Alors que la région nord du Maroc s'apprête à vivre un été à haut risque, les autorités misent sur la sensibilisation directe pour prévenir les incendies de forêts. Une campagne a été lancée à Tanger, mobilisant institutions, société civile et citoyens autour d'un objectif commun : protéger le patrimoine forestier. À la veille de la saison estivale, les forêts du nord du Maroc, riches et fragiles, sont à nouveau sous surveillance. Dans un contexte climatique marqué par des épisodes de chaleur de plus en plus fréquents et intenses, l'Agence nationale des eaux et forêts (ANEF) a organisé, samedi, une journée de sensibilisation dans la forêt urbaine de Perdicaris à Tanger. Objectif : informer les usagers sur les risques d'incendie et les gestes à adopter pour les prévenir. La campagne, menée en partenariat avec le ministère de l'Intérieur et la Direction générale de la Protection civile, cible un public large : habitants des villages avoisinants, agriculteurs, associations de chasse, sportifs et simples promeneurs. Des actions de proximité au cœur des forêts La journée a débuté par une réunion de coordination entre les responsables de l'ANEF, les services de la Protection civile et des représentants associatifs, avant le lancement d'une opération de terrain. Les équipes ont sillonné la forêt de Perdicaris pour aller à la rencontre des visiteurs, distribuer des brochures pédagogiques et échanger sur les comportements à risque. Selon Othman Azaoui, directeur régional de l'ANEF à Tanger, cette initiative s'inscrit dans une série d'actions entamées dès les 21 et 22 mai dans les écoles des zones concernées. L'accent est désormais mis sur les forêts urbaines et périurbaines, lieux de promenade particulièrement exposés. «Il s'agit de sensibiliser les visiteurs et de les inciter à éviter les comportements pouvant conduire à des incendies», a-t-il déclaré. La société civile, relais essentiel sur le terrain Cette mobilisation ne se limite pas aux institutions. Redouane Loudidi, représentant de la Fédération Merchane pour le développement durable, a souligné l'importance de l'implication citoyenne. «La société civile joue un rôle fondamental aux côtés des Eaux et forêts, de la Protection civile et des autorités locales, notamment dans la sensibilisation à la préservation du domaine forestier et à la lutte contre la pollution», a-t-il affirmé. Avec 23% de sa superficie recouverte de forêts, la préfecture de Tanger-Assilah abrite une biodiversité remarquable, répartie sur trois zones d'importance écologique : le parc Perdicaris, le Cap Spartel et Tahadart. Mais cette richesse est exposée à de multiples menaces : la densité et l'inflammabilité du couvert végétal, la sécheresse des essences secondaires, l'intensité du vent, les températures élevées, ainsi que l'usage non maîtrisé de la forêt par les riverains et les visiteurs. Des moyens renforcés pour faire face au danger Pour faire face aux risques croissants d'incendies, l'ANEF a mis en place un ensemble de dispositifs de prévention et d'intervention. Ces efforts se traduisent par l'aménagement de 189 kilomètres de sentiers forestiers destinés à faciliter l'accès aux zones sensibles, la mise en place de 26,6 kilomètres de pare-feux, la construction de cinq miradors de surveillance, ainsi que l'équipement de dix points d'eau. Par ailleurs, trois véhicules de première intervention ont été acquis, en plus de plusieurs centaines d'équipements légers destinés aux brigades spécialisées. Alors que les incendies de forêts gagnent en fréquence et en intensité à l'échelle mondiale, les campagnes de sensibilisation locale comme celle menée à Tanger rappellent que la prévention reste le premier rempart. Une vigilance partagée entre institutions, citoyens et société civile s'impose désormais comme une nécessité absolue. Sami Nemli / Les Inspirations ECO
