Les responsables et professionnels espagnols du secteur de la pêche ont une dent contre la commission européenne de pêche. Outre le retard dans la conclusion d'un nouvel accord avec le Maroc, la CE vient de parapher, jeudi dernier, un pacte avec la Mauritanie, qui ne fait pas que des heureux. Au moment où professionnels et responsables ibériques appellent de leurs vœux l'accélération du processus de négociations entre le Maroc et l'Espagne, le département géré par la commissaire européenne à la pêche, Maria Damanaki, vient de les gratifier d'un traité vivement critiqué par la filière espagnole. Dans un communiqué diffusé lundi, le ministère espagnol de l'Agriculture a exprimé son mécontentement face aux termes de cet accord qui interdit la pêche de céphalopodes et impose de nouvelles conditions pour la capture des crustacés. Des mesures considérées comme peu rentables pour les armateurs espagnols. Une chose est sûre, l'UE a cédé àla pression des négociateurs mauritaniens, au moment où elle montre les dents à la table des négociations maroco-européennes. Preuve en est, l'UE a revu à la hausse la contrepartie financière dans cet accord mauritano-européen. Il est prévu que la Mauritanie touche environ 100 millions d'euros annuellement. Certes, le nouvel accord attribuera davantage de licences, ce qui laisse entrevoir la volonté de l'UE de réduire la flotte européenne dans les pêcheries marocaines lors du prochain pacte. D'ailleurs Maria Damanaki avait évoqué l'intention de son département de réduire le nombre des licences concernant le protocole avec le Maroc. Ce qui implique, de facto, l'effritement de la contrepartie financière, déjà dérisoire, surtout si on la compare avec celle d'autres traités similaires. Lors du précédent accord, la Mauritanie recevait annuellement 76,25 millions d'euros en échange de 110 licences, au moment où le Maroc percevait à peine 36,1 millions d'euros contre 119 licences attribuées à la flotte européenne. De ce fait, la Mauritanie a su tirer profit du contexte très particulier et très sensible que vivait la commission européenne pour faire entendre sa voix. Cette dernière ne pouvait se permettre de faire saborder un autre accord. Chose que les négociateurs mauritaniens ont saisi au vol. Ils ont ainsi pu obtenir gain de cause sur plusieurs points comme le débarquement de la totalité des captures dans leurs ports, chose que le Maroc n'a jamais réussi à imposer à son partenaire européen. De surcroît, la Mauritanie a exigé des conditions drastiques comme le fait que l'équipage de l'embarcation soit composé à hauteur de 60% de marins mauritaniens et le ravitaillement en carburant par un fournisseur mauritanien. L'UE avait exprimé, dans un premier temps, le refus des conditions imposées par la Mauritanie mais a fini par céder. Ce qui laisse dire au département espagnol de pêche que les motifs de la reconduction de cet accord sont loin d'être liés à l'activité. La Confédération espagnole de pêche, CEPESCA a jugé le traité «décevant et pas du tout viable», le considérant comme le plus onéreux des traités conclus avec un pays tiers en matière de pêche.