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De la citoyenneté à la "Netoyenneté"
Publié dans Les ECO le 10 - 05 - 2019

La culture de la participation citoyenne étant nouvelle au Maroc, son observation nécessite d'adopter une méthodologie qualitative pour mieux appréhender la nature de la participation des jeunes. Une telle approche permettra d'analyser le passage d'une «citoyenneté» de jure vers une «Netoyenneté» de facto à travers laquelle la participation à la chose publique se vit par le truchement de la revendication citoyenne sur le net et les réseaux sociaux. La transition de la citoyenneté vers la «Netoyenneté » est d'abord une transition d'un mode réel (refoulé, fermé et hostile) vers un mode virtuel (éclaté, généreux et accueillant).
À cet égard, la participation citoyenne occasionnelle et sporadique se transforme en une action pédagogique de veille, de vigilance, de censure et en une présence virtuelle, revendicative, continue et permanente. Partant, la citoyenneté au Maroc se construit virtuellement, elle est refoulée dans la réalité et transparaît dans le virtuel à travers des expressions de patriotisme comme celle du groupe «Forces de défense marocaines» ou à travers des mobilisations comme celle de l'Appel du 13 avril pour l'application de l'article 19 via le podcast «Coalition civile pour l'application de l'article 19». Il faut noter que cette nouvelle forme de participation citoyenne est déterritorialisée et polyphonique. Les inter-actants marocains refl ètent et appartiennent à des territoires différents et variés (localités marocaines, européennes, américaines, asiatiques, australiennes, africaines…). Elle s'appuie sur une interaction et une expression plurilingue, reconnaissance des diversités linguistique et culturelle des participants (recours à l'arabe, à l'amazigh, au français, à l'espagnol et à l'anglais).
Par ailleurs, cette nouvelle forme de participation citoyenne a induit un autre débat: celui de la citoyenneté plurielle. Ce concept de «citoyenneté plurielle» fait référence à une situation juridique dans laquelle des individus sont citoyens de plus d'un Etat ou corps organisé. Ainsi, ces citoyens sont détenteurs de plus de droits et de devoirs à l'égard de leur pays d'accueil, et plus seulement à l'égard de leur seul Etat d'origine. Il serait pertinent d'élaborer des enquêtes qualitatives auprès des «Marocains du monde» pour appréhender leur prédisposition à participer à la vie citoyenne de leur pays d'origine compte tenu de leur vécu «étranger» en termes de citoyenneté. Pour appréhender les perspectives et l'avenir de la participation citoyenne au Maroc, le questionnement sur le développement demeure nécessaire, d'autant plus que la nature et la qualité de la participation dépendent du «design» et du modèle de développement voulu, à savoir un développement «hard» et matériel visant à atteindre et satisfaire les valeurs et les besoins matériaux (santé, emploi, éducation...) et/ ou un développement «soft» et post-moderne aspirant à incarner les valeurs post-matérialistes (parité/ liberté de conscience/droits linguistiques et culturels, droits individuels, et donner plus de place au patrimoine immatériel dans les programmes et les processus de développement…). La politique publique dans le champ du développement façonne les mode de revendication citoyenne envisagés (plaidoyer matérialiste vs plaidoyer post-matérialiste).
En outre, la création d'un environnement favorable à la société civile contribuera à distinguer les participations civiles organisées des revendications citoyennes individuelles et collectives non organisées. Ces dernières, spontanées et non organisées, ont conduit à l'émergence d'un nouveau paradigme conceptuel cadrant et régulant la participation citoyenne tels que celui de «lhogra» (injustice sociale, mépris, snobisme de l'Etat et des autorités), celui des droits linguistiques et culturels, celui de l'équité sociale, celui de la marginalisation territoriale, celui des revendications socio- économiques, celui du partage des ressources naturelles, celui des fractures sociales ([3ayyacha] / [A7rar]) …. Ce qui suppose un changement de degré et de nature de la participation, selon que cette dernière est citoyenne ou civile. Toutefois, il demeure important de poser de manière claire et concertée les termes de cette revendication citoyenne, notamment en adoptant un code de bonne conduite. Il y a également lieu de remarquer, dans le cas du Maroc, qu'une bonne implantation de la participation citoyenne dépend de l'accès -ou non- de la population à l'information et aux outils pour avoir l'information, un droit consacré dans la Constitution de 2011, article 27: «Les citoyennes et les citoyens ont le droit d'accéder à l'information détenue par l'administration publique, les institutions élues et les organismes investis d'une mission de service public». Cette condition est intimement liée à la nature de la relation entre population, société civile et Etat. La participation implique aussi des interlocuteurs, dans le sens où l'interlocuteur est un représentant fort et légitime, un porte-voix. C'est pour cette raison que dans le cas du Mouvement du 20 février, il n'y avait pas de dialogue direct entre l'Etat et le mouvement puisqu'il y avait une pluralité d'interlocuteurs. De ce fait, la pédagogie du dialogue suppose aussi la prise en compte de l'émergence d'espaces parallèles via les réseaux sociaux moyennant une «imagéologie virtuelle» au sein de laquelle se sont construits les positionnements des différents interlocuteurs vis-à-vis du principe de la citoyenneté. Récemment encore, si on voulait débattre de la pratique de la mobilisation comme relent et vecteur de la participation citoyenne, il était essentiel d'émettre le constat selon lequel la mobilisation citoyenne était foncièrement virtuelle. Cela montre qu'on est en phase de «transition participative »: de la participation réelle (participation classique), on s'achemine vers la participation virtuelle (e-participation). Ces modalités peuvent comprendre un spectre d'apprentissage qui s'étend de la co-construction à l'entérinement des décisions politiques, en passant par le partenariat, la co-production des politiques publiques, la coopération, la confl ictualité, la confrontation, la protestation, et la contestation. En témoignent les slogans et les chansons des Ultras, les marches, les sit-in en cours à Rabat et ailleurs… De ce point de vue, la démocratie participative peut être conçue comme une manière de requalifi er l'espace public marocain de sorte à élargir le dialogue citoyen «multipolaire».
Saïd Bennis
Sociologue, Université Mohammed V de Rabat


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