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Festival du cinéma de Venise : Faouzi Bensaidi à la Mostra !
Publié dans Les ECO le 31 - 07 - 2017

Habitué des festivals du monde entier, Faouzi Bensaidi représentera le Maroc à la Mostra de Venise du 30 août au 9 septembre avec son dernier cru : Volubilis. Rencontre avec un réalisateur, capteur d'âmes.
Une noirceur qui le rend lumineux, un supplément d'âme grâce à laquelle il voit des choses que le commun des mortels ne peut pas voir, Faouzi Bensaidi va puiser dans le fond, dans le faux et dans le vrai, dans le chaos, dans le beau, dans l'horreur pour donner naissance à des fresques parfois linéaires et parfois décousues, selon les envies et les besoin du moment, selon l'idée qu'il se fait de son film. «Il y a des films qui ressemblent à des pièces de théâtre, à des romans mais ce ne sont pas des films. Comment trouver une idée de cinéma ? C'est cela faire un film. Toutes les idées ne sont pas des idées de cinéma ! C'est le souci au Maroc, des fois des gens ont de belles idées de producteurs, de chefs opérateurs, de monteurs, d'acteurs, de photographes, de romanciers et c'est très beau, mais les gens viennent avec des idées qui ne sont pas des idées de cinéma. Ce n'est ni bien ni mauvais. Ce n'est pas grave si on n'est pas réalisateur. Il nous manque des métiers comme scénaristes, producteurs, critiques de cinéma. Ce sont de beaux métiers», lance d'emblée le réalisateur marocain qui vient de décrocher un ticket pour Venise. Son dernier opus «Volubilis» est sélectionné dans la catégorie «Venice Days» et sera le reflet du cinéma marocain dans le monde du 30 août au 9 septembre. C'est l'histoire d'Abdelkader, vigile joué par Mouhcine Malzi, et Malika, employée de maison campée par Nadia Kounda qui viennent de se marier et qui sont fous amoureux. Malgré des problèmes d'argent, ils rêvent d'emménager ensemble et de vivre leur amour. Un jour Abdelkader va vivre un épisode d'une grande violence, une humiliation qui va chambouler leur destin.
Un film dans la continuité de «Mort à vendre»
Lorsque l'on connaît l'œuvre de Faouzi Bensaidi, on ne peut s'empêcher de se poser la question suivante : va-t-il opter pour le film construit et linéaire à la «Mort à vendre» ou plutôt un film concept, décousu comme «What a wonderful world». La réponse est claire : Le film est plus dans la suite de «Mort à vendre», c'est beaucoup plus linéaire et construit. Il s'agit d'une histoire que l'on suit du début à la fin, avec une dimension lyrique, un travail dans le mélodrame et le classique dans ce qu'il peut avoir de beau. Un beau sublimé par une touche musicale dont le réalisateur est fier, celle du compositeur à succès Michaël Galasso.
Le compositeur, chef d'orchestre et un violoniste américain de «In the mood for love», qui a obtenu le César de la meilleure musique écrite pour le film Séraphine en 2009. Une partition sûrement post moderne et poignante qui saura mettre en valeur la mise en scène élégante et poétique de Bensaidi, qui raconte cette histoire d'amour dégradée par la violence du monde qui nous entoure. «Lui est vigile et elle est femme de ménage, ils s'aiment d'un amour romantique et magnifique. Un amour qui est comme cette fleur de Volubilis, qui est née de nulle part, c'est un bel amour. Ils se marient mais continuent à vivre chacun chez leur parent, c'est terrible. Ils n'arrivent pas à avoir un toit pour eux. Cet intime est violemment occupé par cette réalité aujourd'hui du monde. Petit à petit, cet amour se désintègre devant nos yeux. Que peut sauver l'amour ? Est-ce qu'il peut résister aux pressions sociales et économiques ? Tout le film est parti de là...». Partir de là, de ce constat, de cette réalité d'aujourd'hui et la confronter à la réalité d'autrefois, au passé, à la nostalgie. Bensaidi sait brouiller les pistes et créer des tourbillons d'émotion. Après avoir filmé Casablanca, Tétouan, il revient à la ville natale en faisant jouer Meknès. «Tourner un film totalement à Meknès, c'est quelque chose que j'ai fais pour la première fois. J'ai filmé à Meknès une partie de la Falaise, mais là c'était un retour total. Chaque film est l'occasion de visiter une ville, un peu. C'est vrai. J'aime beaucoup quand les villes et les espaces en général, existent, respirent, apportent des choses nouvelles à l'histoire et aux personnages». Le metteur en scène joue sur cette interaction entre les villes et les personnages, ce qu'elles peuvent dégager comme personnalité. Un exercice qui semble l'intriguer et beaucoup l'inspirer. «On ne filme pas toutes les villes de la même manière, comme on ne filme pas tous les comédiens de la même manière. Il y a un regard à porter sur chaque ville, comme il y a un regard à porter sur chaque comédien», avoue celui qui confie avec beaucoup d'émotion que le retour aux sources n'a pas été facile. Faouzi Bensaidi s'est confronté au rapport aux parents, aux origines, un rapport, selon lui, fait de passions, de souvenirs heureux, de douleurs, de premières fois, de fois magnifiques, de fois difficiles, de premiers balbutiements. «Ce n'était pas simple pour moi ! Il y a des endroits que j'ai filmé qui sont traversés par des émotions, qui sont traversés par des souvenirs. Ça fait étrange. Mettre les personnages de son film sur le chemin de son école. C'est à la fois merveilleux et troublant. Le film a été nourri à la fois de choses qui je contrôle et qui me dépassent» pourtant ce film n'est pas lié à la ville.
Le réalisateur a confié que l'idée de tourner à Meknès est venu plus tard. L'idée du film est née d'observations sur la vie qui l'entoure, de cette mondialisation, la multiplication des centres commerciaux au Maroc avec cette naissance de nouveaux métiers comme les vigiles. Le réalisateur est interpellé par ce rapport à l'uniforme, le rapport de l'autorité, au pouvoir, cette idée de ce qu'on est, ce que l'ont devient, ce que l'on représente pour les autres. «D'autant plus qu'on a grandi dans une société où l'on avait du respect pour le postier parce qu'il avait l'uniforme», précise Faouzi Bensaidi : «J'avais entendu des histoires comme cela, de gens qui se donnaient le droit de donner des ordres parce qu'ils ont ce costume sur eux. C'est parti de ces constatations là. Il y a aussi l'arrivée de la mondialisation, de la libéralisation sauvage. Ce n'est pas une réalité marocaine, c'est une réalité mondiale : cette finance qui prend le dessus sur tout et qui devient fond et forme de la vie. C'est terrifiant de voir que l'on évolue dans un monde où les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres, dans un monde où le travail n'est plus synonyme de dignité».
Une histoire chorégraphiée
Plus qu'une histoire qu'il raconte, Faouzi Bensaidi a ce don de faire danser ses acteurs même sur des thèmes durs. Il est connu pour concocter des scènes fortes, presque tirées de scènes de comédies musicales, mais en gardant cette discrétion et cette subtilité qui le caractérise. Une influence de l'enfance, un souvenir ancré en lui qui resurgit dans l'écriture et sur le lieu de tournage. «Cela vient de deux chocs esthétiques : j'ai vu très jeune et dans une salle de cinéma «West Side Story» ! Je me souviens que mes amis ont détesté. C'était un moment très fort. Je suis sorti subjugué de la salle.
Le deuxième choc, toujours dans une salle de cinéma à Meknès, où les mêmes films passaient dans les trois salles de la ville. Une fois, ils avaient décidé de passer une bobine d'une comédie musicale. Ils passaient ça tous les jours parce qu'ils n'avaient pas reçu le fameux documentaire qu'ils devaient passer. Ça m'est resté». Le plus felliniesque des réalisateurs marocains, qui semble avoir gardé un rapport privilégié avec l'enfant qu'il était, s'inspire du théâtre aussi et puise dans ces 10 ans d'expériences sur les planches. «Et puis, tout ça est aidé par un regard que je porte sur le monde qui décèle des chorégraphies là où il n'y en a pas ou là où il y en a mais que les gens ne voient pas». Des chorégraphies qui mettent en valeur son casting. Dans «Volubilis», l'histoire tourne autour de Mouhcine Malzi et Nadia Kounda entourés par Abdelhadi Taleb, Mouna Fettou, Nezha Rahil, Mohamed Choubi, Abdelhak Souilah, Jamila Charik, Fatima Atif, Hasna Moumni, Amine Ennaji, Abdelghani Sannak, Saloua Jaouhari, Mehdi El Aroubi, Rabii Benjhaile. Le réalisateur fera également une apparition dans le film. Sa sensibilité de comédien participe sûrement à sa capacité à comprendre et à mieux diriger ses acteurs. «Je crois qu'on dirige avec ce qu'on a compris de ce métier mais on dirige aussi les acteurs avec ce qu'on est et ce qu'on a vécu. Avec notre expérience de vie. Tout au long de mon chemin, cette question n'a pas cessé de me travailler. Il y a des connexions qui sont presque inexplicables. Je reprends Patrice Chéreau : «C'est comme quand on conduit une voiture, on ne peut pas expliquer exactement ce que le moteur fait à l'intérieur mais on sait qu'il y a un doigté fin qui fait faire à la voiture des choses extraordinaires», confie le cinéaste poète qui explique que la direction d'acteurs repose sur beaucoup d'intuition, d'instinct. «J'ai un amour fort pour les comédiens et le courage. C'est eux qui s'exposent le plus, qui offrent leurs âmes. Nous, les réalisateurs, nous sommes derrière et nous sommes ces voleurs d'âmes en quelque sorte. Ce que les acteurs nous laissent faire est d'une générosité et d'un dévouement inouïs», et ses acteurs lui rendent toujours bien. Son premier long-métrage après des années de mise en scène sur les planches : «La Falaise», est récompensé lors de plusieurs festivals.
En 2003, le lauréat du Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris participe à Cannes pour la deuxième fois avec son film «Mille mois», qui fait partie de la sélection de films «Un certain regard» lors du 56e festival. En 2013, il reçoit le Valois de la mise en scène au 6e Festival du film francophone d'Angoulême 2013 pour son film «Mort à vendre». Sa participation à la Mostra de Venise est une continuité pour le réalisateur qui se demande ce qu'il pourrait léguer au cinéma, toujours sans prétention. «Les films servent pour un moment, suivent et meurent avec une certaine actualité, ou reflètent une réalité locale, ce sont des choses qu'on ne contrôle pas forcément», confie celui qui fait des films au Maroc, sur les Marocains, donc sur lui-même et bien sûr sur les autres. Celui qui soutient que «Moi, c'est les autres et les autres c'est moi», ne cherche pas absolument la marocanité puisqu'elle est en lui de toute façon. Elle coule de source. Il ne fait pas des films sur des Marocains mais sur des humains avant tout. Il se laisse appartenir à des gens, à des moments, à des endroits du monde. «Cela vient sûrement du fait que ma famille vient du nord et que j'habitais à Meknès. Il y a aussi une envie, ce qui m'intéresse c'est le cinéma en lui-même, comment dire des choses avec le langage du cinéma. Les films sont portés par des langages cinématographiques, par un désir de cinéma. Je parle une langue, qui j'espère, parle au monde».


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