«Dans les zones que nous couvrons à Casablanca, nous collectons, pour une journée normale, 1.500 à 1.600 tonnes de déchets. Avec l'Aïd, ce tonnage est multiplié par trois». Gérard Prenant, directeur général de Pizzorno environnement Maroc, avance ces chiffres pour donner un aperçu sur le travail qui attend ses équipes durant les prochains jours. «L'Aïd représente une grosse partie du travail de l'année. C'est une grande mobilisation pour nous», fait savoir Prenant, dont la société est gestionnaire de la collecte des déchets ménagers dans les communes casablancaises de Sidi Othmane, Lissasfa, Ben Msik, Sbata, Aïn Chock et Sidi Maârouf. Pour réussir cette opération, Pizzorno entend mettre en place un dispositif articulé en trois phases. La première consiste à distribuer des sacs aux ménages pour rassembler les déchets. Ensuite, ces déchets seront déposés dans des «points de regroupement», avant d'être acheminés vers des «terrains de transfert provisoire, où les camions viendront les transférer à la décharge», indique Gérard Prenant, dont la société, filiale du groupe français Pizzorno environnement, opère depuis 15 ans au Maroc. Aujourd'hui, elle se positionne à la tête des opérateurs de traitement de déchets dans le royaume. Pizzorno traite un million de tonnes de déchets par an, soit 15% de la production de la population urbaine. S'agissant de la collecte, le gestionnaire se positionne à la deuxième place, avec un tonnage calculé à 1,2 million de tonnes. Cette intense activité est stimulée par les fortes productions des zones couvertes par l'opérateur, qui sont en majorité des communes très densément peuplées, comprenant notamment des quartiers populaires. En 2012, le chiffre d'affaires de Pizzorno environnement Maroc s'est établi à 320 MDH. En 2013, l'opérateur s'inscrit dans la «continuité» et ne prévoit pas d'élargir sa zone de couverture. «Nous refusons de nous développer au Maroc tant que les communes ne nous paient pas nos arriérés», assène sèchement le directeur général de Pizzorno. Le dirigeant rappelle les dettes que les différentes communes doivent à sa structure. Montant de l'ardoise : 300 MDH. «Ces impayés ont un impact sur le bon déroulement de nos activités. Nous avons non seulement du mal à nous développer, mais nous avons aussi de sérieux problèmes à accomplir les tâches supplémentaires que les communes nous demandent d'accomplir», lance Gérard Prenant. L'opérateur espère rentrer dans ses fonds avant la fin de l'année prochaine, dans le cadre de la mise en place du Plan national de gestion des déchets urbains (PNDH). Ce plan, financé à hauteur de 200 millions d'euros (plus de 2,2MMDH) par la Banque mondiale devrait permettre d'apurer les dettes des communes envers les gestionnaires des déchets. «Nous espérons, dans ce cas, recommencer à nous développer vers 2014», prie-t-on à Pizzorno, où l'on se félicite également de l'attribution du premier Trophée marocain de la diversité dédié aux ressources humaines. «Ce prix vient récompenser l'ensemble des engagements pris par Pizzorno pour assurer le bien-être de ses salariés et le respect mutuel», explique Gérard Prenant. La filiale française, qui emploie quelque 3.000 personnes au Maroc, entend aussi être un pionner dans l'innovation. Des «jardins ouvriers» ont récemment vu le jour à proximité de la décharge d'Oum Azza, (près de Rabat). Ces parcelles agricoles sont mises à disposition des salariés les plus impliqués de l'entreprise. Chaque parcelle permet de produire des légumes pour une famille de 5 personnes. «Pour l'employé, c'est une occasion unique de pouvoir générer des revenus complémentaires directs ou indirects, en fonction de son travail. La nature restitue ce qu'on lui donne», théorise Gérard Prenant.