Imposante marche à rabat Le Maroc, profondément blessé dans sa foi religieuse et insulté, à l'instar des autres Etats musulmans du globe dans les symboles sacrés de l'Islam, a marché dans la capitale du Royaume pour dénoncer l'acte provocateur et offensant des caricatures danoises. Par dizaines de milliers, les Marocains ont défilé, le vendredi 10 février, dans les artères principales de Rabat en clamant, à l'unisson, leur attachement indéfectible à la trilogie de référence (Dieu, Islam, Prophète) et en donnant une leçon de tolérance aux perfides caricaturistes cherchant à semer la discorde et le chaos entre les peuples des trois religions célestes. Hommes, femmes, adultes, vieux, enfants; ils étaient, toutes et tous, soit dans la rue pour manifester, soit sur les trottoirs pour joindre leur voix à la dénonciation nationale de la grave atteinte portée à Sidna Mohammed. Ouvrant la marche, les représentants des formations politiques ont donné le ton pour conduire la procession de la condamnation marocaine de la haine, du mépris et du racisme anti-arabe et anti-musulman. Si les partis de l'opposition étaient représentés par leur premier chef, les Kadiri, Alami, El Othmani…), on ne peut en dire autant de ceux de la majorité gouvernementale qui ont brillé par leur absence. Où étaient donc, ce jour-là, les Yazghi, Osman, El Fassi et autres qui ont délégué des représentants à la marche ? Sauf peut-être pour l'Usfpéiste qui, semble-t-il, était en mission à l'extérieur du territoire national. L'immense « marée » humaine s'est ébranlée juste après la prière d'Al Asr aux cris en chœur d'“Allah Ou Akbar, Sidna Mohammed Rassoulallah”. Fait marquant, la majorité des marcheurs étaient constitués de jeunes dont les passions paraissent avoir été vite exacerbées par l'irresponsabilité criminelle des profanateurs occidentaux. C'est à l'image de ces mêmes jeunes qui, au Caire, serraient le Coran entre leurs mains pendant la finale de la CAN. Ou du gardien égyptien récitant des prières avant l'épreuve fatidique des tirs aux buts qui ont donné son pays vainqueur. Une banderole dominante dans la foule en pleine effervescence faisant mouvement sur l'avenue Mohammed V illustrait parfaitement la philosophie de la situation: « La démocratie, c'est le respect des autres, sans quoi c'est la guerre sainte ». Les autres banderoles dénonçaient un Occident complice et se refusant à condamner les dessins blasphématoires qui ont mis en émoi plus d'un milliard de musulmans sur Terre. Jean d'Ormesson ne croyait pas si bien dire en réagissant aux dangereuses dérives suscitées par la polémique autour des caricatures : « Si vous semez, même pour rire, les ferments de la haine et du mépris, comment vous étonner alors de recevoir des coups en retour ? ». Et le brillant académicien de France d'ajouter : « Rester libre suppose pour chacun le respect de la liberté d'autrui. Respecter les autres consiste aussi à respecter leurs croyances. Pour notre propre dignité et pour la dignité des autres, notre devise devrait être : « Liberté et respect ».