La justice algérienne a engagé des poursuites contre le journaliste Saïd Bouakba, âgé de 79 ans, pour «diffusion de fausses informations, inexactes et diffamatoires, insultant les symboles de l'Etat et les figures de la guerre d'indépendance», ont rapporté ce jeudi plusieurs médias locaux. Le doyen des journalistes algériens est accusé d'avoir abordé, de manière indirecte, la question sensible du Sahara oriental. Dans une interview accordée à un média en ligne, Bouakba a dévoilé qu'au début des années 60, lors d'un sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), l'ancien président Ahmed Ben Bella avait sollicité son homologue égyptien, Jamal Abdel Nasser, pour soutenir le principe des frontières héritées de la colonisation. Cette demande avait également été adressée aux présidents du Ghana et de la Guinée. Bouakba a expliqué que l'Algérie, à l'époque, ne pouvait pas exprimer directement cette position en raison de ses différends frontaliers avec le Maroc. Pour mémoire, avant l'indépendance de l'Algérie en 1962, Ahmed Ben Bella avait défendu la marocanité du Sahara oriental et exprimé son indignation face aux essais nucléaires français menés sur «le territoire marocain». L'arrestation de Saïd Bouakba fait suite à une plainte déposée par le ministère des Moudjahidine. Ce jeudi, un juge d'instruction a ordonné sa détention provisoire, et son procès a été programmé pour le 5 décembre. Il est à noter que l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal avait également été emprisonné pendant un an en Algérie pour avoir affirmé, dans une interview à un média français, qu'historiquement le Sahara oriental est marocain.