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La Monarchie n'est pas un partenaire démocratique
Publié dans Lakome le 19 - 07 - 2011

Depuis un siècle, la Monarchie marocaine a toujours traité, par la liquidation politique ou physique, ses opposants, qui, par la parole ou le recours aux armes, lui demandent de rendre des comptes et remettre le pouvoir au peuple. Au début du XXe Siècle, c'était le cas des Oulémas et Mojahidines. Ensuite, est venu le tour de la Gauche et l'Armée, à la fin des années 1950 et le début des années 1970, suivis par la Mouvance Islamiste et les Hommes d'Affaires au milieu des années 1970 et début des années 1980. Enfin, en 2011, c'est le Peuple marocain entier qui est soumis à cette «liquidation systématique », le Peuple du « Oui » ou le Peuple du « Non » à la Constitution royalement octroyée.
Durant l'histoire contemporaine, il n'y a que la France coloniale qui, en 1930, visait l'éclatement de l'unité des marocains, à travers le maudit Dahir Berbère pour semer la division entre Arabes et Berbères, tout comme elle le fait aujourd'hui en félicitant le Pouvoir après la « Constitution royale » venu consacrer l'inimitié entre les Marocains et provoquer les troubles autour d'un document qui, dans les vraies démocraties, constitue la plus haute expression de la volonté du Peuple, de son unité de son désir de vivre dans un Etat unifié. La France coloniale a déjà effectué durant la première moitié du Siècle dernier, en coopération avec les Sultans Alaouites successifs, d'autres divisions: Maroc utile et inutile, zone Makhzen et zone Siba (anarchie et insécurité).
Ces complots colonialo-makhzéniens contre le Peuple marocain, sa Religion et son Unité ont déclenché de nombreuses révoltes : la première est celle de Jilali Zerhouni Rougui, dit Bouhmara, de l'Erudit Mohammed Ben Abdelkbir Kettani, Auteur de l'Acte d'Allégeance sous conditions et Martyr du Sultan déchu Abdelhafid, ensuite celle du Grand et Vaillant Prince Mohammed Ben Abdelkrim Khattabi. Il y a aussi celles de Raissouni, du Résistant Hadj Mohamed Sallam, du Résistant Martyr Ahmed Agouliz, surnommé « Cheikh al-Arab », du Martyr Addi Ou Bihi, du Martyr Abbès Messaadi, et toute une liste de militants, morts ou encore vivants, civils et militaires, assassinés ou trahis par le makhzen et ses alliés occidentaux.
Depuis le Sultan Ismail à ce jour, la Monarchie ne veut pas entendre parler ni de vie en commun, ni de dialogue ni de respect de la volonté du Peuple. Elle s'est construite, comme d'autres Monarchies dans le monde, sur le principe de citoyens sujets de « sa Majesté le Roi ». S'il leur accorde quelque chose, c'est d'abord une faveur généreuse de sa part et le jour de cet octroi devient une fête nationale. Quand il parle, c'est toujours un discours historique. Les Monarchies qui ont survécu en renonçant à leur Droit divin, leur instrumentalisation de la religion et leur despotisme, y ont été contraintes grâce aux forces politiques et sociales qui ont porté les projets de réforme réelle et qui ont encadré des révolutions populaires.
Aujourd'hui, un regard rétrospectif aux déroulement des événements depuis la naissance du mouvement de la Jeunesse du 20 février, la réaction du Pouvoir et ses décisions, la mobilisation de ses organes et ensuite l'entrée sur scène du Roi en personne à travers la nomination de la Commission Mennouni et du mécanisme de suivi politique géré par son Conseiller Moatassim, en plus de la mobilisation des Partis corrompus, des Confréries et des ignorants de la société, en passant par la fixation précipitée de la date du référendum confirmatif et de celle des élections à venir sans tenir compte de l'avis des forces vives et sincères du Peuple, nous fait penser à une grande fête d'adieux ou à la mise en œuvre de la politique de la terre brûlée qui a divisé la société marocaine en deux clans.
Le Pouvoir veut dire à la fois à ceux qui aspirent au changement et aux partisans de la Monarchie absolue, et aussi aux Capitales occidentales alliées, que la stabilité de la société marocaine et la permanence de ses Institutions et son Etat passe obligatoirement par une Monarchie qui ne soit soumise à aucune reddition de comptes, domine tous les Pouvoirs constitutionnels. Elle est seule capable d'affronter «l'ogre» islamiste et stopper l'élan de la révolte arabe. C'est la même politique qui avait été adoptée par le Président déchu Hosni Moubarak et les autres tyrans arabes qui considèrent les citoyens comme des simples serviteurs.
Le Pouvoir est incapable de se rendre compte que ceux qui lui demandent de rendre des comptes au Peuple, et de se retirer en laissant la responsabilité exécutive à un Chef de Gouvernement élu par le Peuple, ne sont pas prêts à faire des concessions supplémentaires plus que celles des partis pendant le règne de Hassan II. Les nouvelles forces nationales du pays n'ont plus rien à perdre de plus et c'est le secret de cette liberté de ton et cette audace qui caractérise les nouveaux slogans.
Il n'est pas dans l'intérêt de la Monarchie d'affronter cette majorité dont l'organisation va se renforcer et se structurer. Si aujourd'hui les revendications sont raisonnables, la rigidité et l'arrogance du Pouvoir les rendra plus musclées. Le Pouvoir se leurre en pensant pouvoir compter, d'un coté sur les Capitales occidentales alliées (appui politique, médiatique, sécuritaire et économique) et d'un autre coté sur des Partis qu'il a domestiqués. En effet, les derniers slogans commencent à toucher de façon directe le symbole du régime: « Non à un Chef qui dilapide l'argent public », «Sa Majesté le peuple vous parle », « Redresse toi ou quitte le pays ! ».
Est-ce que ce sont les slogans que le Pouvoir et ses Partis voulaient entendre ? Que de cris inutiles et que de promesses non tenues depuis cette indépendance que nos ancêtres, dans les plaines et montagnes, ont arraché en sacrifiant leur vie et leur liberté. Les descendants du même Système, son élite politique et sa bourgeoisie féodale n'ont laissé à une partie de notre jeunesse que les embarcations de la mort, l'exil au sein de son propre pays, la prostitution, le tourisme sexuel et le chômage durable.
Le Peuple marocain et le mouvement de sa Jeunesse, puisque le Roi confirme son refus net de construire un système politique démocratique dans lequel le dernier mot revient au Peuple, n'a plus que la rue comme dernier recours pour lui demander de se retirer complètement de toute responsabilité exécutive, législative, judiciaire ou religieuse et laisser la gestion du pays à un Chef de Gouvernement démocratiquement élu, et un Parlement fort et une Justice indépendante qui, par la Loi, protège les citoyens et les Institutions contre les abus et la corruption.
Le mouvement du 20 février devra s'accrocher à cette stratégie de changement et étendre son action sociale à la classe moyenne, sachant que la classe pauvre doit être la base du projet politique et social et la source de la légitimité. Il ne devrait pas se laisser distraire par les questions minées soulevées ces derniers jours par certains journalistes et autres acteurs politiques soumis au régime.
Le mouvement du 20 février n'a pas de calendrier pour qu'il soit évalué sur ce qu'il a obtenu ou non. On ne doit pas non plus l'endormir on prétendant qu'il a déjà assez réalisé et que, par conséquent, il doit donner le temps au Pouvoir pour appliquer « ses réformes constitutionnelles ». Le Mouvement de la Jeunesse a un cahier des charges précis, un engagement vis-à-vis du Peuple et une responsabilité historique. Ses jeunes leaders doivent se méfier des avis qui exagèrent la force du Mouvement, ou au contraire, le découragent en l'accusant de perte de sympathie en raison de la présence des salafistes, Adlistes ou gauchistes dans leurs rangs.
Le Mouvement doit s'efforcer d'englober, dans leurs divergences idéologiques, tous les militants sincères et honnêtes, et se doter d'une Direction, de Comités spécialisés et d'un Site Internet unifié pour rendre visibles ses décisions, communiqués, actions sur le terrain, programme politique, qui reflètent son aspiration à un Maroc sans despotisme ni arbitraire.
Depuis l'Indépendance, les événements ont confirmé que l'Institution royale n'a jamais adhéré sincèrement au choix démocratique. Elle a procédé par des manœuvres politiques exercées d'abord par le Roi Hassan II durant son tyrannique règne, puis par le Roi Mohammed VI. Le pari est toujours de gagner un peu plus de temps en créant la discorde entre les Partis et les Mouvements, voire même au sein du même Parti. Une autre face du jeu consiste à créer des Partis administratifs dociles, les affaiblir et s'immiscer dans leurs affaires pour saper leur crédibilité.
La Monarchie doit savoir, après la chute de nombreux régimes autoritaires frères et amis, que le plus court chemin vers le suicide consiste à arracher le Pouvoir ou le conserver contre la volonté du peuple. Zine Abidine Benali, Ali Abdallah Saleh, Hosni Moubarak et Bachar Assad en savent quelque chose.
Il n'est plus possible de vivre aujourd'hui au Maroc avec dignité et citoyenneté en l'absence d'un Pouvoir démocratique qui respecte la volonté du Peuple, origine de la légitimité. Il n'est plus possible de vivre au Maroc sous le règne de la dictature absolue qui veut faire croire au simple citoyen et à l'opinion publique internationale qu'il incarne une exception arabe et que tyrannie et démocratie peuvent cohabiter. L'occupation américaine a essayé l'idée de la cohabitation entre l'occupation et la démocratie en Irak et en Afghanistan, ce qui a provoqué la résistance la plus virulente à l'occupation et à sa démocratie. L'histoire écrira que ces expériences auront été l'une des causes immédiates de la chute des deux Systèmes politiques, comme l'a prédit deux écrivains, l'Américain Paul Kennedy dans son livre «Naissance et Déclin des Grandes Puissances» et le Français Jean-Pierre Tuquoi, dans son ouvrage « Mohammed VI, le dernier Roi de la Dynastie Alaouite.»
Traduit de l'arabe par Ahmed BENSEDDIK


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