Le plus grand compteur sectoriel du royaume est en marche. C'est à partir des locaux de «son» ministère - jusqu'à présent- qu'Ahmed Réda Chami a présenté, lundi, les observatoires marocains de l'industrie, des TIC ainsi que du commerce et de la distribution. Il s'agit, en une phrase, d'une plateforme géante de veille et de statistiques dédiée à chacun de ces secteurs de l'économie marocaine. Dans le détail du concept, ce sont «des outils d'aide à la prise de décision au service des décideurs publics et privés, à travers la collecte et la production de données statistiques et d'indicateurs de suivi pertinents», comme l'a décrit le ministre de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies. Autrement dit, un dispositif de «mesure» des avancées des stratégies lancées autour de ces trois mêmes secteurs. L'Observatoire marocain de l'industrie (OMI) se donne en l'occurrence la mission d'assurer la veille par rapport aux changements survenus dans un environnement économique, commercial et industriel. Il devrait fonctionner sur la base d'un regroupement de données sur le secteur industriel, à partir de plusieurs sources de production statistiques. Celles-ci sont notamment constituées d'enquêtes annuelles sur les industries de transformation, sur le suivi de l'investissement et celles menées sur la conjoncture industrielle, traditionnellement opérées par certains organes du secteur public. Visibilité dégagée Pour ce faire, d'ailleurs, «plusieurs conventions de partenariat ont été conclues avec autant de structures», selon Chami, allant de la Caisse nationale de sécurité sociale à l'Office des changes, en passant par la Direction générale des impôts et l'Office marocain de la protection industrielle et commerciale. Le plus ? L'OMI comporte un système d'information géographique (SIG), une sorte de cartographie industrielle, qui permet à l'investisseur potentiel de choisir une zone industrielle d'implantation, ou de comparer les opportunités de différentes régions du royaume. À cela s'ajoute «l'Annuaire des industriels», qui devrait évidemment permettre la recherche de partenaires, favoriser les collaborations entre industriels, par le biais de l'auto-référencement. Dans le secteur des technologies de l'information, l'OMTIC (Observatoire marocain des technologies de l'information et de la comunication) devrait jouer le même rôle de passerelle de suivi en ligne des évolutions de ce secteur, et par extension de Maroc Numeric 2013. Ses missions seront de collecter et de produire des indicateurs et des diagnostics annuels des TIC, et d'assurer parallèlement une veille sur les tendances du secteur, promouvant l'innovation. L'OMTIC sera alimenté en bases de données couvrant les thèmes de l'«accès et infrastructure, l'usage des TIC dans les entreprises et les ménages, ainsi que des indicateurs chiffrés et actualisés sur «l'économie TIC, E-gov et éducation». Cela devrait être accompagné d'une plateforme d'enquête sectorielle, ainsi que d'un dispositif de veille. Pour l'Observatoire marocain du commerce et de la distribution (OMCD), c'est le programme Rawaj qui passe à la loupe. L'idée est en effet d'avoir une idée sur les retombées de cette stratégie, en assurant les mêmes missions que les plateformes précédemment décrites. Les particularités ? «C'est notamment la possibilité offerte de suivi des prix d'un panier de produits mis sur le marché intérieur, ainsi que la confection d'indices», explique ce cadre du ministère. À titre indicatif, ces trois observatoires sont accessibles à partir du portail officiel nouvellement rénové du ministère de tutelle. Si le coût de l'opération est jalousement gardé, le message à retenir, lui, est clair: une nouvelle ère démarre pour la veille sectorielle... Point de vue Ahmed Réda Chami, Ministre de l'industrie, du commerce et des nouvelles technologies. «Les stratégies de développement que nous sommes en train de mettre en œuvre doivent être mesurées, parce que l'on ne peut respecter que ce que l'on peut évaluer. Il s'agit ici de créer ces plateformes de regroupement d'une agrégation de données qui viendraient de plusieurs acteurs et partenaires du ministère. Pour ce qui est du processus de conception de ces observatoires, nous sommes partis d'un état des lieux et avons ensuite établi une étude de benchmark sur ce qui se fait dans d'autres pays au niveau d'industrialisation comparable à celui du Maroc. Cela nous a permis de prendre davantage conscience de l'importance de l'information en tant que facteur de compétitivité des entreprises et de l'économie. Il est tout aussi capital d'en disposer dans le processus de prise de décisions. Nous sommes donc finalement aujourd'hui en mesure de publier des données fiables sur ces trois secteurs, qui seront des outils d'aide à la prise de décisions stratégiques. En d'autres termes, nous voulons éviter de conduire avec les yeux fermés».