sa moustache prématurément grisonnante, de la mouvance démocratique- n'avait pas beaucoup apprécié le micro trottoir de la chaîne casablancaise invitant les citoyens à s'exprimer sur l'affaire dite de la “secte satanique”. Le ministre qui vient d'organiser “une journée et demie d'études” sur le thème “médias, démocratie et développement”, n'avait pas été jusqu'à accuser la rédaction de 2M d'action subversive, mais a été à deux doigts de lui mettre sur le dos une tentative d'incitation au désordre public.
L'affaire est banale, inhérente au conflit perpétuel entre pouvoir et presse. Seulement, au moment où un grand débat sur la liberté et la responsabilité agite le microsome, la remontrance du ministre risquait de se voir inscrire dans une certaine volonté de mettre la barre de la tolérance au plus bas niveau, alors même que la discussion du sujet se rapporte à des questions de “macro politique”, autrement plus importantes que la réaction des Marocains à des affaires de justice courante.
La maladresse est d'autant plus fâcheuse que
le ministère de la Communication s'apprêtait
à organiser ses mini-assises, conçues pour emporter l'adhésion de la profession à un programme de réformes censé “hisser le secteur de l'information à un niveau élevé de progrès et de professionnalisme”.
Tenues les 21 et 22 avril , “les assises ” ont livré ce qu'elles avaient à dire et montré leurs limites. Cinq chantiers englobant tous les maillons de la chaîne audiovisuelle, entreprise presse, publicité, ressources humaines et ministère de la Communication, mais seulement deux ateliers pour mener à Rome : les télévisions et la presse écrite.
Depuis, entre partisans et récalcitrants, tout ou presque a été dit. En un mot, les réformes, mais pas toutes les réformes, ne sont pas mauvaises, cependant que le projet n'a pas les moyens de son ambition. Du coup, devant le déficit des chiffres et l'absence de calendrier, la réforme et les assises se sont retrouvées réduites à leur plus simple expression : un moyen de reprendre de la main gauche la liberté d'expression que le discours donne de la main droite.
Du coup encore, l'évolution d'un pôle public constitué des deux chaînes de télévision nationales, même si elle apporte dans son escarcelle, notamment pour la RTM, la redéfinition du statut, apparaît comme un outil pour libéraliser l'espace médiatique mais aussi comme un instrument pour le brider.
Responsabilité ou liberté
On peut en dire autant de la presse écrite. Le ministre semble, en effet, beaucoup plus préoccupé de “responsabilité ” que de liberté. Dès lors on comprend qu'il ait retenu “pour ne pas faire des jaloux” (sic) une “option plutôt universitaire avec un certain nombre de professeurs” dans l'organisation des journées d'études pour parler du devenir de la presse. En cela, Nabil Benabdellah n'innove rien.
Depuis toujours, les médecins s'occupent des problèmes des médecins, les avocats de ceux des avocats, les architectes de ceux des architectes et les interprètes de ceux des interprètes.
Seuls les journalistes qui s'occupent de tout ce beau monde ne peuvent s'occuper d'eux-mêmes. Une simple façon de n'être pas là, comme le dit Nabil Benabdellah sans craindre le pléonasme, pour contenter les ego personnels mais pour discuter d'un plan d'action dont la valeur [lui] importe le plus”? Assurément non. Derrière l'innocence de ce discours, le ministre réédite une volonté constante d'infantiliser une profession qui a toujours fait peur, même s'il assure le contraire. C'est d'ailleurs en maintenant ce contraire que Nabil Benabdellah s'affiche ignorant des enjeux ou de mauvaise foi. En affirmant que sa “conviction est que sans une presse forte et des journalistes compétents, il ne saurait y avoir de développement politique, économique et social”, il ressasse des lieux communs. Préciser tout de suite après qu'il convient cependant “ de discuter avec sérénité de la saine dialectique entre la liberté et la responsabilité pour dégager une vision partagée par tous” c'est tout dire et rien en même temps. En un mot, tourner autour du pot. La réforme, quelles que soient ses qualités,
se présente à travers ce discours comme les oripeaux qui habillent mal l'une, sinon la finalité d'une “concertation” qui a parlé de tout sauf de cela. Les professionnels dont on cherchait l'adhésion n'ont pas été associés et des journalistes qui soupçonnaient l'arrière-pensée de la journée ne sont pas venus. Enfin pas dans leur majorité.
Nabil Benabdellah ne veut peut-être que “réformer autant qu'il le peut”, mais il va droit en enfer dont il pave le chemin de ses bonnes intentions.
Le débat méritait d'être posé clairement : entre ceux qui tirent vers le plus et ceux qui tractent vers le moins, la démocratie marocaine est loin d'atteindre le seuil de l'irréversibilité. Dans ce processus, de nombreux aspects de l'exercice de la profession restent à définir avec limpidité : le rôle du journaliste, ses limites autant qu'on puisse lui en imposer, les droits sacrés des individus face à la presse qui n'est ni au-dessus de tout soupçon ni des lois, et ceux enfin de l'Etat, tout en faisant en sorte que l'ordre public, la raison et la sécurité de l'Etat ne soient pas conçus comme une notion subjective, élastique et extensible. En plus clair, il est tout aussi insupportable de reprocher à un journaliste un micro trottoir qu'il est intolérable de porter atteinte à la sacralité du Souverain tant qu'elle est encore garantie par la Constitution. Nabil Benabdellah a probablement comblé son ego en organisant les assises. Mais, un office de la justification de la diffusion et une charte déontologique ne suffisent pas à rééquilibrer dans ce sens les rapports de manière à maintenir le lien social du pays.
Le respect dû aux fondements de la nation ne doit pas servir à protéger la corruption et les corrompus où qu'ils se nichent. Car peut-être, plus que la liberté d'expression sans limites, ce sont ceux-là mêmes qui portent atteinte à ces fondements. La ligne de démarcation est toujours difficile à trouver. Mais l'enjeu demeure, entre autres, que la sécurité et la raison d'Etat, l'ordre et la paix publics ne restent pas une conception abstraite confondant intérêts supérieurs de la nation et intérêts personnels, intrigues des arcanes et quête de l'impunité. A la clôture de la journée d'études, on n'avait pas l'impression que les autorités de tutelle réfléchissent bien dans ce sens.


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