Directeur exécutif de FLM Markets L'introduction en Bourse de Cash Plus a déclenché un engouement massif, porté aussi bien par les institutionnels que par les petits porteurs. Près de 81.000 investisseurs ont tenté leur chance, poussant la demande à un niveau record et laissant beaucoup d'entre eux avec une allocation minimale. Cette ruée montre l'appétit croissant du grand public pour les IPO, mais aussi la frustration engendrée par un système de répartition jugé trop restrictif. Entre espoirs de plus-value rapide et sentiment de mise à l'écart, l'opération ravive le débat sur la place accordée aux particuliers dans le marché primaire. Un enjeu crucial alors que la Bourse de Casablanca veut attirer une nouvelle génération d'investisseurs. Dans cet entretien, Farid Mezouar, directeur exécutif de FLM Markets, revient sur cette question en analysant les causes de cette sous allocation et ses effets sur la confiance des petits porteurs. La frustration des petits porteurs qui n'ont reçu qu'un faible nombre d'actions Cash Plus vous paraît-elle légitime ? Je constate en effet que plusieurs porteurs ont été déçus de ne recevoir que 19 actions, lors de l'IPO de Cash Plus, soit à peine 3.800 dirhams sans compter les frais de courtage. Dans la plupart des cas, cet argent dormirait de toute façon. C'est presque une prime de fidélité à la Bourse de Casablanca. Si l'on additionne les différentes IPO ou augmentations de capital qui ont offert cette année de 20% à 50% de gain, cela finit par représenter, sur l'année, un petit pactole. D'autant plus que nous ne sommes plus dans les années 1990, où il fallait faire la queue en agence pour souscrire. Aujourd'hui, pour ceux qui ont accès à la souscription en ligne, tout se joue en trois ou quatre clics. De ce point de vue, je n'ai pas trop compris la frustration des petits porteurs. Les allocations limitées ne risquent-elles pas de décourager ces nouveaux investisseurs ? Je pense au contraire que le marché secondaire offre une issue à ceux qui n'ont pas été servis lors de l'introduction. Lorsqu'une action présente de bons fondamentaux et une liquidité correcte, chacun peut acheter selon ses moyens. Pour la part de l'ordre non servie, dès lors qu'il s'agit d'une épargne de long terme — et non d'un emprunt ou d'un crédit à la consommation — c'est même l'occasion de faire du stock-picking. Une partie peut être déplacée sur des opérations récentes comme SGTM, le reliquat en attente de nouvelles introductions, sachant qu'il y en a pas mal dans les tuyaux. Dans tous les cas, le rapport risque-rendement reste largement acceptable. Quel rôle devrait jouer le marché primaire pour fidéliser ces nouveaux investisseurs attirés par les introduction en bourse ? Je ne pense pas que le syndicat ait manqué de pédagogie. En revanche, le marché primaire doit, à mes yeux, être perçu comme un lieu, un mécanisme de recrutement de nouveaux investisseurs. Qui dit nouveaux investisseurs dit profils pas forcément habitués à la bourse. D'où la nécessité de faire davantage de pédagogie pour les orienter et, surtout, les fidéliser. Il ne faudrait pas qu'ils viennent uniquement pour les IPO et qu'ils repartent aussitôt. Ce qui serait souhaitable, pour la bourse comme pour eux, c'est qu'ils viennent aux IPO mais qu'ils restent ensuite présents sur le marché secondaire. Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ECO