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Algérie : Le mystère s'installe
Publié dans La Gazette du Maroc le 12 - 12 - 2005

Alors qu'aucune indication n'a été donnée sur une date pour le retour du président
Abdel Aziz Bouteflika à Alger, les interrogations se multiplient.
D'autre part, le mutisme de la «Grande muette» ne fait que raviver les spéculations.
“N ous avons des consignes strictes de ne pas communiquer sur l'état de santé du chef de l'Etat algérien», souligne vendredi dernier, un des responsables du département Afrique du Nord au Quai d'Orsay. Néanmoins, ce dernier ajouta : «Quand même, nous rentrons dimanche dans la troisième semaine d'hospitalisation ».
Par ailleurs, la Gazette du Maroc a appris de source libyenne haut placée de passage récemment à Paris que le colonel Kadhafi avait demandé, en vain à deux reprises de parler au président Bouteflika. Ce qui laisse croire qu'il s'agit de quelque chose de sérieux. Et à cette personnalité de commenter : «ce n'est plus une question de quelques jours, comme l'avait déclaré, mardi dernier, le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia». A l'Elysée, conseillers ou portes-parole continuent à s'abstenir de donner la moindre information aux journalistes considérés comme étant assez proches. En revanche, les diplomates américains en poste à Paris, lâchent de temps en temps quelques phrases évoquant une pathologie plus grave de ce qu'on prévoyait. Mais, ils se rattrapent vite en disant que les traitements médicaux appliqués ont montré des progrès considérables.
Dans cette foulée, les hommes d'affaires algériens de l'entourage du président algérien, vivant dans la capitale française, ne cachent plus leurs inquiétudes. C'est le cas des amis responsables dans certains pays du Golfe, notamment au Qatar et aux Emirats Arabes Unis, où Bouteflika avait passé une longue période durant sa traversée du désert. De plus, la maladie mystérieuse du président algérien a été présente en force lors du sommet islamique tenu à Makka. A cet égard, on apprend que le roi Abdallah ben Abdel Aziz a appelé le président Chirac pour avoir plus de détails. De son côté, Saâd Rafic Hariri, s'est rendu à Paris pour tenter d'avoir un plus, une révélation sur l'état actuel de santé de Bouteflika de la part de ses différents réseaux. Cependant, le black-out reste total. Hariri junior se contentait de dire à ses proches que la personne – sans citer le nom, qui pourrait être, Saïd Bouteflika, le frère du président - avec qui il a parlé à l'hôpital militaire de Val-de-Grâce, lui a confirmé sur un ton rassurant, sans ambiguïté, que le «président poursuit tranquillement et sereinement sa convalescence».
Par ailleurs, les allers-retours effectués par les responsables algériens s'intensifiant de plus en plus ces cinq derniers jours sans pour autant donner les moindres explications, montrent que les autorités algériennes concernées sont encore loin de savoir communiquer et, par là, dissiper les doutes et arrêter les rumeurs. Même la presse algérienne indépendante évite, elle aussi, d'approcher trop et en détail la maladie du président. En attendant, l'agitation à Alger aussi bien dans les milieux politiques, toutes tendances confondues, que des affaires fait tache d'huile. Au niveau de la rue, personne ne semble prêt à croire les communiqués officiels, moins encore, les déclarations des responsables.
A cet égard, un patron de boîte de com à Alger, Amor.B, nous disait : «comment voulez-vous que les Algériens croient aux explications du ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhoni sur l'état de santé du président, alors que lui hospitalisé depuis plus d'un mois à Paris, n'arrive pas à les convaincre sur son état»?
Préserver les règles
du jeu
La «Grande Muette» qu'est l'armée aurait déjà, selon de sources concordantes dans la capitale algérienne, tenu toute la situation en main. Elle a ainsi fait comprendre à ceux qui comptent spéculer que le prix à payer sera trop cher. Les généraux les plus influents passent à gauche et à droite des messages que seuls les plus concernés par la situation actuelle, pensent décrypter. En même temps, ce pouvoir réel, qui a été contraint à revenir, le plus discrètement possible certes, au-devant de la scène, entretient à la fois le mystère et l'inquiétude. Ce, alors que les résidences secondaires de ces généraux, telles que celles du patron de la DRS (ex-sécurité militaire), Tewfic Mediène, de son adjoint, Smaïn Lamari, et du ministre délégué à la Défence, Abdelmalek Guenaïzia, abritent chaque soir des réunions non-stop. Les villas des généraux à la retraite sont elles aussi des lieux de rencontre privilégiés des militaires ces derniers jours, c'est le cas de celle de l'ancien ministre de la Défense, Khaled Nezzar dans le quartier de Haïdara ou du général Mohamed Touati, ancien conseiller à la présidence qui vient de partir, il y a environ trois mois à la retraite.
En conséquence de cette maîtrise quasi-totale de la situation, tout mouvement contestataire, estudiantin, syndical ou autre a été gelé.
La preuve, l'ajournement imposé des débats au sommet de l'UGTA (Union Générale des Travailleurs Algériens). Son secrétaire général, Abdel Majid Sidi Saïd, est monté au créneau pour annuler tout durant la période de maladie du président, dit-il. Même les tiraillements entre le gouverneur de la Banque centrale d'Algérie, et les banques privées de la place, se sont arrêtés soudainement. Le mot clé est apparemment passé très vite à tous les niveaux et dans tous les secteurs. Mais toujours accompagné par une opacité qui rappelle le bon vieux temps où le pouvoir réel interdisait, même aux responsables, de se prononcer sur les affaires touchant la «raison d'Etat».
Pour mieux généraliser cette opacité, l'armée a ordonné au gouvernement de poursuivre son travail comme si de rien n'était ; et, de maintenir toutes les réunions et rencontres prévues, plus particulièrement avec les visiteurs étrangers. Et, de monter au maximum que tout est normal en dépit de la maladie du président et de son absence qui commence à se prolonger. Dans ce contexte, elle n'a pas hésité à donner l'exemple le plus concret en accueillant aujourd'hui-même, à Alger, la réunion «5+5» composée des ministres de la Défense des deux rives de la Méditerranée : France, Espagne, Italie, Malte et Portugal, d'une part, Algérie, Maroc, Tunisie, Libye et Mauritanie, de l'autre.
Le président Bouteflika, qui est aussi ministre de la Défense ne sera donc pas là pour les recevoir, comme en juillet 2004 où il avait tenu à recevoir plus de cinq heures, son homologue français, Michèle Alliot-Marie pour montrer aux observateurs qu'il est aussi décideur dans le domaine militaire. Faute de président, l'Algérie sera représentée par l'homme de l'armée, le général Abdelmalek Guenaïzia, qui a été nommé non sans contestation de la part de Bouteflika au poste de ministre délégué à la Défense en mai 2005, un poste créé après un bras de fer entre les généraux et la présidence où Bouteflika a été contraint de faire marche arrière.
Mais pour atténuer l'ampleur des répercussions d'une telle concession sur son image du chef qui a les mains libres, qu'il pourra toujours entreprendre des changements au sein de l'institution militaire, ce dernier passait quotidiennement une à deux heures dans son bureau au ministère de la Défense.
L'armée qui a su parfaitement patienter, voire-même fait profil bat ces trois dernières années, se retrouve aujourd'hui, sans le demander, aux commandes politiques.
Rien ne sera plus comme avant
Beaucoup de joueurs qui avaient changé leurs fusils d'épaule lorsque le président Bouteflika avait pris des initiatives «exceptionnelles», notamment sur le plan des remodelages au sein de l'armée, concrétisé par le départ de l'homme fort, le général corps, Mohamed Lamari en 2004, commencent déjà à refaire leurs calculs. «Trop tard», rétorque un de ces généraux influents à la retraite, en précisant que tous les changements au niveau de l'armée ont été toujours effectués dans le cadre d'un consentement entre l'armée et la présidence. Et à ce général d'affirmer : «Si Abdel Aziz n'a jamais franchi les lignes rouges. Il est le mieux placé pour savoir les règles du jeu».
Quoi qu'il en soit, si la situation interne, en l'occurrence la stabilité, n'a suscité la moindre inquiétude, les effets sur l'économique commence à se ressentir, au moins au niveau des intentions d'investissements. Certains hommes d'affaires algériens faisant partie des poids lourds, laissent entendre que le plan de relance économique auquel le président Bouteflika avait consacré 55 milliards de $ répartis sur cinq ans, ne sera probablement plus à l'ordre du jour. Car, avant tout, sa santé ne lui permettra plus de suivre de près, régulièrement les chantiers d'avenir liés à ce plan. D'autre part, ces hommes d'affaires, qui avaient toujours été proches des pouvoirs successifs affirment que Bouteflika aura dorénavant des difficultés pour maintenir ses hommes à leur place. Il s'agit là de Chakib Khélil, ministre de l'Europe, homme de confiance à la fois du chef de l'Etat et des compagnies pétrolières et gazières américaines. Ce dernier qui supervise la Sonatrach tout en gardant l'œil du président sur cette « poule aux œufs d'or ». Et, aussi, d'Abdel Hamid Temmar, ministre de la privatisation.
«En tout état de cause, rien ne sera plus comme avant en affaire», disait le PDG d'une grande entreprise française d'armement à un ministre d'un pays du Golfe lors d'une rencontre au ministère de l'Economie et des Finances à Bercy à Paris.
Et d'ajouter : «tout pourra changer, aussi bien les hommes que les plans. Ce qui devra pousser à réviser nos approches».
Tous les indices montrent que le flou s'installe graduellement. Si la con-valescence de Bouteflika a tendance à trop se prolonger, beaucoup de choses sur le terrain risqueront de changer. Mais pas au point d'une grande métamophose.


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