Oualas, Coco Makmak et Meryem Benoua nous révèlent leurs secrets d'écriture, leur vision du stand-up et leur talent pour naviguer entre dérision culturelle et authenticité. Un cocktail d'humour à déguster sans retenue ! Suivez La Vie éco sur Telegram Ce soir, la scène du festival Comediablanca s'embrase pour son gala francophone, un coup de maître d'humour où les stéréotypes volent en éclats sous les rires. Oualas, l'Ivoiro-Marocain à la verve insolente, Coco Makmak, impératrice de l'autodérision, et Meryem Benoua, pépite incisive, mènent la charge. Sous la baguette d'Amir Rouani, qui marie visuels rétro-marocains et souffle contemporain, ce trio, accompagné de Roman Frayssinet et d'Erick Baert, l'imitateur aux 140 voix, fait du stand-up un art de combat. Leur arme ? Un humour familial, percutant, jamais méchant, qui pirate le réel avec une audace jubilatoire. Oualas, Tahar Lazrak dans le civil, n'a pas froid aux yeux. Mi-Marocain, mi-Ivoirien, il slalome entre ses deux cultures avec une fierté viscérale. «Je viens des années 80, une époque où l'éducation conservatrice avait du bon», lance-t-il, un sourire en coin. Pas question pour lui de renier ses racines, même s'il pointe du doigt un monde contemporain qui, selon lui, «part parfois à la dérive». Son humour, puisé dans le quotidien et les discussions avec son entourage, est une ode à l'authenticité. «Je veux faire rire sans salir, sans tomber dans la vulgarité», insiste-t-il. Sur scène, face à un public vibrant, ses sketches prennent une autre dimension, loin des vidéos brutes captées au téléphone. Coco Makmak, de son vrai nom Karine Makari, transforme les anecdotes du quotidien en missiles d'esprit. «Mes sketches, c'est la vie des autres, leurs histoires, leurs galères, que je triture avec bienveillance», confie-t-elle. Son autodérision, arme fatale, fait mouche sans jamais blesser. Sur Instagram, elle dégaine ses vannes via son smartphone, mais la scène, elle, est un autre terrain de jeu. «Le public, c'est une énergie qui te pousse à réinventer ton texte en direct», explique-t-elle. Familial, son humour tisse un lien fédérateur, où chacun se reconnaît dans un éclat de rire. Meryem Benoua, elle, voit l'humour comme un sésame pour tout dire, tout explorer, sans jamais franchir la ligne rouge de la méchanceté. «L'art, c'est ouvrir les esprits par le rire», martèle-t-elle. Ses sketches naissent de son vécu, d'un moment partagé avec des amis ou d'une idée brute qu'elle polit jusqu'à la perfection. «J'écris dès que je ressens quelque chose de fort», avoue-t-elle. Sur scène, sa présence électrise, son regard complice embarque le public dans un voyage où l'intelligence et la dérision font bon ménage. La veille, un gala arabophone en apéritif explosif Hier, 29 mai, le gala arabophone a donné le ton. Hanane Fadili, tornade satirique, a pulvérisé les puissants avec un rictus narquois. Ghita Kitane, orthophoniste le jour, comique la nuit, a jonglé entre finesse et culot. Oussama Ramzi, empereur du sarcasme, a fait plier la salle, tandis que le duo Driss et Mehdi, à l'alchimie explosive, a enchaîné les vannes comme des directs au menton. Simo Sedraty, Said & Wadie, Fatih Mohammed et Ayoub Idri ont complété ce casting détonant, prouvant que l'humour marocain, riche de son oralité, ne craint ni l'audace ni l'exigence. Ghita Kitane, par exemple, construit ses personnages avec une minutie d'orfèvre. «Je les incarne d'abord dans ma tête, puis je peaufine devant un miroir», explique-t-elle. Driss et Mehdi, eux, misent sur la comédie de situation : «La vanne, c'est la cerise, mais la situation doit déjà faire rire». Quant à Oussama Ramzi, il cherche l'universel dans le personnel : « Je parle de ce qui me touche, mais je veux que le public s'y retrouve». Rire et grandir Derrière ce festival, Myriam Bouayad et Saad Lahjouji Idrissi orchestrent un événement qui va au-delà du simple divertissement. «La culture marocaine, c'est une oralité vibrante, une exigence du rire», souligne Myriam. Comediablanca n'est pas qu'un gala : c'est une rampe de lancement pour les jeunes talents, un espace où les humoristes confirmés côtoient les étoiles montantes. «On veut leur donner une scène, un public, une chance que les réseaux sociaux ne suffisent pas toujours à offrir», ajoute-t-elle. Saad, lui, savoure le succès grandissant du festival : «8 000 places presque écoulées cette année, des spectateurs du monde entier. Ça montre l'appétit pour l'humour et la culture marocaine». Amir Rouani, directeur artistique, insiste sur l'importance de la mise en scène, souvent reléguée au second plan. «C'est le squelette du spectacle» affirme-t-il. Sa vision, qui mêle esthétique rétro et énergie contemporaine, donne à Comediablanca une identité unique, ancrée dans la culture marocaine tout en s'ouvrant au monde. Amir Rouani, réalisateur de formation, ne transige pas : un bon spectacle repose sur une direction artistique soignée. «Trop de festivals négligent la mise en scène, alors qu'elle est essentielle pour sublimer les artistes», explique-t-il. À Comediablanca, il imagine des concepts, orchestre les transitions et donne vie à une scénographie qui célèbre la culture marocaine. Un travail de l'ombre qui fait briller la scène.