À quoi jouent les ministres du PJD ? L'annonce par le ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres, Lahcen Daoudi, de l'abandon du principe de gratuité dans les universités a eu l'effet d'une bombe, à la veille de la rentrée scolaire, mais plus déstabilisante encore est la contre-déclaration de Mustapha El Khalfi, porte-parole du gouvernement, qui affirmait en fin de semaine dernière que rien n'était encore décidé et que l'idée en était à peine au stade de la proposition. Ce n'est pas la première fois que les ministres PJDistes s'empressent d'annoncer des réformes impopulaires, comme pour tester la réaction de la rue avant que le chef de gouvernement ou un autre ministre du parti de la lampe ne «recadre» le débat, si cela s'annonce mal. Daoudi pense-t-il vraiment ce qu'il dit en avançant que les riches profitent du système et que leurs enfants suivent leurs études dans les universités marocaines ? Venant d'un enseignant, c'est vraiment surprenant ! Daoudi sait pertinemment que cette catégorie sociale place ses enfants dans les écoles et lycées des missions avant de les envoyer à l'étranger pour leurs licences et autres masters payés au prix fort. À moins qu'il ne s'agisse de schizophrénie politique, la malheureuse sortie médiatique du ministre n'a donc d'autre explication que celle d'une tactique politique pour mesurer les lignes rouges de la société et éviter toute décision précipitée qui pourrait entacher la réputation du parti en période pré-électorale. En tout cas, Daoudi doit savoir que trop de réformes tuent les réformes et que ce petit jeu de déclaration et de contre-déclaration érode l'image du parti et sa crédibilité.