Capital Consulting n'a pas rendu que du constat aux services du département de l'Agriculture, en fin de semaine dernière. Eric Pradel, le directeur associé du cabinet, a aussi procédé au balisage des principales options d'assurance à envisager à terme, au-delà de l'étape d'inventorisation des principaux risques agricoles. Trois pistes ont été dégagées, dont la plus directe semble l'assurance multirisque pour les filières végétales. Cette dernière devrait en effet offrir l'avantage de mutualiser un ensemble de risques et s'inscrire, par ailleurs, dans un projet de réforme de la garantie sécheresse actuelle. Il faut dire, au passage, que celle-ci est bien défectueuse et peu adaptée à la fréquence accrue des déficits pluviométriques des dernières années. Parmi les points handicapant la bonne marche de ce type d'assurance, figurent en effet «la complexité de la mise en œuvre, le retard dans les procédures d'indemnisation, le faible taux d'immatriculations des parcelles, et des niveaux de garantie insuffisants», cite Pradel. L'assurance paramétrique ou indicielle est la deuxième option d'instrument assureur proposée par le prestataire privé. Elle permettrait de réduire les charges d'évaluation des sinistres en se basant sur la réalisation d'un événement et non sur les pertes réelles. D'autre part, le département de l'Agriculture a également reçu la proposition d'étendre la couverture de l'assurance bétail à d'autres risques d'importance, comme les risques climatiques ou certaines maladies. Par ailleurs, l'ensemble de ces pistes devraient être approfondies dans la troisième phase de l'étude en question, et «nécessiteront d'entrer dans le détail des données existantes qui seront modélisées pour concevoir les produits d'assurance correspondants», projette ce responsable à la tutelle ministérielle. Ainsi, si les deux premières étapes qui portaient sur le diagnostic de l'existant en termes d'assurance agricole viennent d'être livrées (voir Les Echos quotidien daté du 19 août), les prochaines devront s'appesantir sur les conditions et pré-requis ainsi que sur l'organisation relative à la mise en place du système d'assurance agricole. «Sécheressophobie» Pour rappel, la sécheresse a été identifiée comme le risque le plus important auquel les exploitants agricoles sont confrontés. Elle représenterait, selon l'étude de Capital Consulting, 41% des expositions des chiffres d'affaires toutes filières confondues, suivie par les maladies ravageurs (21%), puis le chergui (10%) et les hautes températures (8%). Par conséquent, «l'assurance sécheresse et l'assurance multirisque ressortent en tête des couvertures demandées par les agriculteurs pour la prochaine campagne agricole», selon les résultats de la même étude. Cela résume bien les impératifs sur lesquels le département de l'Agriculture devra potasser pour limiter les dégâts sur les prochaines échéances agricoles. De fait, 23% des opérateurs agricoles sondés projettent de se couvrir via l'assurance sécheresse, là où 17% pourraient potentiellement cotiser dans une assurance multi-péril, en couvrant un ensemble de risques en même temps. Capital Consulting a également fait passer au scanner les interventions de l'Etat dans le cadre de la gestion des risques agricoles. Il est en effet noté une forte présence des instruments subventionnés par l'Etat face aux risques climatiques et sanitaires pour l'ensemble des filières. Parmi ces instruments, ceux de traitement post-dommages représentent 55% des aides de l'Etat. Concernant la garantie sécheresse, l'étude positionne le Maroc dans la même catégorie d'économies que le Népal, le Malawi, la Mongolie et les Philippines, caractérisée par un faible niveau d'assurance agricole, en dépit de la forte contribution du secteur primaire au PIB national. Les trois défis d'Akhannouch La réduction de la vulnérabilité des petits agriculteurs face aux risques agricoles est placée en tête des priorités aux yeux d'Aziz Akhannouch. Une priorité qui découle logiquement des mesures annoncées par la tutelle pour le développement de la petite agriculture, en marge des dernières Assises de l'agriculture à Meknès. Par ailleurs, le département de l'Agriculture vise aussi, à travers la nouvelle stratégie de gestion des risques agricoles dont le bilan d'étape du processus de conception vient d'être décliné, une large «promotion et sécurisation de l'investissement agricole». En troisième et dernier lieu, l'orientation du soutien public vers des instruments permettant une meilleure gestion des risques agricoles est aussi parmi ces objectifs.