L'impopularité de Barack Obama au sein de l'opinion publique arabe ne cesse de croître. En juin dernier déjà, un sondage de l'institut Gallup faisait état de la chute de la popularité du président américain dans le monde musulman avec un taux aussi bas que celui de Georges Bush. Voilà qu'un récent sondage réalisé, cette fois, par le Centre Saban de la Brookings Institution en collaboration avec l'institut de sondage Zogby International et l'Université du Maryland vient enfoncer le clou, relevant une opinion largement en défaveur du président et de la politique étrangère américaine. Six pays du monde arabe à prédominance musulmane ont servi d'échantillon à cette étude réalisée au début du mois de juillet 2010. Il s'agit du Maroc, de l'Egypte, de l'Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, du Liban et de la Jordanie. Relativement à la perception de la personnalité de Barack Obama, 62% des personnes interrogées ont émis une opinion défavorable contre 23% en 2009; et seulement 20% des sondés ont affirmé avoir une attitude positive à l'endroit du président américain contre 45% en 2009. Un désenchantement qui rejoint celui de la politique étrangère américaine pour laquelle 63% de l'opinion s'est dit découragée contre 15% l'année dernière alors que seulement 16% ont fait part de leur optimisme contre 51%, il y a juste un an. Les raisons de cette disgrâce spectaculaire sont essentiellement liées à la mauvaise gestion du conflit israélo-palestinien qui recueille 61% des avis, face à la guerre en Irak avec 27% et l'attitude des Etats-Unis envers l'Islam avec 5%. En effet, parmi les facteurs considérés comme sujets majeurs de cette politique au Moyen-Orient, la protection d'Israël vient en tête avec 49%, suivie du contrôle des gisements pétroliers avec 45% et l'affaiblissement du monde musulman avec 33% des avis. Relativement à ce qui pourrait améliorer les avis, les réponses s'accordent avec les résultats obtenus ci-haut. Il s'agit respectivement de l'accord de paix israélo-palestinien (54%), du retrait de l'Irak (45%) et de l'arrêt de l'aide à Israël (43 %). Le sondage a également relevé une évolution de l'opinion arabe par rapport au conflit israélo-palestinien. En effet, contrairement au préjugé selon lequel les musulmans arabes seraient favorables à la destruction d'Israël indépendamment d'un accord de paix, il ressort des données que 86% de l'opinion serait favorable à la paix si Israël retourne sur ses territoires de 1967, tandis que seulement 12% estiment que les Arabes devraient continuer à combattre Israël, même si cela se produit. Relativement à l'éventualité d'une arme nucléaire iranienne, une nette majorité pense que l'Iran a le droit de développer la technologie nucléaire et même que le Moyen-Orient serait meilleur si l'Iran acquiert des armes nucléaires (57%). Pour ce qui est des personnalités les plus admirés au monde, l'opinion publique arabe jette son dévolu sur le premier ministre turque Recep Erdgoan (20%), le président vénézuélien Hugo Chavez (13%) et 12% ont cité le président iranien Mahmoud Amedinajad tandis que le coryphée du Hezbollah Hassan Nasrallah et Oussama ben Laden ont été respectivement nommés par 9% et 6%. Pour ce qui est des pays en dehors de la région qui jouent un rôle positif dans le Moyen-Orient, les Etats-Unis tombe en bas de la liste (avec 6%), derrière la France qui s'affiche en tête du classement, suivie des pays comme la Chine, la Turquie ou l'Arabie saoudite. Parmi les pays affichés comme représentant la plus grande menace pour la région, les résultats sont sans appel : Israël et les Etats-Unis arrivent en tête comme les deux dernières années avec respectivement 88% et 77% des avis, avec toutefois un nouveau venu cette année; l'Algérie affichée avec 10% des avis devant l'Iran, la Chine ou la Syrie.