Louange à Allah, l'Unique, le Clément et le Miséricordieux qui a investi Sidna Mohammed de la mission d'ultime Messager, venu prêcher notre sainte religion, l'Islam. Gloire à l'Islam qui “inventa” la mosquée, le minaret, le mihrab, le minbar et le personnel” qui va avec, c'est-à-dire les imams, les muezzins et les khatibs, principalement ceux des vendredis, jour préféré et hautement célébré. L'Islam, bien entendu, refuse tout clergé, mais le nombre de ces officiants est si grand qu'on peut parler de véritable corps de métier, de corporation professionnelle. Une grande et belle famille, traversée de “courants” et de “tendances” où pullulent les sectes et les clans et où parfois pleuvent les anathèmes et l'invective qui n'ont rien de très musulman. Louange à Dieu qui, seul, doit être constamment loué, même dans le malheur, qui a mis Abdelkébir Alaoui M'daghri à la tête de cette cohorte disparate et indisciplinée, où à côté d'authentiques alems, se côtoient de sombres ignorants et de grands illuminés, des laudataires du pouvoir en place et des partisans de Ben Laden, des porte-parole de partis politiques, des courtiers de campagnes électorales, des escrocs et des mendiants qui font leur pactole de l'appel à la charité publique. Etrange et pittoresque microcosme religieux que théoriquement doit bien tenir en mains l'inamovible ministre des habous et des affaires islamiques. Théoriquement seulement, car il est bien révolu le temps où, dociles sous l'implacable main de fer du pouvoir, les prédicateurs du vendredi se contentaient d'animer le texte concocté par le ministre. A présent, M'daghri n'arrive plus à contenir de fougueux et zélés khatibs (rien à voir avec le bon docteur, président du PJD) qui font de l'extrémisme et du fanatisme outrancier leur pain quotidien (plutôt hebdomadaire). Les bons Musulmans, ceux qui vont à la mosquée seulement pour prier, ne savent plus où donner de l'oreille… Des petits malins, pas croyants du tout ceux-là, se font un plaisir de changer régulièrement de mosquée pour écouter les sermons et les prêches des uns et des autres. Ils y vont comme au spectacle. Grave péché, s'il en est ! Ils peuvent ainsi voir à l'œuvre, des imams rétrogrades fustiger en vrac et tour à tour, la femme, la musique, la télévision, le théâtre, la mondialisation et le port de short sur les plages. Ils rejettent en bloc le parlement et la démocratie. Ils font campagne pour tel ou tel candidat à des élections. Ils prononcent des fetwas d'un autre âge et excommunient à tour de bras. Même les braves soldats marocains, débarqués sur la pierre Leïla n'ont pas échappé à leurs foudres. Ils ont été décrétés “renégats”. Alaoui M'daghri a promis au parlement de sévir contre les prédicateurs trop politisés. Pourra-t-il, avant septembre prochain, tout simplement les interdire de “minbar” ?