La pression sur les salaires a baissé ; un ingénieur débutant est recruté à 9 000 DH nets. Le recours aux freelances s'est accru. Le programme des 10 000 ingénieurs ne doit pas être remis en question par la crise. Pratiquement aucune activité n'est épargnée par la crise. La situation est encore plus compliquée pour les sociétés qui vivent directement des commandes étrangères. C'est le cas de celles qui sont spécialisées dans l'offshoring. Le résultat est que le marché de l'emploi est moins animé que par le passé. C'est le constat fait par Driss Benchekroun, Dg MaghrebJob, éditeur du site de recrutement spécialisé en compétences informatiques et nouvelles technologies www.maghrebjob.com.
En tant que patron d'une société de recrutement dans les TIC, comment voyez-vous l'état actuel du marché marocain ? Le Maroc ne vit pas en autarcie. La crise mondiale a eu un impact sur le marché local, surtout sur l'activité des sociétés off shore. Le contexte international a entraîné une révision à la baisse de leurs plans, y compris au Maroc. Par conséquent, certaines sociétés ont réduit leur rythme de recrutement, d'autres ont procédé à une réduction de leurs effectifs. Plus intéressant, le niveau des salaires des ingénieurs a été stabilisé. A titre indicatif, un ingénieur débutant est recruté aujourd'hui à partir de 9 000 DH/nets. N'y a-t-il pas d'autres changements sur le marché ? Le turnover dans les directions des systèmes d'information (DSI) des organismes publics et privés a baissé. Grosso modo, la pression sur les salaires a baissé, et chaque candidat, avant de changer d'entreprise, y réfléchit deux fois. Parallèlement, le recours aux freelances s'est crû. Cette option plus flexible est utilisée pour mieux gérer la crise et le manque de visibilité à court terme. Malgré la crise, certains profils TIC sont pourtant toujours bien cotés sur le marché… En effet, en dépit du contexte actuel, les entreprises sont toujours demandeuses de profils qualifiés et pointus dans le domaine de la gestion de projet, d'ingénieurs spécialisés dans les progiciels de gestion (ERP) et d'ingénieurs spécialisés dans la gestion des bases de données (DBA). Le secteur des télécommunications n'est pas en reste. Compte tenu de la dynamique du marché libéralisé, tout profil qui dispose de plus de trois ans d'expérience a plus de chance de trouver un autre emploi.
Sur la base de votre diagnostic du marché, est-ce que le plan de formation de 10 000 ingénieurs est toujours d'actualité ? Je pense que c'est un choix stratégique qu'il faut préserver et consolider. A mon avis, la tendance à long terme du marché international et national dans le domaine des TIC est positive. Par contre, il faut veiller à la bonne exécution de ce programme ambitieux et surtout au renforcement de deux éléments chez les futurs lauréats, y compris les ingénieurs. Il s'agit de leurs capacités de communication et de la maîtrise des langues, notamment le français et l'anglais. Deux atouts incontournables pour réussir le pari de l'intégration du marché des TIC au niveau mondial.