Najib Akesbi, Economiste et professeur à l'Institut Hassan II d'agronomie. Les Echos quotidien : Les signes d'une mauvaise campagne agricole auront-ils un impact majeur sur les prévisions de croissance ? Najib Akesbi : Ce qui est important à souligner, c'est qu'aujourd'hui, le Maroc dispose de beaucoup de petits agriculteurs qui sont plus orientés vers les services à faible valeur ajoutée et plus dépendants de la pluviométrie. C'est ce qui fait que la faiblesse de cette dernière impacte directement les prévisions de croissance, même si on ne dispose pas encore de son coût actuel. Comment le Maroc pourrait-il réduire sa dépendance à ces événements naturels, qui influent lourdement sur le secteur agricole ? Il faudrait pour cela mettre en place des mesures d'accompagnement en faveur des agriculteurs, notamment en poussant les petits agriculteurs à mutualiser leurs services, à travers des coopératives. Parallèlement, il faudrait également améliorer la logistique et le circuit de distribution, de manière à assurer une meilleure distribution des revenus aux producteurs et de limiter la prépondérance des intermédiaires dans le processus. Un autre aspect sur lequel il faudrait aussi multiplier les efforts, c'est l'utilisation des NTIC, pour mieux informer les agriculteurs. À ce niveau, un projet pilote que nous venons de mener s'est avéré très concluant en matière d'information pour les producteurs. Le gouvernement a mis en place, dernièrement, des mesures destinées à limiter l'impact de ces risques, notamment l'assurance multirisques, qui est entrée en service cette année. Cela s'inscrit-il dans ce cadre ? Les assurances, c'est toujours un plus, mais il va falloir beaucoup plus, notamment la couverture sociale pour les petits agriculteurs. À mon avis, si on veut avoir des résultats probants, il faudrait miser plus sur la culture bio et aussi étendre les surfaces réservées aux cultures irriguées, surtout que le Maroc dispose d'importants barrages, dont on ne profite pas vraiment.