Après les pharmaciens et les laboratoires pharmaceutiques, le troisième coup de force sera celui des médecins de la santé publique. Ces derniers déclarent officiellement la guerre à leur ministre de tutelle, El Hossein El Ouardi, jadis un des leurs. L'étau se resserre donc autour du chef du département de la Santé qui devra faire face à de nombreuses revendications. À l'occasion d'une marche de contestation organisée hier devant la direction de l'hôpital du 20 août à Casablanca, internes et résidents ont scandé les mêmes slogans, rappelant clairement ceux de l'année dernière (www.lesechos.ma). Des pancartes exposant les contestations suivantes «Garde=0DH», «Nous voulons nos salaires» ou encore «CHU: Centre d'humiliation et d'usures» témoignent alors de la situation critique que traverse le corps médical du secteur public. Ce malaise avait été relevé l'année dernière presque à la même période, donnant lieu à un compromis matérialisé par un accord signé entre les médecins et la ministre sortante, Yasmina Baddou. «Aujourd'hui, l'arrivée du nouveau ministre a chamboulé la situation dans la mesure où ce dernier refuse totalement d'appliquer les accords signés avec son prédécesseur», explique un des médecins manifestants. En réalité, le problème semble être complexe. Une politique contestée Derrière cette mégarde se cache une décision très impopulaire du ministère de tutelle qui annonce l'obligation pour tous les médecins internistes de passer un concours d'entrée à la fonction publique à l'instar de tous les autres départements. Cette mesure rétroactive remet donc en cause tout le statut de ces praticiens qui attendent le versement de leurs salaires depuis plus de 10 mois. Pie encore, selon un des internes présents à la manifestation qui nous explique que parmi ses confrères, certains ayant perçu les deux premiers mois de salaire ont été sommés de les rembourser en totalité. De surcroît, cette nouveauté n'est dans les faits que la mesure de trop venue s'ajouter à des revendications anciennes datant de la période 2007-2011. Parmi ces revendications, les médecins requièrent la rémunération de leurs gardes et la délivrance d'une assurance maladie. Plus globalement, dans le contexte actuel et dans la «croisade aux réformes» entamée par El Hossein El Ouardi dans le secteur de la Santé, les grondes des professionnels du secteur pourraient bien constituer une véritable bombe à retardement capable de bloquer toute la stratégie du département.